Photo : les résidents de Sheikh Jarrah residents font le signe de paix à l’audience de la Haute Cour israélienne lundi. Credit : Ohad Zwigenberg / Haaretz
Un verdict final sur l’expulsion de Palestiniens de leurs maisons à Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est occupée a été reporté après que la Cour Suprême israélienne ai considéré qu’elle n’avait pas entendu suffisamment d’arguments de la part des deux parties.
La Cour devait arriver à un verdict final plus tard lundi ou tenir une autre audience dans les jours qui suivent, d’après Sami Ershid, l’un des avocats des familles palestiniennes.
Plus tôt lundi, la Cour a suggéré un compromis stipulant que les familles palestiniennes admettent que la propriété de leurs maisons revient à l’organisation de colons Nahalat Shimon, le plaignant qui cherche à récupérer les maisons, en échange de l’autorisation à rester dans leurs maisons en tant que « locataires protégés » jusqu’à ce que trois générations de la famille soient décédées.
Cependant, aucun accord n’a été trouvé sur cette proposition qui requiert notamment que les familles payent un loyer à Nahalat Shimon.
La décision de la Cour de reporter le verdict final signifie qu’elle n’a ni accepté ni rejeté l’appel des familles palestiniennes.
Si l’appel échoue, quatre familles - Iskafi, al-Kurd, Jaanoi et Qassem – seront forcées de quitter leurs maisons pour laisser la place à des colons israéliens.
Alaa Salayma, l’un des Palestiniens menacé d’expulsion, a rapporté à Middle East Eye que les familles avaient catégoriquement refusé le compromis.
« A la minute où nous payerons un loyer pour nos maisons, cela signifiera que nous avons abandonné la propriété de nos maisons » a ajouté Salayma. « Ce n’est pas une option. Nous sommes les propriétaires de ces maisons. »
Muna al-Kurd, une militante palestinienne et membre de la famille Al-Kurd a considéré que la Cour faisait trainer pour éviter de prendre une décision.
« Ils font pression sur nous pour accepter un compromis qui satisferait les colons, mais nous avons rejeté cela » a expliqué Kurd à MEE.
Mohammed al-Kurd, frère jumeau de Muna, a déclaré qu’il n’était pas optimiste sur le fait que la Cour rendrai un verdict juste.
« Je pense que ce système ne sera jamais équitable ou juste » a expliqué Mohammed aux reporters à l’audience. « Ce pays tout entier a été établit sur le vol de la terre et des maisons des palestiniens. »
Ordres d’expulsion
Depuis qu’Israël s’est emparé de Jérusalem-Est durant la guerre de 1967, des organisations de colons israéliens ont réclamé la propriété de terres à Sheikh Jarrah et ont intenté avec succès de multiples procès pour faire expulser des Palestiniens du quartier – bien que les colonies dans les territoires occupés soient illégales au regard du droit international.
Plus tôt cette année, un tribunal de district de Jérusalem a jugé que les maisons des quatre familles appartenaient légalement à des familles juives en se référant à des achats il y a des dizaines d’années.
Les familles palestiniennes font partie des 28 familles – correspondant à 500 Palestiniens – qui font face à des ordres judiciaires d’éviction similaires dans le quartier.
L’ONG israélienne Ir Amim a affirmé dans une déclaration qu’une pression concertée devait être exercée sur le gouvernement israélien pour « mettre fin à ces mesures de dépossession. »
L’organisation a relevé que presque 150 familles palestiniennes - totalisant plus de 1000 personnes – étaient menacées de déplacement de masse des quartiers de Sheikh Jarrah et Batan al-Hawa.
Plus tôt ce lundi, des centaines de personnes se sont réunies devant la Cour à Jérusalem avant la décision afin de montrer leur soutien aux familles palestiniennes.
« Ce n’est pas un problème légal » a déclaré à MEE Sami Abu Shehadeh, membre de la Liste Unie qui représente des citoyens palestiniens d’Israël au parlement israélien, la Knesset.
« C’est une question politique. Cela fait partie de l’effort israélien actuellement à l’œuvre pour judaïser Jérusalem-Est, qu’il a occupé en 1967 » a ajouté Abu Shehadeh. « C’est une violation claire du droit international. »
Un verdict devait être rendu en mai mais a été reporté après que la Cour ai demandé au Procureur Général, Avichai Mandelblit, de soumettre son opinion juridique sur les menaces d’expulsion. En juin, Mandelblit a déclaré qu’il n’interviendrait pas sur la question.
Les expulsions forcées programmées ont déclenché un grand mouvement de protestation et de sit-in pro-palestinien à Sheikh Jarrah en mai. Les manifestations journalières ont été violemment dispersées par les forces israéliennes qui ont utilisé des gaz lacrymogènes, des bombes sonores et des balles en acier recouvertes de caoutchouc.
Les tensions ont coïncidé avec des raids israéliens violents à la mosquée Al-Aqsa qui ont donné lieu à des manifestations de masse à travers Israël et les Territoires occupés et à un conflit armé de 11 jours entre les forces israéliennes et des groupes palestiniens dans la bande de Gaza assiégée.
Les forces israéliennes ont tué au moins 260 Palestiniens, dont 66 enfants. Douze personnes ont été tuées en Israël par des roquettes palestiniennes, dont deux enfants.