Le 21 avril dernier, la venue de Leïla SHAHID, à Nantes, à l’initiative de l’AFPS avec la plate-forme nantaise des ONG, avait été placée sous le signe du politique. L’objectif n’était pas tant de mobiliser les sympathisants que d’interpeller les politiques. La seule modalité pour nous était une rencontre de Leïla SHAHID avec le maximum d’élus.
Une fois cet objectif fixé, comment le réaliser ? Le leader politique local (député maire de Nantes et président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale) ne serait en rien facilitateur d’une telle démarche. Obtenir de lui un rendez-vous avec Leïla SHAHID relevant déjà du pari !
Définir d’abord une stratégie
Il a fallu alors arrêter une stratégie et se donner des moyens suffisants, ce qui n’a rien dévident pour une association de bénévoles. La stratégie se résumait à contourner les obstacles, garder la maîtrise de l’organisation, et identifier parmi les responsables politiques les personnes-ressource.
Concrètement une rencontre avec les élus a été programmée dans un salon d’hôtel où était logé L. SHAHID (lieu neutre pour garder notre capacité d’initiative, ce qui n’aurait pas été possible dans le cas favorable où nous aurions eu une salle à la mairie ou dans une autre institution). Dans la démarche, nous nous sommes appuyés sur le réseau relationnel d’élus déjà sensibilisés de façon à être assurés d’avoir un minimum de réponses positives à notre invitation et ne pas être confrontés à un échec toujours possible.
Communiquer : la clef du succès
En plus des moyens habituels à déployer, l’accent a été mis sur la communication : envoi de plus d’une centaine de cartons d’invitation à beaucoup d’élus : tous les parlementaires, beaucoup de conseillers généraux, des conseillers régionaux, beaucoup de maires, des élus municipaux… en plus d’un courrier expliquant le sens de la démarche. Tout cela prend beaucoup de temps et coûte de l’argent.
Cette journée fut un succès : plus de trente élus se sont déplacés dont le président du Conseil régional, et trois vice-présidents du Conseil général. La presse (Ouest France, FR 3 et service de presse du Conseil régional) était là. Des déclarations ont été faites pour inclure la Palestine dans les actions de coopération internationale.
Le succès immédiat a tenu à trois choses :
au travail mené à ce moment là pour préparer l’événement mais bien avant, depuis plusieurs années. Ce n’est pas un hasard si plusieurs communes du département se sont déjà clairement engagées (création d’un mission locale pour l’emploi à Jérusalem Est pour St Nazaire, camp de réfugiés de Jénine pour le canton de Treillières près de Nantes, prises de position très nettes d’autres maires).
à la personnalité et à l’intelligence de Leïla SHAHID. Elle n’a pas fait d’exposé, disant d’emblée aux élus, je suis venue écouter ce que vous faites pour la Palestine. Devant les journalistes, quand l’un s’exprime tous s’expriment. Tout cela s’intégrait bien dans la stratégie définie.
à la chance : la venue de Leïla SHAHID a eu lieu juste après le changement de majorité du Conseil général et du Conseil régional, avec un président régional déjà très impliqué dans la coopération internationale (cela dit, avoir affaire à la Gauche n’est pas synonyme d’écoute attentive de la cause palestinienne).
Et après ?
Passer du "virtuel" au concret est toujours très difficile. D’une part, s’il y a un résultat, il ne sera pas palpable dans le court terme et cette latence n’est jamais mobilisatrice pour les adhérents et sympathisants. D’autre part, il nous faut occuper notre place (faire en sorte que la Palestine soit prise en compte) ce qui suppose de suivre la restructuration en cours de la politique internationale du Conseil général et du Conseil régional. Il faut avoir du temps pour s’informer, participer à des réunions, en discuter… Là encore il y a une stratégie à définir et il faut faire des choix : par exemple, s’arrêter sur un projet réaliste (le jumelage du camp de Jénine) et le porter jusqu’au bout ? Comment ne pas s’éparpiller ? En bref comment arriver à dépasser le stade de la sympathie et des interventions ponctuelles ?
Dans l’immédiat (et dans la foulée du 21 avril), la sensibilisation des élus se poursuit avec l’envoi, fin juin, d’une proposition de motion à tous les maires du département et avec la commande, à l’AFPS, par deux villes de la banlieue nantaise, d’une exposition sur le mur pour une manifestation en mairies en septembre. Il est significatif que la sensibilisation des élus ne se limite plus aux grandes villes (Nantes et St Nazaire). C’est peut-être même la périphérie qui va faire bouger Nantes !
Dans tous les cas, notre préoccupation, face à une démarche de longue haleine, doit être de faire en sorte de toujours rester crédibles, ce qui tient aussi à l’image que donnera dans son ensemble le mouvement de solidarité pour la Palestine.
Daniel COUTANT, AFPS Nantes.