1) Quelle est la longueur du Mur ?
Aujourd’hui plus de 165 kilomètres de murs ont été construits.
Au total, le mur s’étendra sur plus de 650 kms à l’intérieur de la Cisjordanie.
2) Où le Mur est-il construit ?
La construction du mur se fait en s’enfonçant profondément à l’intérieur de la Cisjordanie et traverse la partie ouest des districts de la Cisjordanie, au nord de Jérusalem. Le Mur, sur son tracé, annexe de facto environ 50% de la Cisjordanie et détruit complètement toute possibilité de vie dans la région.
Le Mur commence au point le plus au nord de la Cisjordanie et passe à travers les districts ouest jusqu’au nord de Jérusalem.
Le Mur n’est pas construit sur ou à proximité de la Ligne Verte de 1967 mais à certains endroits il pénètre jusqu’à environ 16 kms au cœur de la Cisjordanie afin d’annexer les colonies de peuplement israélien les plus importantes (plus de détails question 9).
Après avoir coupé des quartiers et villages dans Jérusalem-Est, le Mur se dirige vers Bethléem et continue au Sud jusqu’à Hébron.
Côté Est de la Cisjordanie, un deuxième Mur débute également au Nord et est construit parallèlement au premier Mur. La vallée du Jourdain est de facto annexée. Une extension au Sud de Jérusalem est prévu par le tracé du Mur, qui rejoint le premier Mur avant de s’étendre à travers le Sud de la Cisjordanie.
- campagne internationale
3) Quelles sont les parties du Mur actuellement construites et quand sera-t-il terminé ?
Le gouvernement israélien a commencé la construction du Mur en juin 2002, dans le Nord-Ouest de la Cisjordanie, dans les districts de Jénine, Tulkarem, et Qalqiliya. Fin juillet 2003, Israël a annoncé avoir achevé cette section, la "première phase" ainsi dénommée, qui s’étend sur 145 kilomètres. Cependant, le gouvernement israélien continue de raser des terres, détruire des boutiques, des maisons et des infrastructures dans ces endroits, ainsi que de préparer la "zone tampon".
Simultanément, les destructions pour la construction du Mur ont eu lieu au Nord de Jérusalem, près de Qalandiya et Kafr Aqab, dans le quartier d’Abu Dis, à l’Est de Jérusalem, et autour de Bethléem : Beit Sahour et Beit Jala. Plus de 20 kilomètres ont déjà été construits.
Selon les derniers communiqués du gouvernement israélien, le mur devrait être terminé en 2005.
4) A quoi ressemble le mur ?
Le Mur prend des formes différentes :
Autour de Qalqiliya, le Mur est constitué de blocs de béton de 8 mètres de haut avec des fortifications de type miradors.
Dans d’autres endroits, il peut être constitué pour partie de béton, de rangées de fils de fer barbelés type-lames de rasoirs, ou de clôtures électriques. Tout ce dispositif inclut une zone tampon de 70 à 100 mètres de large avec des tranchées, des routes, des caméras et des senseurs.
Dans Bethléem et Jérusalem, le Mur est fait d’une combinaison de différents édifices.
Quelque soit ces différents édifices, les implications sont les mêmes pour les Palestiniens : l’incapacité de se rendre sur leur lieu de travail, de soin et d’éducation, en plus du vol de terres et de ressources en eau par et pour Israël (plus de détails question 6).
5) Le Mur est -il provisoire ?
Au prix de 2 millions d’euros par kilomètre, le Mur n’est pas une mesure "provisoire", mais la poursuite de vols de terres palestiniennes et de la main mise sur les ressources palestiniennes par Israël.
Le Mur, à travers son tracé, marqué par les annexions et les destructions, est clairement un "outil" pour le gouvernement israélien, aux fins de confisquer un maximum de terres palestiniennes pour l’expansion de futures colonies.
Ainsi pour le cas du village de Nazlat’Isa, situé entre le Mur et la Ligne Verte, le Mur a eu pour conséquence la destruction totale du marché du village, dont 200 boutiques et 5 maisons et les propriétaires de plus de 16 maisons ont reçu un ordre de démolition. Ceci a complètement détruit les moyens de subsistance de tous les habitants.
La réalité dévastatrice imposée par la construction du Mur a pour but de s’assurer que les Palestiniens seront expulsés de force des zones qu’Israël veut annexer et "contenus démographiquement" dans d’autres zones, ceci en créant des "faits accomplis" sur le terrain et en poursuivant la colonisation de la Palestine.
6) Comment les communautés palestiniennes sont elles affectées par le Mur ?
Le Mur a des effets dévastateurs sur tous les aspects de la vie palestinienne - des dizaines de communautés ont déjà fait l’expérience de la perte de terres, de ressources en eau, et d’autres ressources qui leur permettent de subvenir à leurs besoins, ainsi que la destruction de biens personnels et communautaires.
Les villages et villes palestiniennes situés à proximité du Mur sont devenus des enclaves isolées où les mouvements pour y entrer et en sortir sont limités, quand ils ne sont pas devenus impossibles. Ceci rend difficile les déplacements pour se rendre au travail, se soigner, s’éduquer, et rendre visite à ses amis et sa famille.
Par exemple, dans les 18 communautés du district de Tulkarem enfermées dans une enclave, l’incapacité de se déplacer en raison du Mur et des bouclages militaires israéliens a fait passer le taux de chômage de 18% en 2000 à environ 78% au printemps 2003. A Qalqiliya où le Mur ferme hermétiquement la ville, avec un seul point de contrôle militaire israélien pour y entrer et en sortir, près de 10% des 50 000 habitants ont été forcés de quitter leurs maisons en raison de l’emprisonnement de la ville, la fermeture du marché et l’impossibilité de trouver du travail.
Le Mur a pour but de dénier le droit de vivre dans les Territoires palestiniens. Il n’est pas seulement la négation des aspirations nationales palestiniennes et du droit à l’auto détermination du peuple palestinien, mais contribue au transfert " rampant " de la population, et à la réalisation des plans d’expansion de l’Etat israélien comme présenté question 13..
7) Il y a-t-il des barrières pour permettre aux Palestiniens de franchir le Mur et d’accéder à leurs terres ?
La notion de barrières d’accès par lesquelles les militaires israéliens permettent aux Palestiniens de se rendre sur leurs terres prouve « l’institutionnalisation » du Mur et vient compléter le système israélien d’octroi de permis qui a commencé pendant le processus d’Oslo et par lequel le gouvernement israélien a consolidé son contrôle absolu sur chaque aspect de la vie des palestiniens, ici en contrôlant leurs déplacements.
La rhétorique du gouvernement israélien sur les "barrières" et les mouvements équivaut au déni total du droit fondamental à la liberté de mouvements des Palestiniens. La réalité sur le terrain des "barrières d’accès", représente une humiliation grave pour les Palestiniens, d’autant plus que les militaires israéliens et les gardes de sécurité privés peuvent procéder à des passages à tabac ou à des refus de passage.
De plus, les militaires israéliens n’autorisent que les résidents qui ont les permis israéliens et/ou des permis de travail à passer un nombre de fois limitées par jour et à des heures très restreintes. Il faut ajouter à cela que souvent, les militaires ne viennent pas ou viennent et refusent l’accès et que les heures de passages ne sont pas connues à l’avance, obligeant les Palestiniens à attendre de longues heures devant les barrières.
8) Quelle est la demande de la Campagne contre le Mur ?
La Campagne contre le Mur exige :
1) l’arrêt immédiat de la construction du Mur,
2) le démantèlement de toutes les parties déjà construites ainsi que de toutes les zones afférentes,
3) la restitution des terres confisquées pour le tracé du Mur,
4) et le versement de compensations pour les dommages causés et le manque à gagner dû à la destruction des terres et des biens (ces compensations sont en plus et non à la place de la restitution des terres).
9) Quel est le lien entre le mur et la politique de colonisation israélienne ?
Le Mur est la poursuite de la politique d’occupation, de colonisation et d’annexion des terres palestiniennes et d’expulsion par la force des habitants.
Le tracé du Mur équivaut à une annexion de facto de 50% de la Cisjordanie et de presque toutes les colonies de peuplement israélien.
Autour de Jérusalem, le Mur consacre le projet israélien du "Grand Jérusalem", approuvé par la Knesset (parlement israélien) en 1997, qui vise à "judaïser" et annexer Jérusalem-Est.
Comme expliqué dans la question 2, le Mur ferme Jérusalem au Nord et au Sud de la Cisjordanie, mais reste "ouvert " à l’Est pour l’expansion à venir de la colonie de Maale Adumim quand le Mur sera terminé. Cela équivaudra à la confiscation de 90% des terres du district de Jérusalem.
Le tracé du Mur a été ouvertement dicté par l’intention d’inclure les colonies à Israël.
En mars 2003, le Conseil des colons de Yesha a travaillé avec le gouvernement israélien pour étendre le tracé du Mur davantage à l’intérieur de la Cisjordanie, au Sud de Qalqilyia, afin d’inclure les colonies d’Ariel, d’Immanuel et de Qedumim à la zone contrôlée par Israël.
Une semaine plus tard, le Premier Ministre israélien Ariel Sharon a annoncé la construction du Mur dans la vallée du Jourdain afin de "séparer" la bande de colonies situées dans cette région du reste de la Cisjordanie. Ainsi le Mur permettra à Israël d’annexer 98% de la population des colons.
10) Le mur serait-il acceptable s’il était construit sur la Ligne Verte de 1967 ?
Même sur la Ligne Verte de 1967, il y a une injustice fondamentale à enfermer ainsi une population entière.
11) Quel est le statut du Mur au regard du droit international ?
Le Mur, tout comme l’occupation, entraîne une série de violations du droit international.
L’une des violations majeure du Mur est la démarcation unilatérale d’une nouvelle frontière en Cisjordanie qui équivaut à une annexion effective de terres occupées (Charte des Nations Unies, art.2.4).
De plus, les destructions provoquées par la construction du Mur entraînent de nombreuses violations de la 4ème Convention de Genève, qui interdit notamment la destruction de terres et/ou de biens (art 53) et les punitions collectives (art 33).
Le Mur est aussi une violation de la Convention Internationale sur les Droits Politiques et Civils (ICCPR, 1966) et la Convention Internationale sur les Droits Economiques, Sociaux, et Culturels (ICESCR, 1966), qu’Israël a signées. Les droits violés comprennent le droit :
à la liberté de mouvement (ICCPR, art. 12),
à la propriété (ICCPR, art. 1),
à la santé (ICESCR, art.12 et IV GC, art. 32),
à l’éducation (ICESCR, art.13, et IV CG, art. 50),
au travail (ICESCR, art. 6),
à l’alimentation (ICESCR, art. 11).
Selon l’article 1 de la Convention internationale sur l’élimination du crime d’Apartheid (1973) le Mur constitue un " Crime contre l’humanité ". Il divise les populations en Cisjordanie sur la base de la race et de l’appartenance ethnique et établit une discrimination à l’encontre des habitants de Cisjordanie au profit des colons israéliens illégaux et répond ainsi à la définition " d’Apartheid".
12) Quelle est la relation entre le Mur et la "feuille de route" ?
Alors que certains perçoivent la construction du Mur comme étant en contradiction avec la "feuille de route", en fait, ils sont parfaitement complémentaires et partagent des objectifs en corrélation étroite avec l’agenda du gouvernement israélien. Au cours de l’automne 2002, le Premier Ministre israélien s’est prononcé pour un "Etat palestinien" avec des frontières qui chevauchent partiellement les zones A et B (qu’Israël a déterminé pendant le processus d’Oslo), à l’exception de "zones de sécurité essentielles". Ceci laisserait en gros 50% de la Cisjordanie pour un "Etat palestinien" et c’est ce qui est crée par le Mur et la formation de ghettos palestiniens.
La "feuille de route" poussée par les Etats-Unis appelle à "des accords statutaires définitifs" en 2005 concernant les frontières, Jérusalem, les colonies, et les réfugiés.
Le Mur, dont la fin de la construction est également prévue en 2005, permet au gouvernement israélien de définir de façon unilatérale les limites de tels "accords" en :
créant de facto une "frontière" entre la Cisjordanie et Israël ;
achevant le projet israélien du "Grand Jérusalem " en annexant complètement Jérusalem-Est (comme expliqué à la question 9) ;
annexant presque toutes les colonies de Cisjordanie à la zone "sous contrôle israélien en dehors" du Mur ;
expulsant par la force les résidents palestiniens ayant leur maison et leurs terres près du Mur, ceux-ci devenant des réfugiés, certains pour la deuxième ou troisième fois.
13) Pourquoi le gouvernement et le public israéliens soutiennent-ils la construction du Mur ?
Le gouvernement israélien est en faveur du Mur parce qu’il sert son agenda politique et ses actions visant à l’expulsion des populations palestiniennes au profit de la colonisation des terres et de l’annexion des colonies de peuplement israélien à Israël.
Ceci est un objectif précis du gouvernement israélien lié au Mur, car le Mur empiète sur de larges parcelles de terres en Cisjordanie, créant ainsi la plus grande annexion de terres depuis l’occupation en 1967. Une fois terminé, le Mur laissera à la population palestinienne moins de 12% de la Palestine historique. Par la construction du Mur, le gouvernement israélien accélère l’expulsion forcée des Palestiniens de leur terre. Le Mur affecte tous les aspects de la vie des Palestiniens - perte de terre et d’eau, démolition de marchés et de maisons, restriction aux libertés de mouvement, d’accès à l’éducation et aux soins médicaux. Le Mur contient démographiquement les Palestiniens qui sont maintenus dans des ghettos en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.
La majorité du public israélien a soutenu le Mur en se laissant convaincre par l’argument sécuritaire invoqué par le gouvernement. Un sondage mené en juin 2002 par le Ma’ariv a montré que 69% du public israélien soutenait le Mur, tandis que la majorité des colons s’y opposait. Depuis, les colons israéliens ont commencé à se montrer favorables au Mur quand il est apparu évident que la majorité des colonies seraient inclues du côté israélien du Mur.
14 ) Quel est la position des Etats Unis sur le Mur ?
En juillet 2003, les responsables officiels de l’administration américaine, y compris Georges Bush et Colin Powell, ont appelé le mur un "problème", ont noté que celui-ci gênait le "processus de paix", ce qui revient à une très faible manifestation rhétorique.
Il a été évoqué, à un moment, par le Congrès américain, que l’administration américaine retienne 1 dollar sur les prêts accordés à Israël par dollar dépensé pour la construction du Mur, en application de la loi américaine qui interdit l’aide à des pays qui s’engagent dans des violations du droit international. Cependant, aucune action n’a suivi et le Premier Ministre israélien a annoncé que le Mur continuerait à être construit quelles que soient les pressions.
En septembre 2003, le Congres américain a approuvé 9 milliards de dollars de prêts au gouvernement israélien sans faire mention du Mur.
15 ) Quelle est la position de l’Europe sur le Mur ?
L’Union Européenne a émis plusieurs communiqués appelant à cesser la confiscation des terres palestiniennes et la construction du Mur et se disant profondément concernée par le Mur. Cependant, les mots sonnent creux au regard du soutien que l’Union Européenne apporte à Israël, même si cela implique de violer ses propres lois.
L’Europe - qui occupe le premier rang en matière d’importations israéliennes et le deuxième rang pour ses exportations - a autant de poids économique dans la région que les Etats-Unis.
S’il n’y avait pas le soutien des Etats-Unis et de l’Europe, Israël ne pourrait supporter les dépenses énormes du Mur et de l’occupation. Les pays européens ont continué à exporter des armes vers Israël, même au cours de ces trois dernières années et n’ont pas voulu imposer d’embargo sur les exportations d’armes en direction d’Israël.
L’Union européenne continue également à accorder à Israël un accès privilégié pour ses produits sur le marché européen à travers l’Accord d’Association UE-Israël qui a débuté en 2000.
Bien que ce traité soit explicitement conditionné au respect des droits de l’Homme par tous les partenaires, et qu’il exclut les produits des colonies du bénéfice d’un traitement préférentiel, Israël refuse de faire une quelconque distinction entre les produits, falsifiant les certificats et ne répondant pas aux injonctions de l’UE concernant ce problème.
L’Union Européenne accepte ces violations de ses propres lois pour sauver "ses bonnes relations" avec Israël.
Chaque Euro pour l’économie israélienne d’occupation est un Euro en soutien à la poursuite de la construction du Mur, à la dépossession et l’expulsion du peuple palestinien mené par Israël.