Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté dans la nuit du 8 au 9 janvier, non sans certaines hésitations de pays comme la France, une résolution concernant la situation à Gaza (n°1860).
Cette résolution non contraignante appelle à un « cessez-le-feu immédiat ». Elle été aussitôt rejetée par les autorités israéliennes qui ont continué leurs frappes meurtrières contre la population de Gaza.
Le Hamas, quant à lui, a estimé « ne pas être concerné » par cette résolution tout en indiquant que sa mise en œuvre supposerait qu’on en discute avec lui.
Ce point mérite une attention particulière : le Hamas n’est pas un Etat tandis que l’Autorité palestinienne n’est clairement pas en mesure d’appliquer les termes de la résolution à Gaza. Cela dit, une acceptation d’Israël impliquerait que ce mouvement et l’Autorité palestinienne soient intégrés au processus de mise en œuvre, à défaut cruel d’unité inter-palestinienne.
Le refus d’Israël, un Etat membre de l’ONU, de se soumettre à une résolution du Conseil de sécurité pose un grave problème sur le terrain où les drames continuent mais aussi pour les Nations unies elles-mêmes, en tant qu’organe légitime où se prennent les décisions adéquates relatives à la paix et la stabilité internationale.
Il est vrai qu’Israël n’en est pas à son coup d’essai. On ne compte plus en effet le nombre des résolutions non appliquées par ce pays.
La question est donc maintenant la suivante : l’ONU peut-elle se voir ainsi défiée et bafouée une nouvelle fois au risque de perdre toute crédibilité et toute autorité non seulement dans la région mais plus globalement. Peut-elle accepter sa remise en cause formelle par un Etat membre et laisser continuer le massacre de Gaza ?
La résolution n’étant pas acceptée par Israël est-ce pour autant la fin du rôle de l’ONU qui est ainsi signifié ? Absolument pas. L’ONU dispose de moyens pour que ses décisions soient appliquées. Pour l’heure le secrétaire général de l’ONU n’a fait qu’exprimer sa « déception » devant le refus israélien. Le Conseil de sécurité de l’ONU peut parfaitement, et il doit le faire, passer d’un « appel » à un cessez-le-feu à la formulation de son « exigence » qu’il en soit ainsi.
Il peut passer du déclaratif à l’impératif. Il le doit.
Cette posture intransigeante qui est attendue aujourd’hui de l’organisation s’est déjà manifestée à plusieurs reprises dans d’autres lieux. Et dans ces derniers cas il n’y avait pas un « passif » dans le refus d’appliquer qui obligeait. Pour Israël seule l’impunité a été de mise jusqu’à présent. Et cela continue. Olmert ne vient-il pas de déclarer pour rejeter la résolution que son pays refuserait toujours de se voir imposer le droit de l’extérieur ? On doit rappeler Israël à ses obligations qui découlent de son adhésion à l’ONU qui suppose le respect absolu de la Charte.
Il faut dépasser cette situation aujourd’hui pour arrêter ce qui se passe à Gaza, où la Haute Commissaire de l’ONU pour les droits de l’Homme évoque des « crimes de guerre » pouvant donner lieu à poursuites judiciaires. Il le faut aussi pour le bien du peuple israélien lui-même qui ne peut pas vivre durablement ainsi dans l’illusion dangereusement entretenue qu’il pourrait être constamment au dessus du droit international.
Tout un arsenal est possible pour contraindre Israël à respecter les décisions, ceci au titre du chapitre VII de la Charte des Nations unies.
On n’est donc pas impuissants ou réduits à n’être que spectateur devant le refus israélien d’obtempérer. Les moyens légaux existent pour lui faire entendre raison et imposer la paix. De même, et dans le même esprit, les pays qui entretiennent des relations diversifiées avec Israël ne sont pas sans moyens non plus.
L’Union européenne, en particulier, qui se plaint aujourd’hui de payer beaucoup pour la construction d’infrastructures, notamment à Gaza, qui son aussitôt détruites pas Israël dispose des moyens d’action auprès de ce pays. Il en va ainsi de l’Accord d’association qui prévoit d’être suspendu en cas de violations des droits de l’homme par Israël (article 2). Il convient d’activer cet article qui est du seul ressort de l’Union européenne.
Israël sème la mort à Gaza et défie en même temps les Nations unies. Le courage et la justice supposent de s’opposer à l’un comme à l’autre.
Constatant la non effectivité de son appel à un cessez-le-feu ainsi que des autres mesures incluses dans la résolution, l’ONU et tous les pays qui ont des moyens d’influer sur le comportement de l’état hébreu doivent franchir une étape de plus pour que la paix soit enfin une réalité.
Il en va de la situation à Gaza aujourd’hui mais aussi de la paix durable au Proche-Orient qui recule un peu plus chaque jour qui passe. Il en va aussi, plus largement, de l’avenir des relations internationales qui se joue aujourd’hui. Le choix est clair. Il est entre la Civilisation et loi du Talion.