Joseph Oesterlè, Président de l’AURDIP, Ivar Ekeland, ancien Président de l’AURDIP, et quatre militants de l’AFPS étaient présents le 7 juin à l’entrée du Collège de France, lors de l’ouverture d’une journée d’études en collaboration avec l’université de Tel Aviv, pour distribuer le communiqué de l’AURDIP : "La coupable indulgence du Collège de France vis-à-vis d’Israël" (voir ci-dessous).
Après un début normal de distribution de tracts à l’entrée du Collège de France, trois policiers en civil ont tenté de l’empêcher, en prétendant qu’elle était interdite, ce que nous avons contesté, puis en se référant à la notion d’attroupement non autorisé.
Nous avons proposé de nous séparer, en maintenant quelque distance entre nous. Les policiers, après en avoir référé à leur hiérarchie, nous ont fait valoir qu’un attroupement pouvait consister en une seule personne perturbant l’ordre public (sic !). Nous avons contesté que nous perturbions l’ordre public. Ils ont alors menacé de nous interpeller pour attroupement non autorisé.
Nous avons refusé d’obtempérer et continué la distribution des tracts. Après un nouveau contact avec la hiérarchie policière, qui a refusé d’entendre nos arguments, un fourgon avec six policiers d’une brigade du 14ème arrondissement est arrivé avec ordre de nous éloigner de l’entrée du Collège de France. Comme il était presque 14 heures, heure du début de la journée d’études, que nous avions déjà distribué un nombre suffisant de tracts, nous nous sommes laissés conduire au coin de la rue, où nous avons eu l’occasion de bavarder avec les policiers, dont certains semblaient plutôt mal à l’aise de la tâche qu’on leur demandait d’accomplir.
Leur hiérarchie leur demandait de nous garder au moins une heure avant de nous relâcher mais nous leur avons expliqué que notre distribution étant terminée, eux comme nous perdions notre temps à attendre. Ils ont une nouvelle fois consulté leur hiérarchie, qui leur a ordonné de nous accompagner à la station de métro Maubert-Mutualité.
La coupable indulgence du Collège de France
Le Collège de France compte tenir le 7 juin une journée d’études en collaboration avec l’université de Tel Aviv. Cette journée doit se conclure par la signature d’un accord de coopération et s’insérer dans le cadre de la saison croisée France-Israël. Mettre ainsi à l’honneur un Etat qui enferme dans un ghetto une population de 2 millions d’habitants et tire sur la foule lorsque celle-ci tente de rompre son joug est inadmissible.
Contacté, l’initiateur de cette journée nous a répondu qu’elle était prévue de longue date et ne mettra nullement à l’honneur un État, mais relèvera des échanges scientifiques ordinaires que le Collège de France entretient avec des établissements de recherche et d’enseignement dans le monde entier. Autrement dit, « business as usual ». Ainsi donc plus de 120 tués et plus de 13000 blessés par l’armée israélienne ne suffisent pas au Collège de France pour réévaluer l’opportunité de tenir cette journée, de signer cet accord de coopération et de participer à cette saison croisée France-Israël indigne. L’assassinat de civils, d’enfants, de journalistes et de personnels médicaux par des tirs de snipers ne justifie-t-il pas aux yeux du Collège de France la moindre réaction ?
La signature d’un accord de coopération avec l’université de Tel Aviv est d’autant plus scandaleuse qu’est affilié à cette dernière l’Institut pour les études nationales de sécurité (INSS, Institute for National Security Studies), où a été forgée par le général Gadi Eizenkot la doctrine Dahiya de la force disproportionnée. Ainsi que l’explique Gabi Siboni, un analyste de l’INSS : « L’armée israélienne réagira immédiatement, de manière décisive et avec une force disproportionnée aux actions ennemies et aux menaces qu’il pose. Une telle réponse a pour but d’infliger des dommages et une punition à un point qui nécessitera des processus longs et coûteux de reconstruction. » Cette doctrine a été appliquée dans le passé par Israël lors de bombardements du Liban et de Gaza.
Enfin, la première table ronde prévue dans la journée d’étude du Collège de France s’intitule « archéologie biblique », sans aucun égard pour la sensibilité des archéologues palestiniens, qui se plaignent depuis des années de se voir refuser l’accès à des chantiers de fouilles que mènent des archéologues israéliens dans les territoires occupés au mépris du droit international, et de se voir dépossédés des objets qui y sont découverts. De plus certaines de ces fouilles, menées par l’université de Tel Aviv dans la Cité de David à Jérusalem-Est notamment, mettent en danger des habitations palestiniennes et sont financées par une association de colons d’extrême-droite, Elad, motivée par le désir de confirmer les affirmations bibliques sur la civilisation juive antique et dont le but revendiqué est de substituer une population juive aux habitants palestiniens des quartiers avoisinants.
Association des Universitaires pour le Respect du Droit International en Palestine - AURDIP