Photo : Attaque de l’armée israélienne sur Jéricho le 1er mars 2023 (Times Of Gaza / Twitter)
Le mercredi 1er mars, Mahmoud Jamal Hasan Hamdan, 22 ans, a été tué par les forces israéliennes lors d’une invasion du camp de réfugiés d’Aqbat Jabr à Jéricho.
Selon les rapports reçus par le Bureau de coordination palestinien d’Israël, Hamdan a d’abord été blessé par des balles israéliennes puis arrêté, succombant à ses blessures alors qu’il était en détention israélienne.
L’invasion de l’armée aurait eu lieu en réponse à une attaque par balles survenue quelques jours plus tôt et qui aurait été menée par un groupe de Palestiniens du camp. Un certain nombre de Palestiniens ont également été arrêtés au cours de l’invasion, l’armée israélienne affirmant qu’ils faisaient partie d’une cellule responsable de l’attaque.
Deuxième siège de Jéricho cette année
L’incursion a commencé lorsqu’une camionnette blanche transportant des forces spéciales israéliennes est entrée dans le camp, suivie peu après par un assaut militaire massif lancé par l’armée israélienne.
Vers 13 heures, la brigade Aqbat Jabr (AJB) - un groupe de résistance palestinien apparu en février dernier dans le cadre de l’expansion des groupes de résistance armés dans toute la Cisjordanie en 2023 - a indiqué sur sa chaîne Telegram qu’elle était confrontée à un assaut militaire qu’elle continuait à repousser par des échanges de tirs avec des soldats israéliens.
Selon les médias israéliens, l’objectif de l’invasion militaire était d’arrêter une cellule affiliée au Hamas qui avait mené une attaque armée dans la rue Arba au début de la semaine. Lors de cette attaque, le 27 février, un Américano-israélien a été abattu par deux Palestiniens depuis une voiture. Il a succombé à ses blessures à l’hôpital universitaire Hadassah de Jérusalem.
Selon des journalistes locaux, les forces israéliennes ont envahi Jéricho vers 12 h 50 et se sont dirigées vers le camp de réfugiés d’Aqbat Jabr. En l’espace de 15 minutes, les forces israéliennes ont encerclé et assiégé un Palestinien résidant dans le camp, Maher Shlon, exigeant qu’il se rende.
À 14 heures, quatre Palestiniens de la même famille ont été arrêtés : les frères Maher, Amer, Abdelnasser et Mohammad Shlon, ainsi que le fils de Mohammad, Saleh, âgé de 24 ans. Tous les hommes arrêtés sont d’anciens détenus politiques. Un cinquième Palestinien, Abdelnasser Shlon, 47 ans, a également fait l’objet d’une arrestation punitive, sans justification apparente de la part de l’armée. Il est membre du conseil d’administration du Club des prisonniers palestiniens.
Ils se trouvaient tous dans la même maison au moment de l’assaut. Selon les médias israéliens, ils faisaient partie d’une cellule responsable de l’opération armée. Les détenus de la famille Shlon ont été transférés au centre de détention militaire d’Ofer et doivent être entendus par un tribunal militaire le dimanche 5 mars.
Pendant ce temps, Mahmoud Hamdan, présumé faire partie de la même cellule, se trouvait dans le même bâtiment que les membres de la famille Shlon. Il a été blessé au cours de la première heure de l’assaut. Selon une déclaration commune de l’armée et des services de renseignement israéliens, Hamdan a été blessé alors qu’il sortait de la maison encerclée par l’armée.
Selon l’agence de presse WAFA, Hamdan a été blessé par une balle dans l’abdomen. Il était en train d’être réanimé et soigné par des médecins palestiniens, lorsque les forces israéliennes sont intervenues et les ont empêchés de le soigner, plaçant Hamdan en détention malgré sa blessure. Il a succombé à cette blessure en prison.
Une heure après le début de l’invasion, le gouverneur de Jéricho, Jihad Yousef Abu Al-Asal, a déclaré à la presse que "la population palestinienne n’a que Dieu". Abu Al-Asal est également originaire du camp de réfugiés d’Aqbat Jabr.
Une femme a été blessée par une balle en caoutchouc à la tête lors de l’invasion, mais son état reste stable, selon Nasser Anani, directeur de l’hôpital de Jéricho, qui s’est entretenu avec Mondoweiss.
Un soldat aurait été blessé lors de l’invasion.
Deux heures après le début de l’opération, l’armée israélienne s’est retirée du camp.
Dans des vidéos tournées par des habitants du camp et des journalistes présents sur place qui ont circulé sur les réseaux sociaux, on voit des soldats israéliens retenir un homme et un jeune enfant prisonniers alors qu’ils tirent dans le camp, ce qui montre clairement qu’ils utilisent les Palestiniens comme boucliers humains. Il s’agit d’une pratique historique et courante de l’armée israélienne et elle a été condamnée par les organisations de défense des droits de l’Homme et les organes officiels de l’ONU comme une violation du droit international.
Poursuite du massacre
Jeudi matin, la ville de Jéricho a fermé ses portes pour une grève générale, en signe de deuil après l’assassinat de Hamdan la veille.
Les points d’entrée et de sortie de Jéricho sont fermés par l’armée israélienne, et ce, depuis l’attaque initiale du 27 février jusqu’au mercredi 1er mars au soir.
Un jour avant l’attaque d’Aqbat Jabr, le dimanche 26 février, un Palestinien armé a abattu deux colons de la colonie illégale de Har Bracha à Huwwara. Cela a été suivi d’un déchaînement de violence des colons dans la ville palestinienne qui a été décrit comme un pogrom. Selon le chef du conseil municipal, Muin Dumeidi, l’attaque a coûté plus de 18 millions de shekels en dommages (environ 4 944 533 dollars américains).
Les deux fusillades menées par la résistance à Huwwara et à Jéricho ont eu lieu en réponse à un raid militaire israélien massif sur Naplouse le 23 février, qui a entraîné la mort de 11 Palestiniens et en a blessé plus de 102.
Depuis le début de l’année, et en l’espace de 62 jours, l’armée israélienne et les colons armés ont tué 66 Palestiniens, dont 12 enfants.
L’année dernière a été la plus meurtrière pour les Palestiniens de Cisjordanie depuis que les Nations unies ont commencé à recenser les meurtres en 2005.
Traduction : AFPS