Cela fera bientôt un an que les marches pacifiques ont commencé à Gaza pour le droit au retour des réfugiés palestiniens et contre le blocus inhumain qui a transformé Gaza en une prison à ciel ouvert pour les deux millions de civils qui y vivent. Des milliers de gens ont été blessés ou mutilés, beaucoup ont été tués.
Des jeunes de Gaza se sont adressés à l’UE pour dénoncer le fait qu’il était inacceptable que des entreprises, qui tirent un profit financier du meurtre et de la mutilation des manifestants et qui vendent leurs armes comme testées sur le terrain, bénéficient également d’un financement public de l’UE.
Dans sa réponse, Mme Mogherini a déclaré : « L’UE a exhorté toutes les parties à éviter toute action qui mettrait en danger la vie de civils et contribuerait à une escalade de la violence. Nous avons souligné dans nos déclarations que le cycle de la violence ne conduit qu’à plus de violence ».
C’est à cause de cette réponse sans cœur et de la situation désastreuse dans les hôpitaux et les communautés de Gaza que nous, organisations, ambulanciers, paramédicaux, infirmiers et accompagnants, avons décidé de soutenir leur appel afin que ces entreprises de sécurité et militaires israéliennes soient exclues de tout financement public.
En quoi le financement de ces entreprises qui utilisent maintenant les armes et les barrières utilisées à Gaza comme argumentaire de vente « évite-t-il les actions qui mettent les civils en danger » ? L’UE ne leur donne aucune incitation à arrêter !
La réponse de l’UE place les manifestations contre le blocus illégal contre la population civile à Gaza sur le même pied que la fusillade de milliers de manifestants désarmés. Est-ce que l’UE veut dire que les gens devraient simplement rester chez eux parce que, même protester contre leur prison à ciel ouvert, est considéré comme un acte violent ?
En tant que médecins et personnels soignants, la déshumanisation des civils palestiniens nous préoccupe particulièrement, comme les ordres permettant d’abattre des manifestants désarmés, même s’ils ne sont pas entrés dans les zones israéliennes.
Plus de 6 000 personnes ont été soignées pour blessures par balle et nombre d’entre elles resteront handicapées jusqu’à la fin de leurs jours. En moins d’un an, des tireurs d’élite israéliens ont assassiné plus de 250 manifestants désarmés.
Amnesty International a déjà appelé à un embargo sur les armes à l’encontre d’Israël à cause de la violence à l’encontre des civils. Médecins sans frontières a témoigné à propos des blessures horribles (des plaies grandes comme le poing) et du refus israélien de laisser les patients quitter Gaza pour recevoir des traitements qui puissent sauver leurs membres. Le rapport de l’ONU le plus récent mentionne que "les snipers israéliens ont tiré sur des journalistes, du personnel de santé, des enfants et des personnes handicapées, en sachant qu’ils étaient clairement reconnaissables comme tels"
Même les pays occidentaux auraient des difficultés majeures à traiter un tel nombre de blessures graves pendant de longs mois. Nous ne pouvons pas imaginer à quel point il est difficile pour nos collègues de Gaza de savoir que de nombreux jeunes devront subir une amputation supplémentaire simplement parce qu’on leur a refusé de meilleurs traitements à Jérusalem-Est, distante de seulement 80 km.
Nous demandons que des mesures efficaces soient prises pour mettre fin aux tirs contre les manifestants à Gaza, pour mettre fin au blocus de Gaza et pour garantir la libre circulation du personnel médical, du matériel, des médicaments et des patients.
Nous exigeons que les entreprises militaires et de sécurité israéliennes soient exclues des financements publics jusqu’à ce que ces exigences fondamentales soient respectées.