Une adoption du plan de paix arabe lors du sommet de Ryad signifierait un engagement du mouvement islamiste palestinien Hamas qui n’était pas au pouvoir en 2002 lorsque cette initiative a été entérinée une première fois, estiment des responsables arabes.
Le gouvernement palestinien d’union nationale, investi la semaine dernière, regroupe pour la première fois les mouvements rivaux du Hamas et du Fateh du président Mahmoud Abbas. Or c’est le Fateh, avec à sa tête le défunt président Yasser Arafat, qui avait approuvé en 2002 l’initiative de paix arabe, proposée par l’Arabie saoudite et adoptée au sommet arabe de Beyrouth.
Ce plan prévoit la reconnaissance d’Israël par les pays arabes en échange d’un retour de l’État hébreu aux frontières de 1967, de la création d’un État palestinien et du règlement de la question des réfugiés palestiniens.
Le Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh, qui a dirigé un gouvernement Hamas de mars 2006 à mars 2007, a affirmé que le cabinet d’union « respecte les résolutions de la légitimité internationale et les accords signés par l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) ».
« Il s’agira donc pour ce gouvernement de passer de la phase de “respect” des accords à celui de l’“engagement” », a déclaré à l’AFP un ministre arabe, sous le couvert de l’anonymat. Dans ce contexte, a-t-il relevé, « l’adoption par le sommet de Ryad de l’initiative arabe engagera le gouvernement d’union, et par conséquent le Hamas, dans cette voie ».
La délégation palestinienne à Ryad doit être représentée conjointement par MM. Haniyeh et Abbas. Pour sa part, le chef du Hamas, Khaled Mechaal, qui a effectué une courte visite hier en Arabie saoudite, a affirmé que son mouvement se ralliera au « consensus arabe » lors du prochain sommet de Ryad, a-t-on appris de source diplomatique arabe. Le chef du mouvement islamiste Hamas a également affirmé au chef de la diplomatie saoudienne Saoud el-Fayçal que son mouvement « acceptait la création d’un État palestinien sur la base des frontières du 4 juin 1967 », selon la source.
La charte du Hamas appelle à la destruction de l’État d’Israël, mais les chefs du mouvement affirment être prêts à accepter un État sur les territoires occupés en 1967 en échange d’une « trêve » de longue durée avec Israël et non pas une reconnaissance de l’État hébreu.
Hier, hauts fonctionnaires des pays membres et délégués permanents auprès de la Ligue arabe ont approuvé l’ordre du jour du sommet de Ryad des 28 et 29 mars, qui sera centré sur le plan de paix arabe pour un règlement du conflit arabo-israélien.
Outre ce plan de paix, l’Irak, la question palestinienne et le Soudan figurent parmi les principaux points de l’ordre du jour qui sera soumis aujourd’hui aux ministres des Affaires étrangères de l’organisation panarabe.
L’initiative de paix arabe avait été rejetée en 2002 par Israël, suscitant également les critiques des États-Unis. Mais, récemment, des responsables israéliens ont fait état d’éléments « positifs » dans ce plan. À condition, disent-ils, qu’il spécifie que les réfugiés palestiniens retournent dans des zones contrôlées par les Palestiniens et non en Israël.
Hier, au lendemain d’une rencontre du « quartette arabe » avec la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud el-Fayçal, a réitéré le refus de son pays d’amender l’initiative arabe. « Il n’y a pas d’amendement ni de changement de l’initiative arabe de paix. Je l’ai déjà dit 20 fois et c’est la dernière fois que je le répète », a déclaré le responsable saoudien aux journalistes.