Jean-Louis Vey, AFPS - Pal Sol n°74
Dès que la présence d’une équipe israélienne dans le Tour de France fut connue, en mars 2020, l’AFPS se mobilisait pour mettre en place une campagne d’information et d’actions destinée à dénoncer et à combattre cette grossière opération de propagande. Les objectifs affichés par Sylvan Adams, le milliardaire israélo canadien patron de l’équipe Israël Start Up Nation étaient clairs : affirmer qu’Israël est un « État comme un autre, démocratique, sûr, ouvert et tolérant » et faire des coureurs et de tous les salariés de l’équipe, des ambassadeurs d’Israël. En réalité, une vaste opération de blanchiment destinée à faire oublier les crimes commis quotidiennement par cet état voyou.
Le groupe de travail BDS, chargé de la mise en place de la campagne, entra, rapidement, dans l’action avec l’envoi d’une lettre aux trois coureurs français appartenant à cette équipe. D’autres lettres suivirent : lettre à Christopher Froome et à d’autres coureurs de premier plan approchés par l’équipe israélienne, une lettre à une équipe cycliste bretonne partenaire d’Israël Start Up Nation et, enfin, une lettre à tous les coureurs participant effectivement au Tour de France 2020.
Dans le même temps, le GT BDS s’employa à sensibiliser et à mobiliser les GL sur l’importance de l’opération de propagande et la nécessité de réagir. Tout cela permit une très forte mobilisation, puisque l’on dénombra près d’une cinquantaine de GL qui engagèrent au moins une action lors de l’épreuve, ou en amont. Ces actions allèrent de l’envoi de lettres à des actions d’information sur des marchés et autres lieux publics de nombreuses villes, en passant par des actions plus spectaculaires sur les routes, au passage de la course. Il convient de saluer la mobilisation exceptionnelle de nombreux militants et militantes et sympathisants de l’AFPS et d’organisations partenaires, dont certains et certaines n’hésitèrent pas à s’engager pendant de nombreuses heures, sur le parcours de la course ou sur de longues actions à vélo.
Au chapitre des satisfactions, il faut noter que certains GL organisèrent plusieurs actions, certains parvenant à rester mobilisés, pendant les trois semaines de l’épreuve, à l’image du GL de Clermont-Ferrand qui mit à son actif près d’une dizaine d’actions. Un autre sujet de satisfaction est à trouver dans la capacité des GL à rassembler des organisations diverses pour agir ensemble contre l’insupportable manipulation dont nous étions témoins.
En complément et en appui des actions menées partout, en France, le GT BDS déploya un important effort de communication à travers la création de tee-shirts, la mise en place d’un agenda et la réalisation d’un « Journal du Tour » en dix numéros, tout au long des trois semaines de course. Ce journal s’employa à démonter le fonctionnement de l’opération de propagande et à mettre en valeur les actions menées par les GL.
La nécessité d’une telle campagne apparaît avec évidence, à la lumière de certains retours de GL engagés dans l’action, en particulier, le constat d’une difficulté à expliquer au public que l’apparent « mélange entre le sport et la politique » n’était pas de notre fait, mais de celui des promoteurs de l’opération qui utilisent, sans vergogne le sport cycliste et l’intérêt qu’il suscite auprès du public pour promouvoir une image d’Israël qui est à l’opposé de celle de l’État criminel que nous voyons, chaque jour, à l’oeuvre.
La nécessité de l’action sera encore d’actualité l’an prochain, à l’occasion du Tour de France 2021. L’équipe israélienne aura la volonté de participer, à nouveau, à l’épreuve avec l’ambition avouée de la gagner, grâce à la présence de Chris Froome que Sylvan Adams est parvenu à débaucher. Notre réaction devra être à la hauteur de cette nouvelle manipulation. C’est ce qu’exprime Bertrand Heilbronn, président de l’AFPS, dans l’interview diffusée dans le Journal du Tour n° 10 : « Notre objectif, l’année prochaine, c’est qu’il n’y ait plus cette équipe, mais, si elle y est, on continuera à la dénoncer ».