Cette campagne s’organise principalement autour de la signature d’une pétition destinée à être adressée au gouvernement français à la fois directement et par le biais des parlementaires locaux. La quasi-totalité des associations concernées, soit une vingtaine, accepte de soutenir la campagne. Parmi elles, toutes les grandes associations nationales comme l’ACAT, le CCFD, la CIMADE, l’EMF (Etudiants Musulmans de France), le MAN, le MRAP, Pax Christi, le Secours Catholique, le Secours Populaire et l’UJFP. Deux partis politiques s’e joignent à ce collectif, le PCF et les Verts ainsi que la FSU. Bien entendu l’investissement est inégal et fonction de la motivation et des forces de chaque organisation. Il est toutefois à souligner qu’un rassemblement aussi large pour une campagne de solidarité avec le peuple palestinien est un fait sans précédent à Nancy. Il est à souligner aussi une mobilisation importante des organisations catholiques et plus particulièrement du CCFD. Ce dernier a contribué à collecter une partie non négligeable des signatures. Les présences régulières le samedi après-midi place Maginot, un lieu de rencontre important à Nancy, a constitué un facteur important dans la collecte des 3500 signatures que nous avons réussi à obtenir début avril de cette année.
Quand les députés locaux pratiquent la politique de l’autruche
Le 8 avril, nous écrivons aux 6 députés de Meurthe-et-Moselle (5 UMP + 1 PS) en leur proposant un rendez-vous pour leur remettre les pétitions. Nous leur demandons aussi de s’engager par rapport à l’appel envoyé à tous les parlementaires des pays membres de l’Union Européenne, appel qui demandait entre autres que la suspension de l’accord d’association entre l’Union Européenne et Israël soit appliquée. A l’époque, seuls trois parlementaires lorrains avaient signé cet appel : François Dosé, député PS de la Meuse, Jean-Marie Aubron, député PS de la Moselle et Gisèle Prinz, sénatrice PS de la Moselle.
Pendant plus d’un mois, aucune réponse à notre courrier malgré les relances téléphoniques. Enfin, le 12 mai, Claude Gaillard, député UMP, nous écrit en nous disant que, par principe, il ne signe aucune pétition. Il poursuit en invoquant la complexité du problème pour justifier son refus de s’engager, en ajoutant le risque d’un développement de "l’antisémitisme et de la haine raciale" en France. A ce propos, il fait un rapprochement hasardeux entre la profanation de cimetières juifs en Alsace et l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien en France.
Un coup de main opportun des médias
Le 21 mai, à l’occasion de la répression sanglante de Rafah, France Bleue Sud Lorraine donne la parole à l’AFPS. Nous en profitons pour évoquer notre intervention auprès des députés. Le lendemain, nous recevons un coup de fil de Jean-Yves Le Déaut, député PS de Meurthe-et-Moselle, nous proposant une rencontre. Celle-ci se montrera fructueuse puisqu’elle débouchera sur une question écrite au ministre des affaires étrangères. Dans cette question, Jean-Yves Le Déaut indique entre autres qu’ " il souhaiterait savoir s’il (le ministre) compte demander à l’Union Européenne de vérifier si la construction du mur ne contredit pas la clause sur les Droits de l’Homme qui conditionne l’accord d’Association entre l’Etat d’Israël et l’Union Européenne. Il lui demande de reconsidérer sa position et de dénoncer cet accord tant que les résolutions internationales ne sont pas respectées. Il aimerait également savoir s’il est exact qu’un récent accord de coopération militaire entre la France et Israël portant sur un armement de 200 millions de dollars vient d’être conclu entre la France et Israël "
Parallèlement, il écrit à Edouard Balladur, président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée Nationale, pour lui remettre les 4000 pétitions que nous avions rassemblées et lui demander que soit mis à l’ordre du jour d’une prochaine réunion de la commission la dénonciation de l’accord d’association UE-Israël.
Nous rencontrons aussi Corinne Marchal, députée UMP de Meurthe-et-Moselle. Constatant qu’elle est très mal informée, nous nous attachons à rétablir un certain nombre de vérités, notamment sur les conséquences possibles de la suspension de l’accord d’association. Nous insistons sur le fait qu’il ne s’agit en aucun cas d’un boycott de toutes les relations avec Israël mais seulement de supprimer certains privilèges de cet Etat. Auparavant, elle avait posé une question écrite au gouvernement sur les initiatives qu’il comptait prendre par rapport à la construction du Mur. Dans sa réponse, le ministre des affaires étrangères se contentera de rappeler les positions de principe de la France.
Début juillet, l’AFPS envoie un compte-rendu des rencontres avec les députés locaux par courrier électronique à près de 500 personnes et associations. Immédiatement, cela fait réagir deux des députés sollicités qui ne s’étaient pas encore manifestés : Nadine Morano et Gérard Léonard, députés UMP de Meurthe-et-Moselle qui nous écrivent pour … nous renvoyer au positions connues du gouvernement français.
Ce qu’il faut retenir pour nos rapports avec les élus
– il est important de rassembler un maximum d’associations et des associations qui pèsent ; dans nos rencontres, nous avons toujours veillé à ce qu’il y ait des représentants d’un maximum d’organisations ;
– nous avons un travail important d’information à faire auprès des élus en tenant compte du fait que ceux-ci sont déjà submergés d’informations de toutes sortes et que le conflit israélo-palestinien n’est pas leur sujet principal d’intérêt ;
– compte tenu de l’art qu’ont la plupart des élus de noyer le poisson, nos demandes doivent être précises ; dans toutes nos rencontres, nous avons mis en avant deux revendications : la suspension de l’accord d’association UE-Israël et celle de la coopération militaire entre la France et Israël ;
– il est essentiel que la démarche soit publique avec des compte-rendus diffusés le plus largement possible ; de ce point de vue, les médias locaux sont un relais important ;
– enfin, ces relations doivent avoir une régularité, un suivi qui permette une meilleure connaissance mutuelle et qui montre une détermination de notre part à mener les dossiers jusqu’au bout.
Guy Perrier, AFPS Nancy.