Qu’en est-il dans les faits ...
Les Palestiniens avaient, avant les annexions et les occupations israéliennes, leurs services de santé (exemple : à Béthléem existe les plus ancien hopital psychiatrique palestinien qui date d’avant la 2ème guerre mondiale)
Aujourd’hui c’est le ravage. Un exemple entre 1000 de la destruction du système de santé palestinien me fut donné lors d’une simple visite à Béthanie , faubourg de Jérusalem , jouxtant le Mont des Oliviers et si proche du centre de Jérusalem que l’histoire des Evangiles nous raconte que c’est là que Jésus venait se reposer chez ses amis Lazare, Marthe et Marie après ses prêches au Temple et que c’est là aussi qu’il ressuscita Lazare.
A trois minutes de la Tombe de Lazare et de l’église Orthodoxe existaient l’hôpital et le dispensaire sur le Mont des Oliviers, je dis « existaient » car aujourd’hui avec Béthanie transformé en Camp de Concentration par le Mur de 8 mètres coupant cette merveilleuse localité habitée par les Palestiniens, le dispensaire et l’hôpital sont annexés à la municipalité de Jérusalem et les patients palestiniens de Béthanie n’ont plus la possibilité de s’y rendre à moins de se lancer dans une tentative de sortie par l’unique passage contrôlé par les Israéliens, les checks points contrôlés par les Israéliens, les arrêts arbitraires décrétés aux checks-points par les soldats israéliens, tentative qui prend des heures -le temps de mourir s’il y a urgence.
Mon amie palestinienne gynécologue me dit que maintenant les femmes enceintes de Béthanie n’interrogent plus sur ce qu’est un accouchement mais se demandent si elles parviendront à un hopital en cas d’accident pour elle ou pour l’enfant .
Je signale que l’hôpital était « israélien » puisque avec l’occupation est nommé « israélien » tout ce qu’ils ont décidé l’être et qu’ils se sont arrogés le droit d’administrer et de découper la carte sanitaire à leur convenance.
Il n’en reste pas moins que les médecins ont toujours été et sont encore palestiniens, formés où ils ont pu : ancienne URSS, Croatie, Jordanie, France ? Koweit etc....
Pour les médecins avec qui j’ai vécu cet été, c’est la même galère que pour les malades pour se rendre à leur travail : s’ils habitent Jérusalem ils mettent des heures, vu les routes qu’on les oblige à emprunter et les checks points où l’on ne cesse de les bloquer quand ils se rendent à leur travail ; et s’ils habitent Béthanie idem : le dispensaire qui jouxtait leur maison se retrouvant de l’autre coté du Mur .
Petite scène de la vie quotidienne : j’accompagne à son boulot une amie médecin palestinienne habitant Jérusalem. Check point : contrôle rapide de mon passeport par un petit impubère armé d’une mitraillette -aucun problème pour moi, je suis une touriste française !. Pour mon amie le contrôle de sa
carte de résident traîne et puis la décision du petit boutonneux tombe « Vous ne passez pas » . « Pourquoi ? » « Il n’y a pas de pourquoi. Vous ne passez pas ». « Je suis médecin. Mes patients m’attendent ». Réponse sarcastique » « Moi aussi je suis médecin et vous ne passez pas ». Et elle ne passe pas. « Il n’y a pas de pourquoi ! » : éternelle réponse des tyrans.
Béthanie encore : Nous regardons de l’extérieur le Mur du Camp de Concentration qu’est devenu Béthanie : petite faille dans le Mur imparfaitement accolé au rocher. Nous voyons sortir par cette faille une fillette -12 ans environ-, quelqu’un que l’on ne voit pas encore lui tend un nourrisson, puis une femme- la mère je suppose- apparaît : va t-elle essayer de voir un pédiatre, un médecin, un membre de sa famille ....Bref ! Elles passent.
Venues là en voiture nous contournerons le Mur et emprunterons la route définie par la « légalité » de l’occupant : après 2-3 heures de routes imposées, de checks-points contrôlés je visiterai Béthanie. Une de mes amies part à son travail, l’autre reste avec moi. Après la visite, voulant me rendre sur le Mont des Oliviers, là, à deux pas, j’emprunte avec d’autres la faille vue le matin ; je grimpe le rocher et là, en bas, invisibles avant qu’ils ne nous voient, des soldats israéliens armés !-trop tard pour reculer : contrôle -je suis française, rien ! pas de problèmes. Mon amie est « Résidente » de Jérusalem, elle passe, et puis il y a les Palestiniens de Béthanie, faubourg de Jérusalem : on les arrête, et ils stationnent des heures sous la garde de militaires israéliens armés jusqu’à ce que les flics viennent et les mettent en taule.
Mon amie m’apprend que quand Sharon parle de « libération des prisonniers palestiniens » c’est essentiellement de ceux-là qu’il s’agit.
Par ailleurs les Palestiniens de Jérusalem, Béthanie etc... cotisaient comme tous les travailleurs du monde à une caisse d’assurance-maladie pour avoir le droit de se soigner -caisse dont l’occupant bien sûr ! s’est accaparé la gestion - et qui payait les médecins palestiniens des dispensaires. Désormais ceux qui sont emmurés par les Israéliens ne sont plus considérés comme relevant de ces caisses : ils ont payé toute leur vie, on leur supprime toute couverture : qu’ils aillent à Ramallah, à 40 Km s’ils veulent se soigner, à la charge de caisses auxquelles ils n’ont jamais rien versé.
Pareil pour les caisses de retraites. Pareil pour les impôts : à Jérusalem-Est, les Palestiniens payent à l’administration israélienne des impôts et des taxes supérieurs à ceux de la moyenne des Jérusalémites mais il faut voir l’état des quartiers dont les Israéliens ne sont pas encore parvenus à les chasser : leurs taxes contribuent pour 30% au budget de la Ville, mais moins de 10% revient aux Palestiniens : c’est ainsi que vous avez certains quartiers où les maisons arabes sont splendides mais où les routes ne sont pas bitumées, l’éclairage est minimal, le ramassage des ordures pas assuré- les habitants, qui ont déjà payé impôts, taxes, patentes tentent de faire par eux-mêmes ce qu’ils peuvent mais comme, là aussi, toute création de société ou d’entreprise, tout achat de camions etc. sont soumis à autorisation israélienne- et ils ne l’obtiennent pas - leurs moyens restent limités .
Comme le disait le si « bon maire » de Jérusalem ! Teddy Kollek « J’ai fait des choses pour la Jérusalem juive depuis 25 ans . Mais pour Jérusalem-Est, rien du tout ! Ni trottoirs, ni institutions culturelles. Ah oui ! Nous leurs avons installé un système d’égout et amélioré la distribution d’eau. Mais ce n’était pas pour leur bien-être. C’est simplement parce qu’il y avait là des cas de choléra et que les juifs avaient peur de la contagion ».
Il oublie de rappeler qu’ il leur a fait des impôts, des cotisations maladie ou retraite qu’il s’est empressé d’empocher et que maintenant on supprime aux Palestiniens tout ce pour quoi ils ont travaillé et payé.
Et oui : Voilà ce que les propagandistes appellent « soigner dans les hôpitaux israéliens » .
Et les conditions de Béthanie se retrouvent à l’identique à Bethléem, Hébron, Yaffa ....J’ai rencontré cet été un médecin palestino-israélien, revenu à Yaffa après ses études de médecine faites en Europe. Habitué à un certain respect et à une vie plus digne que celle que lui autorisent les Israéliens- une vie qui n’est pas celle des Camps- il est reparti en Europe !
Comment le juger . « Ils nous étouffent » me dit-il et ce n’était une métaphore. Il était à bout de souffle au bout de trois mois passés à Yaffa pour voir comment il pouvait encore y travailler.
Les gens dont je parle sont les habitants de ce pays, la Palestine, de ces villes -ils les ont bâties, habitées, faites belles -depuis 2000 ans. Et ce sont eux que l’on traque, enferme, expulse, tue . C’est à effacer leurs traces, que s’acharnent nos neo-cons sionistes, tenants du pays ethniquement pur .
De : L.S dimanche 9 octobre 2005