Le discours du président palestinien Mahmoud Abbas à l’Assemblée générale des Nations unies la semaine dernière était très émouvant. Le leader palestinien, qui a été présent à tous les grands carrefours de l’histoire palestinienne - de la Nakba en 1948 aux accords d’Oslo en 1993, en passant par la défaite de 1967 - est monté sur le podium de l’assemblée générale et a lancé un appel répété au monde : mettez fin à l’occupation.
Abbas était lucide et concentré, mais son discours cachait des signes évidents de vieillissement, comme une respiration lourde, ainsi que l’agitation et le cynisme typiques des personnes âgées qui sont fatiguées de se répéter encore et encore. Toute personne connaissant les discours d’Abbas au cours des 17 dernières années aurait facilement identifié le ton différent dans la voix de cet homme de 87 ans. Ses paroles trahissaient le sentiment que cet homme n’était plus sûr de se tenir sur le même podium dans un an.
C’est pourquoi il a choisi de présenter un aperçu général de la question palestinienne, faisant appel au cœur des Palestiniens en tant que leader qui défend leurs intérêts nationaux. Dans le même temps, il a lancé un appel aux autres dirigeants arabes et à la communauté internationale dans son ensemble, en soulignant que les Palestiniens n’accepteront pas les directives de quiconque propose des solutions allant à l’encontre de ces mêmes intérêts nationaux - qu’il s’agisse de Yasser Arafat, de Mahmoud Abbas ou de quiconque prendra sa place.
Dans son discours, le président palestinien a évoqué la résolution 181 de l’ONU concernant le plan de partage de 1947, les événements de la Nakba et les réalités actuelles de l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza, ainsi que les conséquences des accords d’Oslo.
Le panorama historique a couvert tous les aspects importants du récit palestinien, y compris la question des réfugiés, la résolution 194 concernant le droit au retour des Palestiniens, la question des prisonniers politiques palestiniens et les obligations de l’AP à leur égard, et bien sûr, Jérusalem et les lieux saints. M. Abbas n’a pas manqué de mentionner le meurtre de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh à Jénine en mai dernier.
Le bureau du président à Ramallah a souligné que la mention de la Nakba dans le discours n’était pas un hasard. L’année prochaine, Israël fêtera les 75 ans de son indépendance et en Palestine, nous commémorerons la Nakba, ont déclaré les collaborateurs de M. Abbas. Si vous ne voulez pas parler de 1967, alors parlons de 1948. Si vous ne voulez pas de deux États, alors laissez un seul État.
Néanmoins, et bien qu’il ait semblé en colère et désespéré, Abbas n’a pas fait de déclaration qui change la donne. Outre l’annonce que la Palestine cherchera à rejoindre les organisations internationales en tant que membre à part entière, il a réitéré ses menaces d’annuler la reconnaissance d’Israël par les Palestiniens, mais n’a pas mentionné de calendrier précis. M. Abbas a également maintenu la ligne concernant son engagement en faveur de la lutte non violente. "Nous sommes vos partenaires", a-t-il déclaré aux membres présents à l’Assemblée. "Nous n’aurons pas recours à la violence, et nous lutterons contre le terrorisme". Il a ajouté que la Palestine demandera des comptes et la justice à la Cour pénale internationale et aux autres organisations de l’ONU.
Le discours d’Abbas ne contenait pas d’annonces politiques surprenantes ou révolutionnaires. Le Palestinien moyen de Gaza ou de Cisjordanie - ou même d’un camp de réfugiés et de la diaspora - n’aurait rien entendu qu’il ne sache déjà, mais plutôt une description de la sombre réalité cristallisée, celle des maux de l’occupation et de l’apartheid.
Certes, vers la fin de son discours, Abbas a adopté un ton conciliant et a parlé positivement des déclarations du président américain Biden et du Premier ministre israélien Yair Lapid concernant la solution à deux États, mais il sait trop bien que les Palestiniens sont fatigués des déclarations vides et aspirent à des actions concrètes.
En ce qui concerne M. Abbas, il n’y a pas besoin d’un nouveau plan de paix ou de voies et de feuilles de route supplémentaires. Tout est déjà sur la table, et ce qu’il faut, c’est qu’Israël, et la communauté internationale dirigée par les États-Unis, prennent la décision stratégique d’arrêter de simplement gérer le conflit et d’y mettre fin pour de bon.
Photo : UN Photo/Cia Pak
Traduction et mise en page : AFPS / DD