Lors de la mission Evry Palestine d’une semaine dans la bande de Gaza (4 au 12 Mai), quatre d’entre nous ont passé une matinée sur la défense des prisonniers, avec l’appui efficace de l’association locale El Wedad, présente au FSE de Tunis, qui avait organisé pour nous en son siège à Gaza, une rencontre avec les familles de deux des prisonniers parrainés, ainsi qu’une rencontre au ministère des prisonniers.
L’association El Wedad : elle existe à Gaza depuis 2000, développe le soutien psychologique et social auprès de la mère et de l’enfant, de la jeunesse, des orphelins, des personnes âgées et délaissées ; elle défend les droits de l’homme et à ce titre soutient les familles de prisonniers : la cause la plus importante à défendre est celle de la libération des prisonniers ; il y a aujourd’hui environ 2000 prisonniers originaires de Gaza, certains passent plus de la moitié de leur vie en prison, quelques-uns meurent en prison ; leurs familles n’ont pas le droit de leur rendre visite dans les prisons israéliennes, à quelques exceptions près depuis les grèves de la faim et la trêve de novembre 2012 et ne peuvent communiquer avec eux que par les lettres que transmet la Croix Rouge ; tous les lundi à Gaza devant le siège de la Croix Rouge est organisée une manifestation en soutien aux prisonniers palestiniens.
Rencontre au siège de l’association de 2 familles de prisonniers parrainés par 2 d’entre nous :
Beaucoup d’émotions face à ces 2 familles qui ne nous connaissaient pas, qui ne connaissaient pas notre activité de parrainage et qui n’avaient pas entendu parler de nous ; et pour cause, ni Tareq (transféré depuis plusieurs mois dans une autre prison israélienne après une grève de la faim ?) ni Ahmed n’avaient reçu nos lettres de France ;
Tareq, 27 ans, de Rafah, en prison depuis 9 ans, une peine de 14 ans pour avoir tenté de franchir la frontière pour étudier à l’étranger ; c’était un représentant des étudiants de son lycée ; il n’a pu recevoir la visite de sa mère que 2 fois en 9 ans, a repris des études à l’université Al Aqsa ; il reçoit les cours en cachette, amenés par les familles de prisonniers de Cisjordanie
Ahmed, 20 ans, de Rafah également, représenté par sa tante qui habite Rafah coté Gaza ; sa mère à lui habite Rafah coté égyptien. Il a été arrêté il y a 5 ans en tentant de franchir la frontière. Depuis son incarcération, ses parents n’ont jamais pu le voir. Les seules visites qu’il reçoit sont de la part de familles de prisonniers cisjordaniens. Il n’a pas pu continuer ses études
Les 2 familles nous ont dit le manque de soins aux prisonniers palestiniens et l’incompétence des soignants qui ne sont pas encore médecins, les brimades qui se traduisent aussi par de long trajets à pied entravés par des chaines, le besoin d’argent car tout est taxé y compris l’eau, l’achat en cachette de téléphones pour communiquer à l’extérieur, la difficulté tout simplement pour étudier et la volonté de l’occupant de séparer les prisonniers de leur famille et du monde extérieur ; M. Sarsak en a largement témoigné selon elles, se référer à ses interviews donnés après sa libération y compris en Europe. Les familles nous ont demandé d’interpeller le gouvernement français pour qu’il intervienne auprès d’Israël.
La rencontre au Ministère des prisonniers
où sont venus, devant une assistance nombreuse constituée majoritairement de femmes, témoigner une ex prisonnière et des proches de détenus qui nous ont confirmé à quel point la question des prisonniers est aujourd’hui au cœur du combat des Palestiniens et comment Israël viole la IV e convention de Genève concernant le droit des détenus : exilés hors de chez eux, peuple sans droits, sans assistance juridique, arrêtés sans raison, séparés de leur famille, interdits de visite y compris de leurs enfants.
Nous avons entendu cette petite fille et sa souffrance occasionnée par l’absence de son père.
Nous avons entendu longuement cette jeune femme, arrêtée à Ramallah alors qu’elle venait de se marier, enceinte d’un mois, qui a connu la violence exercée par les autorités israéliennes dès son arrestation : isolement, solitude, jugement totalement injustifiable, humiliations, accouchement dans des conditions effroyables, enchainée, sans soutien médicamenteux ni soins d’hygiène nécessaires à la venue au monde d’un enfant.
« Nous sommes interdits de vivre en tant que prisonniers. Vous devez visiter les prisons israéliennes » a-t-elle conclu.
Tous ceux que nous avons rencontrés comptent sur nos témoignages. Ils en appellent à la solidarité internationale.
Dominique Pallares et Josette Pineau, Evry Palestine