Tzipi Livni, l’ancienne ministre de la Justice israélienne invitée par l’association Suisse-Israël à Lugano dimanche, pourrait être entendue par la justice suisse. Elle fait l’objet d’une dénonciation pénale de la part du collectif Urgence Palestine.
Le Ministère public de la Confédération (MPC) a confirmé à l’ats une information du journal le Temps et précisé « être en train d’analyser la demande ». Tzipi Livni est accusée de crime de guerre. En cause, son implication dans l’opération « Plomb durci » à Gaza en 2009 qui avait fait 1350 morts, dont 960 civils selon l’ONU. Mme Livni était alors ministre des affaires étrangères et vice-première ministre d’Israël.
Des procédures à l’encontre de l’ancienne ministre israélienne ont notamment été ouvertes en Belgique et en Grande-Bretagne. Tzipi Livni a dû annuler une visite à Bruxelles en début d’année pour éviter d’être arrêtée par la justice belge.
« De nombreuses plaintes ont été déposées contre Tzipi Livni vu sa position dans le gouvernement et certaines déclarations qu’elle aurait tenues. De nombreuses sources mettent également en évidence des crimes de guerre pendant l’opération ’Plomb durci’. Il est donc justifié que la justice suisse se saisisse de ce cas et détermine si sa responsabilité pénale doit être engagée », affirme l’ONG Trial International, contactée par l’ats.
« Passer de la parole aux actes »
Cette organisation, qui lutte contre l’impunité des crimes internationaux, pense que les Etats devraient en faire plus dans le domaine. « Les Etats doivent remplir leur rôle, primordial en matière de justice internationale, et poursuivre les suspects de crimes de guerre présents sur leur territoire. Ils ne peuvent pas se reposer sur la Cour pénale internationale (CPI), qui a un mandat et des ressources limités. »
Si les Pays-Bas, la Suède et l’Allemagne, qui a ouvert une enquête massive sur les responsables de crimes de guerre en Syrie, sont très engagés, en Suisse « le bilan est plus mitigé ».
La Suisse est dotée d’un Centre de compétence Droit pénal international depuis 2012. Mais celui-ci « n’a pas les effectifs de spécialistes suffisants. Il est en cela emblématique qu’aucun cas n’a été jugé depuis son ouverture. Il y a des améliorations, mais la configuration n’est pas idéale, loin de là. En matière de droits humains, la Suisse doit passer de la parole aux actes », souligne Trial.