Depuis les années 1960, des défunts palestiniens disparaissent, sont sommairement enterrés dans les « cimetières des nombres » ou gardés à la morgue. Ces morts sont des fedayin, des martyrs – hommes ou, plus rarement, femmes – ayant conduit des attentats, ou des personnes tuées par erreur. Leur détention post-mortem et leur retour en terre relèvent d’une économie de l’inimitié, guerrière, et d’une extension sans fin d’une toile carcérale sur les Territoires palestiniens. Leur mobilité, les lieux d’ensevelissement, les traces qu’ils laissent dans l’espace public sont autant de marqueurs frontaliers.
Extrait de l’article publié le 13 juin 2022 par Stéphanie Latte Abdallah dans la revue Orient XXI à ce sujet :
[...] "Au-delà du maintien de l’ordre et du refus de la politisation des enterrements, la suppression des martyrs de l’espace public relève d’une volonté d’effacement total, social et mémoriel, qui ne se limite pas à la personne mais s’étend aux familles et à la communauté. Cette intention d’annihiler les traces visibles de leur présence dans l’espace public concerne tous les Palestiniens mais elle est plus radicale et davantage mise en œuvre à Jérusalem. En principe, aucun nom ne peut figurer sur les tombes. Les inscriptions de leur identité ou les tentatives pour signifier la présence de shuhada sont souvent supprimées par les autorités ou par des actes de vandalisme de la part de colons ou d’extrémistes juifs. À Jérusalem-Est, un cimetière symbolique planté d’oliviers en l’honneur des martyrs, où l’on pouvait lire leurs noms, a été détruit quelques semaines après avoir été inauguré."
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Sources : Orient XXI et Karthala