Il était 3h30 du matin, juste avant l’Aid al-Adha. Nouns nous étions préparés à célébrer la fête dans notre nouveau logis de rêve, que nous avons mis des années à finir. Des dizaines de soldats israéliens, venus avec des chiens, ont pris d’assaut notre logis, en terrifiant nos trois enfants. Ils m’ont emmené les yeux bandés et les mains menottées à un centre militaire d’interrogatoires près de Haïfa. J’aurais souhaité pouvoir visiter la belle ville palestinienne de Haïfa dans d’autres circonstances !
A l’arrivée, ma main droite était enflée, bleue, et insensible après des heures à avoir été enchaînée de façon serrée. Ils ont ignoré mes plaintes et ne l’ont pas soignée. Aujourd’hui encore, des semaines après mon arrestation, une partie de ma main est toujours insensible.
Ils m’ont mis dans une minuscule cellule sans fenêtre, aux murs de béton brut, et avec une grande porte métallique. Et avec une lumière vive toujours allumée. Je ne pouvais pas voir s’il faisait jour ou nuit, si bien que le temps avançait lentement.
Pendant mes 19 jours d’interrogatoire, je n’ai jamais vu le soleil, sauf pendant un total de 20 minutes, quand j’ai été emmené aux audiences du tribunal militaire.
J’ai résisté aux conditions dégradantes de détention en me rappelant les rires de mon fils Ahmad, âgé de deux ans, des conversations avec ma femme, mes amis et mes collègues, et beaucoup de petits détails de la vie auxquels je n’avais pas prêté attention auparavant.
Les enquêteurs m’ont forcé à m’asseoir dans un siège métallique étroit pendant 16 heures dans une position provoquant de vives douleurs, en se relayant pour hurler et me menacer. Mais ils n’ont pas réussi à entamer ma volonté et mon espoir. Tous deux découlent de mon absolue croyance en la justice de notre - et de ma - cause, et de mon assurance que le mouvement de BDS auquel j’appartiens, soutenu dans le monde entier par des personnes de conscience, mènerait campagne sans relâche pour ma libération.
J’ai surmonté ma solitude dans leur cellule crasseuse en m’unissant, mentalement, aux millions de personnes solidaires de la lutte de notre peuple pour la libération, le retour et l’auto-détermination. Vos voix lointaines m’atteignaient spirituellement, me donnant de la force et nourrissant mon espérance.
Aujourd’hui, je suis libre ! N’était-ce votre solidarité, mon incarcération aurait été incommensurablement pire. Je n’ai pas de mots pour exprimer ma profonde gratitude à tous ceux qui ont participé à la campagne pour faire pression sur l’Israël d’apartheid pour me faire libérer.
Ainsi que la grande poétesse Afro-Américaine et militante des droits civiques l’a dit une fois : « l’espérance et la peur ne peuvent pas occuper le même espace en même temps. Invitez l’une d’elles à rester ».
J’ai invité l’espérance et la résistance.
Uni avec vous, pour la Liberté, la Justice et l’Egalité,
Mahmoud Nawajaa
Traduit de l’anglais par Y. Jardin, membre du GT prisonniers de l’AFPS