Ce n’est pas la première fois qu’il est reconnu coupable d’un acte criminel : en 2010 il a été condamné à 12 mois de prison pour collectage de douilles de grenades lacrymogènes et de balles tirées sur les manifestants par l’armée israélienne et qu’il utilisait pour montrer les violences perpétrées contre les militants palestiniens.
Abdallah Abu Rahma, âgé de 44 ans. Il était instituteur dans la ville palestinienne de Bil’in et est le père de deux jeunes garçons et d’une fille ; il est un militant pour les droits de l’homme, reconnu par l’Union Européenne. Le 21 octobre 2014, le tribunal militaire d’Ofer près de Ramallah, l’a déclaré coupable
d’être intervenu dans le travail d’un soldat pendant une manifestation pacifique de commémoration de la Nakba (la catastrophe), et de solidarité avec les prisonniers politiques, dont beaucoup étaient en grève de la faim. Abdallah devait être jugé le 1er décembre 2014, mais finalement la sentence a été repoussée au 5 janvier 2015. Le 13 mai 2012, Abdallah se tenait debout devant un bulldozer en empêchant son conducteur de réparer une barrière dans la ville de Beitunia. Selon le militant, cette structure était destinée à contrôler la population palestinienne et à tirer sur elle. « Ils ont déclaré que j’étais devant un bulldozer, que je ne les laissais pas continuer leur travail et pour cette raison le tribunal militaire m’a déclaré coupable » a-t-il expliqué à Al Jazeera. Sa version des faits a été corroboré par un militaire israélien. Ce n’est pas la première fois qu’il est reconnu coupable d’un acte criminel : en 2010 il a été condamné à 12 mois de prison pour collectage de douilles de grenades lacrymogènes et de balles tirées sur les manifestants par l’armée israélienne, qu’il utilisait pour montrer les violences perpétrées contre les militants palestiniens. Un exemple évident de persécution juridique envers les militants avec l’objectif de les réduire au silence et de les désarmer.
Abdallah est connu pour son rôle en tant que coordinateur du Comité Populaire de Bil’in et en tant que membre du Comité de Coordination de la Lutte Populaire Palestinienne, un mouvement populaire qui s’oppose à la construction du mur de séparation, l’occupation et l’extension des colonies et qui rapporte les violations des droits de l’homme perpétrés contre la population palestinienne sous le régime d’apartheid israélien. Bil’in est connue pour ses protestations hebdomadaires et est devenue la référence pour la non-violence en Cisjordanie depuis l’année 2005, quand les mobilisations ont commencé. Pour cette raison, Bil’in est devenue un des objectifs militaires de l’armée israélienne, et ses membres rapportent des arrestations et des agressions continuelles. Jusqu’à ce jour, trois citoyens ont été assassinés par l’armée israélienne, tous les trois étant des parents d’Abdallah. Bassem Abu Rahmeh a été victime d’un tir pendant une protestation en 2009 et sa sœur Jawaher Abu Rahmeh est morte d’une trop importante inhalation de gaz lacrymogène. Le frère de Bassem, le militant Ashraf Abu Rahmeh, a été détenu en 2008. Il était menotté, avait les yeux bandés et a été victime d’un tir mortel. Les enquêtes ont été interrompues et les soldats israéliens qui sont responsables de ces meurtres jouissent toujours de l’impunité.
« Abdallah est un défenseur des droits de l’homme et a le droit de protester contre l’occupation. Il n’y a aucun fondement juridique qui puisse justifier son arrestation. »
Selon son avocat, « Abdallah est un défenseur des droits de l’homme et a le droit de protester contre l’occupation. Il n’y a aucun fondement juridique qui puisse justifier son arrestation », explique Gaby Lasky. Elle ajoute qu’ « il semble que la persécution d’un Palestinien pour un acte symbolique non-violent contre l’occupation a davantage de signification politique que criminelle ».
Catherine Ashton, la Haute Représentante pour les Affaires Étrangères de l’UE a fait preuve de son inquiétude devant l’impossibilité pour Abdallah d’exercer ses droits, tels que de manifester pacifiquement en défendant ses droits humains et ceux de son peuple, et l’a reconnu comme un défenseur des droits de l’homme. Abdallah est victime de mesures punitives pour avoir exercé on droit de protester et pour avoir défendu les droits du peuple palestinien d’une façon pacifique. Malgré le fait qu’il ait été déclaré coupable, Abdallah affirme qu’il n’abandonnera pas le combat contre l’occupation israélienne et qu’il continuera à protester activement contre l’occupation du territoire palestinien. « Nous sommes en droit de protester et d’exprimer notre opinion - c’est la manière de défendre les doits de l’homme et de refuser l’occupation » a déclaré Abdallah en octobre 2014.
Actuellement, il a été lancé une campagne internationale pour lui exprimer tout le soutien nécessaire, à la fois juridiquement et moralement, face au tribunal militaire, dans lequel les diplomates d’Espagne, de Malte, du Royaume Uni et le représentant de l’UE ont été présents pendant les audiences et ont montré leur rejet de cette persécution. La Haute Représentante de l’Union Européenne pour les affaires étrangères, Catherine Ashton, est inquiète du fait que « l’emprisonnement éventuel de M. Abu Rahma est une tentative de l’empêcher ainsi que d’autres militants d’exercer leurs droits légitimes de protestation pacifique contre l’existence de la barrière de séparation. »
Traduit de l’anglais par Y.Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers