Le leader de la gazéification à domicile sponsorise le pavillon américain au Festival de Cannes.
Après sa publicité lors du Super Bowl américain, en février, l’entreprise israélienne Sodastream s’offre le sponsoring du prestigieux pavillon américain au Festival de Cannes. Cotée en bourse, la multinationale fabrique et distribue ses produits – filtres à eau Brita et autres appareils à gazéifier l’eau à domicile – dans plus de 43 pays. Si l’affichage cannois fait scandale aux yeux de multiples associations de défense des droits des Palestiniens, c’est parce que l’un des principaux sites de production de l’entreprise, Soda Club, se trouve dans la zone industrielle illégale de Mishor Edomim, près de Ma’aleh Adumim, à l’est de Jérusalem, en territoire palestinien occupé. Dans un communiqué, une vingtaine d’ONG mettent en doute les prétentions de cette entreprise, qui « s’affirme comme socialement responsable » alors qu’elle est implantée dans une colonie « construite en Cisjordanie occupée, en violation du droit international ». Selon elles, ce site de la multinationale « contribue à la pollution de l’eau et des terres palestiniennes », alors que la colonie de Ma’aleh Adumim « assure la gestion de la décharge israélienne d’Abu Dis » où sont déversées chaque jour « plus de 1 100 tonnes de déchets » en provenance de Jérusalem et des colonies israéliennes. Pourtant, l’entreprise fait de la « sensibilisation à la protection de l’environnement » l’un de ses credo.
Sodastream, dont le siège social se trouve à proximité de l’aéroport de Tel-Aviv, emploie, à Ma’aleh Adumim, des salariés palestiniens. L’entreprise, comme certains députés de la Knesset, présentent ce recrutement palestinien comme un « progrès pour la paix ». Dans les faits, l’aubaine est pour Sodastream, qui trouve parmi les Palestiniens des salariés sous-payés et corvéables à merci. En février 2013, l’ONG Corporate Watch a demandé l’autorisation de visiter le site de production. L’accès lui a été refusé. « Les travailleurs palestiniens disent qu’ils sont discriminés, ils ne gagnent pas même la moitié du salaire minimum et les conditions de travail sont atroces. S’ils réclament leurs droits, ils sont virés. C’est le cas dans la plupart des entreprises de cette zone, mais Soda Club est l’une des pires », rapporte Salwa Elinat, coordinatrice de Kav LaOved, une organisation de défense des droits des salariés en Israël et en Palestine.
Pour Sodastream, l’État israélien est un partenaire à part. Dans une interview donnée au magazine Globes, en mars 2000, Peter Wiseburgh, le fondateur de l’entreprise, assurait que la décision d’implanter son usine en territoire palestinien occupé n’était en aucun cas un choix « politique ». En bon homme d’affaires, sa règle est : « Business is business. » Bien sûr, les réductions d’impôts et de frais (en plus d’une main-d’œuvre à bas prix) ne pouvaient qu’encourager cette décision.