D’abord parce qu’à travers toute l’occupation il y a toujours eu des violations systématiques et conséquentes des droits humains des palestiniens. Ensuite, les palestiniens ont utilisé ces violations pour attirer la sympathie au niveau international et pour convaincre la communauté internationale que l’occupation militaire israélienne n’est non seulement illégale mais également belligérante.
Du point de vue palestinien, il y a différents niveaux de traitement de cette question des droits humains. Le premier et le plus évident est l’utilisation des différentes lois internationales appropriées et plus spécifiquement les Conventions de Genève qui traitent des règles légales entre l’occupant et l’occupé.
Israël a systématiquement violé ces lois internationales humanitaires. Le plus flagrant est le fait de confisquer des terres de personnes sous occupation pour y installer ses propres citoyens. Suit une longue liste d’autres violations dont (mais pas seulement) la déportation de palestiniens hors des territoires occupés, les démolitions de maisons, les assassinats d’individus et les restrictions imposées à la vie socio-économique.
Il y a néanmoins, un autre niveau de violations des droits humains qui peut paraître encore plus destructif quoique moins évident. Il s’agit de l’humiliation systématique infligée aux individus dans tous les aspects de leur vie de tous les jours, un traitement qui affecte la dignité des personnes, des familles, des institutions et de la nation en général. Cette humiliation est particulièrement évidente aux check-points, aux points de passage et dans les autres moments de contact journaliers entre les occupants israéliens et les palestiniens. Mais elle est aussi évidente par la façon avec laquelle Israël s’occupe des besoins palestiniens au niveau local comme la façon de traiter l’Autorité Palestinienne, le siège imposé au président élu du peuple palestinien, les délais superflus imposés sur les importations et les exportations, les restrictions et les difficultés concernant l’approvisionnement en eau dans les zones peuplées et ainsi de suite.
La signification de ce deuxième niveau de violation des droits humains - l’humiliation omniprésente et l’agression envers la dignité du peuple- est que cela provoque un accroissement de la haine et de l’hostilité et augmente le désir de vengeance ainsi que l’atmosphère de violence. Par conséquent, ce niveau ne sert qu’à accélérer et développer le cercle vicieux de la violence actuelle.
Au-delà de toutes ces considérations, la violation des droits humains des palestiniens qui est la plus dommageable, est le déni de reconnaissance du peuple palestinien en tant que nation avec droit à l’autodétermination et le refus israélien de traiter les palestiniens comme un peuple avec les mêmes droits que tout peuple mérite et peut en jouir. La continuation de ce déni ne fait qu’assurer la poursuite du conflit. Et vice-versa : la reconnaissance israélienne du peuple palestinien en tant que nation avec un droit à l’autodétermination et à l’existence d’un état, en accord avec la légalité internationale, sur les frontières de 1967, conduira à la fin des autres violations des droits humains des palestiniens et de cette manière à la fin des hostilités et à la construction de relations normalisées.
*Ghassan Khatib est le co-éditeur de bitterlemons.org et de bitterlemons-international.org ; Il est le Ministre du Travail de l’Autorité Palestinienne et un analyste politique et un contact pour les média depuis des années.