Le 29 mars 2022, pour la Journée de la Terre en Palestine, l’AFPS Lille (59/62) a donné la parole à Sana Karajeh, responsable de l’Union palestinienne des Comités de Travail Agricole (UAWC), et à Jean-Marie Dansette, de France Import Palestine.
En 1ère partie de soirée, en direct de Palestine et en visio, Sana, francophone, a évoqué la résistance du peuple palestinien et sa détermination à rester sur sa terre et à la cultiver, malgré le vol des ressources naturelles par l’État colonial, les attaques des colons, le mur illégal, les routes interdites aux Palestinien.nes, la pêche à Gaza limitée…
L’UAWC a été créée par un groupe d’agronomes bénévoles pour préserver les terres palestiniennes et défendre les droits nationaux et démocratiques des paysans.
Les activités de l’UAWC sont nombreuses et variées : gestion des ressources en eau, construction de canaux d’irrigation, développement de pâturages, plantation de millions d’arbres, conservation, reproduction et amélioration des semences locales (40 variétés de graines indigènes préservées), suivi juridique contre le vol de terres par Israël, formations qualifiantes, autonomisation économique des femmes...
Sana a évoqué dans un second temps les attaques fréquentes des colons contre les biens et les personnes ainsi que la désignation de l’UAWC en tant qu’"organisation terroriste" par l’État colonial israélien. Ceci a remis en cause le maintien des activités et la réception des fonds des donateurs (principalement les Pays Bas).
Dans les échanges avec la salle, de nombreuses questions, variées, ont permis de mieux connaître la situation de l’agriculture et des paysans palestiniens. Ce lien concret avec Sana leur a permis d’envisager un partenariat durable avec l’UAWC.
En seconde partie de soirée, le film "Terre de Sumud" a fait découvrir au public la richesse et la vitalité des productions, industrielle et artisanale, palestiniennes ainsi que le professionnalisme de leurs chefs d’entreprise et commerciaux. La ténacité des Palestinien.nes se traduit par une volonté et une capacité marquées pour affronter et vaincre les défis que leur opposent les occupants. Ceci, particulièrement pour exporter leurs productions : ils doivent passer par les barrages militaires israéliens ou "checkpoints" (où la marchandise est descendue du camion pour être fouillée et rechargée de l’autre côté du barrage sur un autre camion) et utiliser les ports israéliens, ce qui augmente les délais et les coûts.
Dans le film, les intervenants insistent : ils exigent d’être considérés "normalement" malgré la situation actuelle de leur pays et les conditions effroyables dans lesquelles Israël les fait "vivre". Ils refusent absolument la "charité" ou d’être perçus comme des miséreux ou des nécessiteux… Bien souvent, leurs entreprises sont anciennes et familiales, de plusieurs centaines d’années…Ils croient en ce qu’ils font et en sont fiers.
C’est à partir de cette exigence que Jean-Marie Dansette a pris la parole pour faire un bref récit de son parcours personnel jusqu’en Palestine, sa démarche et son travail.
En réponse aux questions de la salle, il a exposé les difficultés que son entreprise France Import Palestine rencontre pour faire parvenir la marchandise palestinienne en France et la vendre. Il est parvenu à créer des liens avec les artisans et producteurs qu’il admire et a réussi, malgré tous les problèmes de sécurité aléatoire, de finances et de délais, à partager sa confiance avec ces travailleurs.
Les prix de ses produits suivent étroitement les coûts de la matière première, les salaires des travailleurs, les taxes, le transport, la fabrication des bouteilles et des étiquettes pour l’huile d’olive… Le prix de vente peut donc apparaitre élevé mais acheter ces produits est un acte militant de soutien au peuple de Palestine en lutte.
Jean-Marie Dansette conseille d’y aller, de se déplacer en Palestine, d’aller voir et rencontrer ces gens. Dans ses articles en vente, un guide touristique du Palestinien de Georges Richmaweh permettra aux voyageurs d’ouvrir les yeux sur la réalité et la vérité, loin de tout ce qu’on peut nous faire croire ici, et loin de l’esprit "qu’on va aller faire quelque chose pour eux"… Il incite plutôt à y aller sans projet précis mais en faisant confiance aux Palestinien.nes là-bas, sans hésiter à aller à leur rencontre pour échanger avec eux.
Une intervenante a expliqué que sa paroisse étant jumelée avec la paroisse catholique de Ramallah, des séjours ont lieu régulièrement dans les deux sens. Elle a expliqué son engagement ainsi que celui du CCFD à faire en sorte que les pèlerinages chrétiens contribuent à l’économie palestinienne (transport, hébergement chez l’habitant, artisanat) et à révéler l’accaparement par l’Etat colonial. Le choix de guides touristiques palestiniens est donc important pour entendre le récit palestinien et non le récit sioniste imposé aux touristes.
Une bonne partie des spectateurs a tenu à exprimer combien ils ont été impressionnés par le témoignage de Sana et par la combativité des Palestinien.nes sous occupation.
Un retour très positif des participant.es, pour lesquel.les la Palestine a été abordée sous un angle nouveau !
De plus, un nouveau contact prometteur avec une lycéenne a été enregistré !