Le ministre palestinien des prisonniers et des libérés, Isaa Qaraaë, a déclaré que : "Les autorités pénitentiaires ont imposé de lourdes sanctions et des mesures sans précédent, mettant les prisonniers en état de rébellion contre toutes les règles en vigueur dans les prisons de l’occupation".
L’Article 119 de la quatrième Convention de Genève, dont Israël est signataire, stipule l’illégalité de l’isolement continu de plus de trente jours d’un prisonnier, quelle que soit l’infraction commise et même dans les cas où un prisonnier aurait à répondre de plusieurs faits, au moment où il est statué à son égard, que ces faits soient connexes ou non. L’article 116 de cette même convention acte le droit des prisonniers à recevoir des visites et en premier lieu celles de leurs proches.
Or, les prisonniers palestiniens qui sont des prisonniers politiques font souvent l’objet d’actes de vengeance de la part des gouvernements successifs israéliens. Cette fois-ci, c’est à la demande de Netanyahou, que des mesures punitives ont été prises contre les détenus palestiniens. Parmi lesquelles :
1) Interdiction d’accéder aux livres et aux programmes éducatifs
2) Généralisation et augmentation de la durée d’isolement des détenus. Cette période peut atteindre plusieurs années, voire une dizaine d’année dans certain cas.
3) Restrictions drastiques, voire même suppression pure et simple du droit de visite des familles
4) Ainsi que d’autres mesures d’humiliation comme l’obligation de rencontrer son avocat menottes aux poignets.
5) Augmentation de 20 jours de la peine de prison pour chaque année passée en incarcération, soit 100 jours, par exemple, pour 5 années de condamnation.
Cette grève avait commencé la veille par des militants prisonniers du Front populaire de libération de la Palestine pour protester contre l’isolement continu de leur secrétaire général Ahmad Sa’adat depuis quatre ans.
Le député et dirigeant du Fatah Marwan Barghouti avait lui aussi subi cet acte de vengeance en juillet dernier, juste après avoir appelé les Palestiniens à descendre par milliers dans la rue pour accompagner la demande palestinienne d’adhésion à l’ONU. Le prisonnier Ahmad al-Moghrabi, qui avait déjà subi l’isolement dans les cellules individuelles de Beer Saba, les décrit comme étant de "sombres cercueils" : les cellules sont étroites, sombres, souterraines, humides, sans aération.
Il est du devoir de la communauté internationale, et plus particulièrement la France dont l’un de ses ressortissants, Salah Hamouri, fait partie de ces prisonniers, de sommer Israël de respecter le droit international et de cesser de maintenir un grand nombre de prisonniers en isolement, au mépris des dispositions de la quatrième convention de Genève. Israël refuse d’appliquer ces conventions en arguant que les territoires occupés en 1967 seraient des « territoires disputés ».
Cette position n’a rien à voir avec le droit car il s’agit bel et bien de territoires occupés selon tous les critères internationaux.
Jean-Claude Lefort
Président de l’AFPS
Le 6 octobre 2011