Les accords d’Oslo ont étranglé la résistance palestinienne. L’Autorité palestinienne est devenue, non pas un mouvement de libération du peuple, mais un outil de l’occupation. Elle n’a aucun pouvoir pour nous protéger et a créé une situation vraiment dangereuse pour les Palestiniens vivant dans les zones B et C. Le seul pouvoir dont dispose l’Autorité est de demander des comptes à l’occupation devant la Cour pénale internationale. Mais sur le terrain, elle est impuissante.
La résistance est naturelle pour un peuple sous occupation. C’est ce que le droit international permet. Mais nous devons être clairs : le peuple palestinien n’aime pas la violence et le meurtre. C’est quelque chose qui nous est imposé. Déjà l’ONU a estimé que l’année 2022 était la plus sanglante de ces dix dernières années pour les Palestiniens. Rien qu’en novembre, l’occupation israélienne a tué environ 105 Palestiniens, dont des enfants de 14 et 16 ans. Sous ce nouveau gouvernement israélien, nous pouvons nous attendre à des mesures de plus en plus extrêmes : meurtres, destructions et déportations.
Les êtres humains cherchent naturellement à échapper à toute forme de persécution, d’oppression et d’asservissement. Comme tous les peuples, nous voulons la liberté, la démocratie et la justice. Mais l’occupation cherche toujours la violence. Ils lâchent des hordes de colons pour tuer. Ils brûlent des enfants et volent nos terres. L’armée les protège, les aide à entrer dans Al-Aqsa et à danser dans la mosquée d’Ibrahim (vieille ville d’Hébron). Tout cela contribue à l’escalade et crée un point d’ébullition pour le peuple palestinien.
Il faut comprendre que la vague actuelle de résistance armée n’est pas nouvelle. La lutte palestinienne a toujours eu de multiples formes, pacifique ou armée, en passant par les négociations. Mais à chaque étape, une nouvelle génération a renouvelé la lutte. Et de nombreux réfugiés, qui ressentent chaque jour avec plus d’acuité la douleur de la dépossession, mènent souvent cette résistance. Face à l’indifférence internationale, c’est vraiment la seule voie qui leur reste pour tenter de rentrer chez eux. C’est ce que nous voyons aujourd’hui. Les enfants de la seconde Intifada renouvellent la lutte, comme l’ont fait avant eux les enfants de la première Intifada. C’est l’occupation qui est armée. C’est l’occupation qui cherche et exerce la violence. La résistance armée et la résistance populaire sont deux formes de la lutte nationale palestinienne, elles sont complémentaires.
La résistance armée a donné au peuple palestinien un sentiment renouvelé de fierté et d’espoir. En parallèle, la résistance populaire perpétue les traditions de la première
Intifada par la solidarité, les manifestations, la constance. Comme pour la deuxième Intifada, la majorité de la résistance n’est pas armée, mais la fierté retrouvée et le sentiment d’espoir que cette jeune génération de combattants suscite dans le peuple, soutient leur implication dans la résistance populaire. Nous sommes unis.
Nous devrions parler davantage, non pas de la résistance armée palestinienne (qui est notre droit légal en tant que peuples occupés) mais des colons armés sur nos terres. Depuis mars 2022, 35 000 colons ont demandé un permis de port d’armes. L’association du Fonds Hillel finance l’achat des armes. La plupart des entraînements ont lieu à l’intérieur des colonies, sous la direction et la supervision de soldats et d’officiers. Nous avons vu cette collaboration très clairement dans des vidéos comme celle enregistrée récemment à Burin (près de Naplouse) où des soldats ont été filmés en train de passer des bombes lacrymogènes aux colons.
En tant que militants de la résistance populaire, nous suivons les mouvements des colons et surveillons le projet expansionniste de l’occupant qui vise à diviser les régions, les villes, les cantons et à créer des ghettos en construisant et en unifiant les colonies. Notre rôle consiste à expliquer les dangers à la population et la nécessité d’y faire face, et d’unir les efforts pour organiser des manifestations hebdomadaires et mener des ateliers de sensibilisation. Nous avons également mis en place des comités dans les zones rurales afin d’élargir la prise de conscience, en particulier pour les nouvelles générations. Tout cela contribue à leur autonomisation.
C’est de cette force paramilitaire dont nous devons parler. C’est des soldats et des colons qui tirent sur les gens et volent nos terres que nous devons parler. C’est du financement de ce terrorisme par la communauté internationale dont nous devrions parler. Les jeunes de Palestine font simplement ce que les générations de leurs pères, grands-pères et arrière-grands-pères ont fait avant eux, défendre leur terre et leur peuple, et rechercher la liberté. Comme les jeunes du monde entier, ils veulent vivre et rire. Ils veulent la liberté. Au lieu de cela, ils sont confrontés chaque jour à un oppresseur armé qui cherche à prendre leur terre, à souiller leur dignité et à les emprisonner. Les opprimés du monde entier n’accepteront jamais cette violence et ce terrorisme.
Wael Al Faqeeh (traduction MS)