Dans les cercles des éditorialistes
des grands médias, des représentants de la « communauté internationale » et
des officiels de l¹Etat hébreu, il convient de répéter inlassablement tel un
mantra qu’« Israël est une démocratie, un État de droit ». Le bien, quoi.
Le terrorisme, comme chacun le sait, est l’apanage des Palestiniens,
particulièrement de son nouveau gouvernement dirigé par les islamistes du
Hamas.
L’horreur donc.
Peu importe la trêve du Hamas, respectée depuis
dix-huit mois. Peu importe l¹énorme avancée du 27 juin dernier, où des
délégués de ce même mouvement confrontés à la dure réalité de l¹exercice du
pouvoir ont signé un document reconnaissant implicitement Israël. Ils sont
terroristes, vous dit-on !
Considérons maintenant quelques faits.
Le 28 juin, l’armée israélienne a
détruit la principale centrale électrique de la bande de Gaza. En même
temps, elle a bouclé tous les territoires. Environ 830 000 Palestiniens se
sont retrouvés pratiquement sans électricité et en grande partie sans eau
potable.
Le gouvernement israélien a soutenu que c’était une façon de faire
pression sur le commando qui avait enlevé le soldat Gilad Shalit quelques
jours plus tôt.
Pour beaucoup d’observateurs, le gouvernement vise en
réalité la chute du gouvernement élu du Hamas. À la limite, peu importe ses
raisons !
Cette stratégie relève de la punition collective. Alors que les
assassinats pas toujours ciblés [1], les bombardements de bâtiments
d’utilité publique, les arrestations arbitraires de huit ministres et vingt
députés et la destruction des moyens de survie pour la population ne sont
rien d’autres que des crimes de guerre.
Ce n’est pas nous qui le disons, ni,
hélas, le quai d’Orsay ou l’Union européenne, habituellement si prompts à
condamner les fauteurs en la matière, mais le gouvernement suisse,
dépositaire des Conventions de Genève.
Israël est avec les Etats-Unis le
pays « démocratique » qui les respecte le moins.
Il faut maintenant arrêter cette hypocrisie coupable ! Il n’est pas
contestable que certaines organisations palestiniennes se livrent à des
actes terroristes. Le gouvernement palestinien a tout intérêt à les stopper,
mais n’y arriverait plus.
Pendant ce temps-là, son homologue israélien se
livre impunément à des actes qu¹on peut qualifier de terroristes. Défiant
maintes résolutions internationales, ce pouvoir colonial ne reconnaît pas
l’Etat du peuple occupé (alors qu’Israël exige, lui, d’être reconnu), il se
livre à une violence folle, il affame par blocus et gel d’avoirs des
populations civiles.
Est-ce par naïveté ou cynisme que l’Union européenne
participe à cette politique en suspendant son aide directe au gouvernement
palestinien [2] ?
Raisonner ainsi n’est pas délégitimer Israël. Au contraire. C’est faire
preuve du respect à l’égard des Israéliens en leur disant la vérité, comme
le font les vrais amis.
Si la plupart d’entre eux ignorent tout des
conditions de vie des Palestiniens, beaucoup contestent la politique de leur
gouvernement. Ils voient bien qu’elle mène au désastre.
Tous ces Israéliens
qui ont gardé le sens de la raison ont besoin d’être soutenus et encouragés.
Par l’Europe. Par nous tous. Toute autre attitude relève de la lâcheté.