Photo : Manifestation à Berlin de soutien à la Palestine en 2017 (Wikipedia)
Soixante groupes de défense des droits humains ont demandé au Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, de ne pas adopter la définition controversée de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), qui, selon eux, a été utilisée pour "réprimer les protestations non violentes, l’activisme et les discours critiques à l’égard d’Israël".
Parmi ces organisations figurent Human Rights Watch, l’American Civil Liberties Union (ACLU) et des groupes de défense des droits de la société civile en Palestine.
La définition actuelle de l’antisémitisme adoptée par l’IHRA en 2016 stipule qu’il ne s’agit pas seulement d’une "certaine perception des Juifs, qui peut s’exprimer sous forme de haine envers les Juifs", mais aussi d’accuser par exemple "l’État d’Israël d’être une entreprise raciste" et "d’exiger de lui un comportement qui n’est pas attendu ou exigé d’une autre nation démocratique".
Cette définition a été adoptée par 38 États dans le monde, dont les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne, mais elle a été critiquée pour son caractère trop large et trop vague et pour avoir confondu l’opposition à Israël et à ses politiques avec la haine des Juifs.
L’ONU réfléchit actuellement à un plan d’action "pour une réponse coordonnée et renforcée à l’antisémitisme qui soit ancrée dans les droits humains" et recherche une définition pratique de l’antisémitisme pour élaborer ses politiques.
Lors de la publication de la lettre, l’organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem a déclaré "L’antisémitisme, comme toute forme de racisme et de préjugé, est méprisable, mais l’adoption de la définition de l’IHRA ne contribuera pas à le vaincre".
"Nous demandons à l’ONU de s’abstenir de qualifier à tort d’antisémites les critiques des politiques israéliennes. "
Les groupes de défense des droits affirment que la définition de l’IHRA est utilisée à mauvais escient pour réduire au silence l’activisme palestinien face à des politiques qui relèvent de l’apartheid.
Le principal rédacteur de la définition de l’IHRA, Ken Stern, a même exprimé ses propres préoccupations quant à l’utilisation répétée de la définition par les gouvernements, déclarant qu’il s’agissait d’un "moyen grossier de qualifier quiconque d’antisémite".
En février 2023, l’American Bar Association a rejeté l’inclusion de la définition de l’IHRA dans sa résolution contre l’antisémitisme, notant que "toute validation" des termes "porterait atteinte aux droits fondamentaux de la liberté d’expression".
La Déclaration de Jérusalem sur l’antisémitisme et le Document Nexus sont tous deux cités comme étant moins susceptibles d’être exploités pour faire taire les critiques légitimes à l’égard d’Israël.
Ces deux définitions font spécifiquement référence aux différents types de critiques formulées à l’encontre des actions de l’État israélien, contrairement à l’IHRA.
Traduction : AFPS