« Le jour où un tel rassemblement aura lieu à Tel- Aviv, le moment d’une paix juste sera arrivé. » L’adresse lancée par le journaliste israélien Gideon Levy aux centaines de participants réunis ce 17 mai à Paris, porte de Versailles, pour la journée « Paix comme Palestine » (1) ,exprimait bien le sentiment général face à l’importance de cette journée et l’impasse actuelle du conflit israélo-palestinien.
Concerts, expositions de photos, débats en présence de personnalités palestiniennes, israéliennes et européennes : cela faisait des années qu’une telle initiative n’avait pas été prise en faveur de la paix en Palestine. « Une initiative à la hauteur des enjeux marqués par le 60e anniversaire de la création d’Israël », a souligné Bernard Ravenel, président de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine. Et le premier d’entre ces enjeux : arriver à « un État palestinien, commencement d’une véritable paix dans ce Moyen-Orient laminé et maltraité, où des Palestiniens ont été obligés de fuir leurs villages, au cours de la Naqba (la catastrophe) », a rappelé Stéphane Hessel, ambassadeur de France, en introduction.
La création d’Israël et ce qu’elle a signifié pour les Palestiniens a été au coeur des débats, non comme un simple objet d’étude, mais parce qu’elle est au centre du conflit sur le partage des terres et le retour des réfugiés. « Il est indiscutable que la création d’Israël a représenté une immense injustice faite aux Palestiniens », a expliqué l’Israélien Avi Shlaim, un des nouveaux historiens qui ont fait tomber les mythes sionistes de la création d’Israël, en reconnaissant l’expulsion de 800 000 Palestiniens en 1947-1948.
« La Naqba n’est pas uniquement une mémoire », a rappelé Hind Khoury, déléguée générale de la Palestine en France, dénonçant une nation palestinienne brisée socialement, politiquement, économiquement. « Il y a soixante ans, la vie de toute une nation a été brisée. Soixante ans plus tard, elle subit les raids, le blocus, les barrages, la confiscation des terres, les mesures d’occupation… » L’europe a totalement suivi les États-Unis »
Dans un contexte de catastrophe humanitaire à Gaza, d’échec des négociations lancées à Annapolis, et de division du mouvement national palestinien, la responsabilité de l’Europe a été unanimement soulignée. « Les dirigeants européens savaient qu’Israël menait une politique de faits accomplis (à travers l’extension des colonies, le mur, la démolition des habitats palestiniens… – NDLR) visant à empêcher la naissance d’un État palestinien.
Mais ils n’ont rien fait… », rappelle Francis Wurtz, président du groupe de la Gauche unie européenne.
Alors que la France doit prendre la présidence de l’Union européenne le 1er juillet, les participants ont interpellé le président de la République sur ses intentions. Quid du projet d’Union méditerranéenne ? Pour Leïla Shahid, « il n’y a pas d’avenir pour cette alliance si l’un des partenaires n’a pas d’existence souveraine ». L’accord d’association existant entre les Palestiniens et l’Union européenne ? Impossible de le mettre en oeuvre puisque les territoires sont occupés et bouclés. En revanche, l’Europe négocie un statut particulier avec Israël. « Qu’en est-il de la conditionalité des rapports économiques ? » s’est interrogée la déléguée générale de la Palestine auprès de l’UE. Ce principe qui veut que l’Europe ne fasse des affaires qu’avec les pays qui respectent les droits de l’Homme. L’UE est le premier partenaire commercial d’Israël et aurait donc les moyens de faire pression, a-t-il été rappelé. Mais d’évidence seule une puissante mobilisation de la société civile française y parviendrait.
Ce 17 mai s’est achevé par la lecture d’un message de Marwan Barghouti [1] : votre soutien « contribue aussi à fortifier ma volonté et ma capacité à défier l’occupant, et ceci du fin fond de ma cellule, depuis laquelle, en dépit de son obscurité et de son étroitesse, j’entends votre voix haute et forte en soutien à notre peuple ».