« Un périple poétique dans la vie quotidienne des Palestiniens, en Cisjordanie, à la rencontre de rêves et de passions, de l’espoir et du désespoir. Pour la première fois de ma vie de Palestinien citoyen d’Israël, je suis parti pour incarner l’expérience de l’occupation qui, tout au long de ma jeunesse, fut dénaturée… »
C’est ainsi qu’Alaa Ashkar présente son « road movie » documentaire tourné tout au long de la route 60 qui traverse la Palestine orientale du Nord au Sud, reliant Jenine, Naplouse, Ramallah, Bethléem et Hébron. Comment les Palestiniens rencontrés vivent –ils l’occupation au quotidien ? Quel impact sur leur liberté physique, mais aussi sur leur liberté mentale, sur leurs aspirations et leurs projets ?
Portrait d’un peuple digne et d’un territoire magnifique mais destructuré par l’apartheid instauré par l’occupant. Le commentaire sobre et poétique d’Alla relie subtilement les séquences et évoque un avenir même lointain d’espoir et de tolérance, comme l’exprime une spectatrice :
« J’ai aimé la grande fraicheur du film, l’ambiance poétique et une apparente tranquillité, obtenues grâce à la manière dont le réalisateur a filmé les habitants, le choix des questions posées sans agressivité et les sites (beaucoup de lumière, des paysages magnifiques) et en même temps la tension, le découragement, une grande tristesse dans le regard des habitants qu’Alaa a rencontrés au cours de son voyage sur cette route 60.
La folie des hommes et les incohérences de la politique ! 50 ans plus tard, des murs immenses, des barbelés, des miradors pour protéger les uns, isoler et martyriser les autres. En fait toute la région est devenue une immense prison. Même les pieds de vigne sont en prison !
La grande tendresse du film en fait un documentaire très percutant et pour moi beaucoup plus efficace pour faire connaître et dénoncer l’Occupation israélienne que de filmer la haine et les jets de pierres « dérisoires » des enfants palestiniens sur les chars et les militaires israéliens. »
Voilà pour le film que la Ligue des Droits de l’Homme et France – Palestine Solidarité ont recommandé à deux cinémas de l’Oise, à Méru et Beauvais, le week- end dernier, réunissant une trentaine de spectateurs en présence du réalisateur.
Un réalisateur applaudi et qui a animé deux débats enthousiastes et chaleureux, autour d’un film dont les DVD permettront d’autres réunions dans un cadre familial ou amical privé. Les deux débats, très différents d’une soirée à l’autre, selon le public ont permis d’aborder des questions sur l’état d’esprit actuel des jeunes palestiniens et israéliens, des précisions sur la nature, l’histoire et les mythes du sionisme ou une réflexion sur l’ampleur de la campagne BDS et ses obstacles.
Pour le groupe local, l’organisation de ces soirées ont été de pair avec une information sur la campagne de solidarité avec les prisonniers dont Marwan Barghouti, ainsi que sur la colonisation de la Palestine et la complicité actuelle du gouvernement français, même si le public du film en a d’abord retiré une approche concrète et une meilleure connaissance de la vie en Palestine occupée.
L’AFPS Beauvaisis et la section beauvaisienne de la LDH ont par ailleurs alerté la Croix Rouge et le Haut – commissariat des Droits de l’Homme à l’ONU sur les conditions de détention d’enfants palestiniens détenus en Israël.