Quatre d’entre eux à Gaza : trois lors d’une incursion, à l’aube, de chars et d’hélicoptères dans un quartier au sud de Gaza, et le quatrième a été tué au motif qu’il circulait, non armé, dans une zone « interdite » aux Palestiniens.
A Beit Omar, en Cisjordanie, un adolescent a été tué par des tirs de l’armée israélienne qui dispersait une procession (de lanceurs de pierres et de cocktails Molotov).
Dix Palestiniens ont été blessés en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza par des tirs de l’armée, dont quatre enfants et une femme grièvement blessée.
L’armée israélienne a fait huit incursions dans des villages et dans des maisons de suspects.
Douze personnes ont été arrêtées, dont six âgées de moins de 18 ans.
En 18 endroits de Cisjordanie, on s’affairait à la construction de la clôture de séparation. Le couvre-feu était imposé à un village…
Tel est le détail du bilan du jour dressé par le département des négociations de l’OLP.
Au cours de la semaine qui a précédé la mort d’Arafat, sept Palestiniens ont été tués, dont un enfant. Quatre d’entre eux au cours d’une opération de « liquidation » à Jénine, sans combat. Un seul a été tué dans un combat avec les forces de l’armée israélienne.
Six maisons ont été démolies à Rafah, environ 120 dounams de terres agricoles ont été « rasées » dans le sud de la Bande de Gaza, trois maisons ont été détruites dans des opérations punitives.
Tel est le détail donné par le rapport hebdomadaire du « Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme ».
L’Institut Palestinien pour la Recherche Appliquée (ARIJ) récapitule chaque mois toutes les activités liées à la construction dans les colonies, aux annexions, aux expropriations. Sur son site Internet, se trouve déjà la liste détaillée pour octobre.
Par exemple : à l’ouest de Tsourif, dans la région de Hébron, cent oliviers ont été arrachés pour les besoins de la clôture de sécurité. A Beit Sahour, 14 familles ont reçu des ordres de destruction de leurs maisons au motif qu’elles n’avaient pas reçu de permis de bâtir, bien que les maisons fassent partie d’un projet de logements de l’Eglise orthodoxe. 17 familles d’Abou Dis, à côté du mur de séparation, ont reçu l’ordre d’évacuer leurs maisons en vue de leur destruction.
L’agonie d’Arafat et ses funérailles - anarchie ou non - puis les coups de feu dans la tente de deuil à Gaza - lutte pour la succession ou non - ont fait oublier qu’il y a la vie, autrement dit l’occupation et la mort et la destruction, sans lien avec le Raïs.
Et les discussions sur le fait qu’après Arafat, il est possible de reprendre les négociations, aident ceux qui aiment ne pas prendre en compte les intentions israéliennes, concrétisées sur le terrain, d’empêcher la création d’un Etat palestinien viable conformément aux résolutions de l’ONU.
Maintenant, sans Arafat, y aura-t-il retournement de la politique d’annexion accélérée de vastes parties de la Cisjordanie ? Israël arrêtera-t-il le processus de transformation de la Cisjordanie en un assemblage d’enclaves palestiniennes éparpillées, coupées les unes des autres par des blocs de colonies et des barrages ressemblant à des postes frontières et des routes comme dans le tiers-monde, d’un côté, et de l’autre côté, en une succession de faubourgs israéliens de prestige et de routes semblables, par la largeur et la qualité, aux routes de Californie ? Evidemment non.
Dans les années d’Oslo, s’est formée l’illusion que la tâche la plus brûlante était de « bâtir un Etat » : tous les efforts des Etats du monde et leur coussin financier, le comportement de l’Autorité et la dépendance de ses responsables à l’égard des symboles de souveraineté ont renforcé l’illusion.
Dans la conscience israélienne, s’est produit un bond : l’Autorité a été considérée comme étant déjà un Etat. Un Etat au territoire virtuel et dont les frontières à venir, le contrôle des richesses naturelles, l’enregistrement de la population et la liberté de mouvement sont fixés par Israël et sa puissance militaire - mais cela, on l’oubliait. En tant qu’Etat, elle était considérée comme l’agresseur, du fait de l’éclatement du soulèvement.
L’échec d’Arafat depuis 1993 n’a pas été de ne pas être devenu un « chef d’Etat » honorable et digne d’un Etat qui n’existait pas. Son échec a été que ni lui ni son mouvement, le Fatah, n’ont développé de stratégie de libération dans les conditions nouvelles d’Oslo : par la diplomatie, l’arrêt des négociations à cause des colonies, la mise à nu des rapports néo-colonialistes imposés par les dispositifs de négociation sécuritaire et civile, le million de formes de la lutte populaire non violente qu’il aurait été possible d’adopter.
Des intérêts personnels et la poursuite de l’enrichissement par des responsables, la courte vue, la faiblesse objective ou subjective, des calculs politiques erronés, des penchants proaméricains : peu importent les raisons, le résultat a été qu’Arafat - contrairement à l’image que ses supporters armés tentent de forger aujourd’hui dans leurs campagnes d’intimidation - a agi, avant le sommet de Camp David, comme quelqu’un dont le peuple sous occupation est déjà libéré et dont l’Etat existe déjà.
Dans les conditions actuelles de la faiblesse palestinienne, il est difficile de voir comment, dans un avenir proche, une direction palestinienne se dresserait, qui serait capable de fixer une stratégie de lutte populaire pour la libération et l’égalité fondamentale des droits des peuples dans cette région.
L’exigence qu’elle agisse comme un agent secondaire pour l’armée israélienne et les Services de la sécurité générale (Shabak) accroîtra son instabilité.
Tant que les intérêts israéliens, personnels et collectifs, engagés dans la poursuite de l’occupation ne seront pas touchés - et il ne paraît pas qu’ils le soient - il n’y a aucune chance que surgisse en Israël un mouvement populaire large pour exiger un changement dans la politique de bantoustanisation.
Dès lors, le défi est celui des peuples d’Europe occidentale, qui ont largement payé l’illusion de la construction d’un Etat et dont les gouvernements sont encore engagés dans une solution à deux Etats.
Pendant combien de temps pourront-ils, eux et leurs représentants, soutenir - politiquement, économiquement et moralement - la consolidation d’un régime de discrimination et de séparation ethnique, créé par un Etat considéré comme une part indissociable de l’Occident démocratique ?