L’Organisation de la coopération islamique (OCI) se veut claire : elle apporte son soutien sans réserve aux Palestiniens, alors que les États-Unis doivent très prochainement présenter un plan de paix que beaucoup jugent assez favorable à Israël. À l’issue de ses travaux, réalisés dans la ville sainte saoudienne de La Mecque, le sommet islamique a fait savoir via un communiqué qu’il dénonçait notamment le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem. La partie est de la ville est considérée par la communauté internationale comme un territoire occupé, mais les États-Unis ont décidé de reconnaître la ville comme capitale d’Israël, malgré les critiques.
La rencontre de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a également appelé ses 57 membres à « boycotter » les pays qui ont ouvert des ambassades à Jérusalem. Les Palestiniens veulent en faire la capitale de l’État qu’ils aspirent de créer. Cette position a été soutenue tout au long de son histoire par l’OCI qui a été d’ailleurs fondée dans le but de défendre les lieux saints musulmans de Jérusalem après l’incendie criminel de la mosquée Al-Aqsa en août 1969.
L’OCI a d’autre part souligné, dans son communiqué, que « la paix et la stabilité dans la région du Proche-Orient ne seront atteintes qu’avec le retrait d’Israël des territoires occupés en 1967 ». La réaffirmation de cette position intervient avant la présentation d’un plan du gendre et conseiller du président américain Donald Trump, Jared Kushner, pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Le volet économique de ce plan sera au centre d’une conférence qui sera organisée fin juin à Bahreïn.
Les Américains, des interlocuteurs peu crédibles selon les Palestiniens
Pour la présidence américaine, la conférence de Manama est une occasion d’« encourager le soutien à des investissements et initiatives économiques potentiels qui pourraient être rendus possibles par un accord de paix ». Ces investissements seraient financés par les pays arabes du Golfe alliés des États-Unis et qui s’opposent, comme Israël, à l’Iran. Jusqu’ici, seuls l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis parmi les pays de la région ont annoncé leur intention de participer à cette conférence. Les dirigeants palestiniens, eux, ne feront pas le déplacement, estimant que Washington n’est pas un interlocuteur crédible à cause de son soutien sans faille à l’État hébreu.
Concernant la situation dans le Golfe, le sommet a apporté un soutien sans « limites » aux mesures prises par l’Arabie saoudite pour se protéger après les attaques attribuées par Riyad et Washington à l’Iran. Mais l’organisation panislamique a pris soin de ne faire aucune mention de l’Iran. La rencontre a suivi deux autres sommets vendredi pendant lesquels Riyad a reçu un soutien quasi unanime de ses partenaires arabes contre l’Iran, son grand rival chiite, accusé de déstabiliser la région.
Le roi Salmane d’Arabie saoudite a évoqué dans son discours à l’ouverture du sommet le sabotage le 12 mai de quatre navires, dont deux pétroliers saoudiens, à l’entrée du Golfe et une attaque de drone contre des stations de pompage deux jours plus tard sur un oléoduc saoudien. « Il s’agit d’une grave menace à la sécurité de la navigation internationale et à celle de la région et du monde », a souligné le roi Salmane à ce propos.
Tensions dans la région
Dans un tweet peu avant l’ouverture du sommet, le roi Salmane a affirmé l’intention des pays de l’OCI de « faire face avec fermeté aux menaces et aux actes de sabotage pour qu’ils ne gênent pas le développement de nos nations et de nos sociétés ». En réponse aux sommets du club des six monarchies arabes du Golfe (CCG) et de la Ligue arabe tenus vendredi, l’Iran a accusé l’Arabie saoudite de « semer la division dans la région ».
Les sommets de La Mecque organisés à la fin du mois sacré de jeûne musulman du ramadan surviennent en pleines tensions dans la région exacerbées par les invectives entre Téhéran et Washington. Les États-Unis ont en outre envoyé des renforts militaires dans la région, en évoquant des « menaces » iraniennes. Les relations entre Washington et Téhéran, des ennemis jurés, sont au plus bas depuis le retrait unilatéral en 2018 de l’administration de Donald Trump de l’accord international sur le nucléaire iranien. Washington a ensuite renforcé les sanctions économiques contre Téhéran et inscrit les Gardiens de la Révolution, armée idéologique du régime iranien, sur sa liste noire d’« organisations terroristes ».
Au sommet islamique, l’Iran a été représenté par une délégation de bas niveau, composée de représentants du ministère des Affaires étrangères. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est en froid avec l’Arabie saoudite en raison du meurtre à Istanbul du journaliste saoudien Jamal Khashoggi par un commando venu de Riyad, n’a pas assisté au sommet. La délégation de la Turquie, un poids lourd de l’OCI, a été conduite par le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu. Dans son communiqué, le sommet islamique a également rappelé son refus de l’annexion par Israël du plateau syrien du Golan et sa condamnation de l’islamophobie en Occident en l’attribuant à une mauvaise connaissance de la religion musulmane.