Libérez les prisonniers politiques palestiniens !
Le 17 avril sera célébrée la journée de solidarité avec les prisonniers palestiniens. Dans les villes palestiniennes se préparent des manifestations, des rassemblements, mais aussi des concours éducatifs, avec le but d’affirmer la solidarité avec les prisonniers.
En France, des initiatives seront également prises, comme les Assises de la solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens, organisées à Lyon. Localement, le groupe du Pays de Cornouaille de l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS) a décidé d’organiser un rassemblement de solidarité avec les prisonniers palestiniens, le samedi 16 avril, à 14 h 30, Place de la Résistance à Quimper. Une entrevue sera également demandée au Préfet du Finistère.
La question des prisonniers politiques palestiniens est une question centrale. Alors que le cessez-le-feu accepté par toutes les organisations palestiniennes après la rencontre de Charm-El-Cheikh tient toujours, le gouvernement israélien s’en tient à une logique sécuritaire et n’a fait aucune concession majeure, si ce n’est la décision unilatérale d’évacuer, à une date non fixée, la bande de Gaza.
Comme le déclare l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP),"affirmer que le but premier de ces négociations doit être de juguler le terrorisme, correspond à faire croire que la cause première du conflit n’est pas l’occupation, à occulter qu’il y a un occupant et un peuple occupé, à occulter tout le sens du conflit..." Le gouvernement israélien continue sa politique : création illégale de colonies (3500 logements à Maale Adoumim à Jérusalem-Est), construction du Mur pour de nouvelles annexions, confiscation de terres, destructions de maisons, arrestations (dont celles d’enfants), bouclage de villes et de villages, entraves aux déplacements ; depuis le début de l’année, près de 90 Palestiniens ont été tués par les Israéliens (dont 3 adolescents à Rafah le 9 avril).
Comme le déclare l’UJFP, "les accords de Charm-El-Cheikh sous l’égide américaine ont éveillé un immense espoir et un désir de paix en Israël et en Palestine, qui, s’ils étaient déçus, provoqueraient un désespoir dangereux et un basculement vers des solutions sanglantes.". Si Mahmoud Abbas n’obtient pas de concession majeure des Israéliens, le cessez-le-feu risque de voler en éclat.
Pendant la campagne électorale pour l’élection du Président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas s’est refusé à laisser les prisonniers derrière les barreaux ; les prisonniers palestiniens ont exprimé leur refus de tout sommet ne posant pas pleinement le dossier des prisonniers palestiniens. Hussam Khadr, député palestinien, arrêté il y a deux ans, en instance de jugement, a déclaré le 21 mars dernier :"j’appelle le président Abou Mazen à exercer des pressions sur le gouvernement israélien et sur Sharon afin qu’ils s’engagent effectivement dans la libération des prisonniers, sinon l’accalmie n’aura aucun sens et ne peut durer."
Actuellement il y a environ 8000 prisonniers dans les différentes prisons israéliennes, dont 1200 prisonniers administratifs, non jugés, et 400 "anciens" prisonniers déjà détenus lors des accords d’Oslo en 1994. Il y a actuellement 25 prisonniers emprisonnés depuis plus de 25 ans. Le plus ancien, Saïd Atabeh, arrêté depuis 26 ans, est en prison depuis 28 ans. Il y a des situations intolérables comme celle de Badrane Jaber et de ses trois fils, tous quatre arrêtés le 21 décembre à 1 h 40 ou d’Ibrahim Fadel Jaber, en prison depuis 23 ans, qui est devenu père et grand-père en prison.
Les prisonniers sont régulièrement victimes de mauvais traitements, d’humiliations inqualifiables : la vie de 950 prisonniers est en danger du fait du manque de soins médicaux, 177 prisonniers sont morts en prison depuis 1967 (dont 55 depuis le début de la deuxième Intifada, il y a plus de cinq ans). Les visites aux prisonniers sont très difficiles, soumises au bon vouloir des autorités israéliennes. Elles sont fréquemment interdites aux parents proches considérés comme des "interdits sécuritaires", ce qui prive 2000 familles du droit de visite.
La situation des femmes est particulièrement dramatique. Elles sont 128 dans trois prisons et continuellement victimes de mauvais traitements notamment à Telmond et Ramla.
La situation des enfants est un scandale. Environ 350 enfants (dont 13 filles) sont emprisonnés. Alors que les jeunes Israéliens condamnés à la prison sont considérés comme mineurs et détenus dans des prisons différentes, les jeunes Palestiniens ne sont considérés comme mineurs que jusqu’à 16 ans, sont fréquemment jugés par des tribunaux militaires, sont enfermés avec des adultes, voire avec des détenus israéliens de droit commun. Ils sont victimes de tortures et de mauvais traitements.
Il faut citer la situation particulièrement insupportable de Manal Ghanim, jeune femme de 29 ans, emprisonnée avec son jeune fils, Nour, né en prison, aujourd’hui âgé de 18 mois. Sa mère n’a pas eu le droit de le toucher après une récente opération à l’hôpital de la prison. Atteinte de maladie, elle n’a pu allaiter son enfant, le lait coûte très cher en prison, et son enfant ne bénéficie d’aucune nourriture adaptée à son âge. Manal et Nour ont été punis, parce que la jeune mère apprenait à marcher à son enfant pendant les trois heures quotidiennes de récréation permettant de sortir d’une cellule de 3m x 3m. Voilà comment les autorités israéliennes se comportent, refusant d’appliquer les 4ème et 5ème conventions internationales relatives aux prisonniers de guerre et ignorant superbement la Charte des Droits de l’Enfant.
Il y a eu des libérations depuis la fin de l’année 2004, mais elles n’apportent aucune réelle ouverture. 159 prisonniers ont été libérés le 27 décembre, mais 270 personnes ont été arrêtées au cours du même mois, 500 prisonniers (au lieu de 900) ont été libérés le 21 février, mais 400 autres ont été emprisonnés en janvier ; 400 autres prisonniers devaient être libérés en mars, mais leur libération a été reportée sans fixer de nouvelle date. Les prisonniers libérés sont des prisonniers condamnés à de courtes peines déjà purgées, souvent pour des motifs de droit commun ; les prisonniers de longue durée restent en prison.
Il ne peut y avoir d’acheminement vers un processus de paix sans qu’un calendrier clair et précis soit fixé pour la libération des 8.000 prisonniers palestiniens, avec la libération prioritaire des enfants, des femmes, des prisonniers malades et des prisonniers de longue durée.
Nous tenons aussi à exprimer aujourd’hui tout notre solidarité aux refuzniks israéliens emprisonnés parce qu’ils refusent de participer ou de donner leur caution aux crimes et aux exactions perpétrées par les forces d’occupation israéliennes dans les territoires occupés.
Le rassemblement est organisé par le groupe du pays de Cornouaille de l’Association France-Palestine Solidarité avec le soutien des organisations suivantes : les Alternatifs, Amnesty International, Brigades de paix Internationales, C.G.T., C.N.T., Groupe des 10-Solidaires, L.C.R., Mouvement de la Paix, P.C.F., Peuples solidaires, P.S., Ras l’Front, U.D.B., les Verts.