L’annonce mi-juillet de la participation du mouvement islamiste à l’élection a, semble-t-il, complètement bouleversé les plans du président palestinien Mahmoud Abbas. Le chef du Fatah, le parti nationaliste palestinien, a annoncé en plein mois de ramadan la tenue d’élections municipales après le dernier scrutin local de 2012. À l’époque, le Hamas avait boycotté l’élection estimant que le résultat des législatives de 2006, où les islamistes l’avaient emporté, n’avait pas été respecté. Le Hamas avait alors pris le pouvoir par la force dans la bande de Gaza alors que le Fatah conservait la Cisjordanie. Une division qui dure depuis bientôt dix ans.
Un potentiel report de l’élection ?
C’est donc la première fois depuis une décennie que les deux principaux partis palestiniens vont s’affronter dans les urnes et cette confrontation s’annonce déjà tendue. En effet, des responsables des deux mouvements s’échangent depuis mi-juillet des noms d’oiseaux. L’Autorité palestinienne réclame davantage de liberté politique dans la bande de Gaza alors que le mouvement islamiste, lui, met en garde contre une élection qui pourrait être truquée en Cisjordanie.
Dans ce climat, plusieurs responsables au sein de l’Autorité palestinienne, qui siègent à Ramallah, préconisent un report des élections. Une très mauvaise idée, jugent en privé des diplomates européens. L’Union européenne est toujours l’un des contributeurs parmi les plus généreux au budget de l’Autorité palestinienne.
Le Fatah de Mahmoud Abbas craint que le Hamas n’utilise cette élection pour gagner en influence en Cisjordanie. En tout cas, ce scrutin pourrait relancer le processus démocratique, au point mort dans les territoires palestiniens. De nouvelles élections présidentielles et législatives sont attendues depuis respectivement 6 et 5 ans.
Vers une liste citoyenne
Toutes les listes sont en train d’être finalisées. Mais dans les grandes villes palestiniennes, plusieurs membres de la société civile essaient de se rassembler. Ils sont artistes, intellectuels, Palestiniens de la diaspora revenus au pays.
Leur modèle est Beirut Madinati, la liste citoyenne qui avait réuni en mai dernier près de 35% des voix dans la capitale libanaise. Si ces Palestiniens de l’intelligentsia arrivaient à mettre sur pied leur initiative, ils pourraient venir perturber le duel Fatah-Hamas, le 8 octobre prochain.