Face à l’emprisonnement arbitraire, exercé de manière systémique par l’État israélien, les prisonniers politiques palestiniens n’ont qu’une seule arme : la grève de la faim. Dimanche 25 septembre, trente prisonniers palestiniens emprisonnés dans le cadre de la "détention administrative" ont entamé une grève de la faim illimitée pour exiger la fin de cette pratique dont sont actuellement victimes plus de 740 prisonniers palestiniens, dont 6 mineurs. Sur ordre de l’autorité militaire israélienne, ces prisonniers sont détenus sans inculpation ni procès, pour une durée pouvant aller jusqu’à 6 mois, et renouvelable indéfiniment, sur la base d’un « dossier secret ».
Parmi ces prisonniers en grève de la faim, Salah Hamouri, avocat franco-palestinien. Il a été placé en détention administrative le 7 mars et sa détention a été prolongée jusqu’au 5 décembre. De plus, Salah Hamouri a vu révoquer en octobre 2021 son statut de résident permanent à Jérusalem-Est, par une décision du ministre israélien de l’intérieur au motif de « non allégeance » à l’État d’Israël. Cette révocation sera examinée par la cour suprême israélienne en février 2023. Il risque d’être expulsé de Palestine, ce qui créerait un grave précédent.
Le gouvernement français s’est adressé plusieurs fois au gouvernement israélien, sans exiger sa libération ni prendre aucune mesure qui fasse pression sur le gouvernement israélien. Combien de temps tolérera t-il encore qu’un citoyen français subisse une telle atteinte à ses droits sans prendre la moindre mesure.
La détention administrative est une arme d’oppression et de répression qui bafoue le droit des détenus à un procès équitable et viole l’article 17 alinéa 2 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « nul ne peut être arbitrairement privé de sa liberté ». Les autorités militaires israéliennes y ont massivement recours, ce qui est prohibé par le droit international. Depuis 1967, 54 000 Palestiniens ont fait l’objet d’ordres de détention administrative, ce qui équivaudrait à plus d’un million d’habitants de France.
Il est difficile de ne pas faire le lien entre cette atteinte aux droits humains et les attaques violentes d’Israël contre 6 ONG palestiniennes des droits humains, qui sont toujours sous un ordre militaire les déclarant illégales, et dont les locaux ont été saccagés et les documents volés par l’armée d’occupation le 18 août.
Nous soutenons ces prisonniers qui mettent leur vie en jeu pour alerter sur cette politique inhumaine et illégale, pour réclamer le respect de leurs droits les plus élémentaires à la justice et à la liberté. Ils doivent être libérés sans délai. Il est totalement inacceptable que Khalil Awawdeh, placé en détention administrative, ait dû mener une grève de la faim de plus de 180 jours au prix de sa santé pour obtenir sa libération qui devrait intervenir le 2 octobre.
Le Président de la République doit maintenant exiger clairement et explicitement la libération de Salah Hamouri, ainsi que le rétablissement de son droit de résidence à Jérusalem. Il doit prendre des mesures concrètes pour contraindre Israël à accéder à cette demande de justice.
Une réunion du Conseil d’association entre l’Union européenne et Israël est prévue début octobre. Dans de telles circonstances, elle doit être reportée, ou pour le moins soumise à des mesures précises marquant la fin de l’acharnement d’Israël contre les défenseurs des droits humains. Ne pas le faire revient à donner un blanc-seing à Israël.
Le Bureau National de l’AFPS, le 27 septembre 2022