Même les Français, relativement épargnés jusque là, ont été touchés. Un de leurs bateaux, le "Louise Michel", attend toujours d’être livré en fioul. L’opération, qui devait se tenir dans la matinée, a été interrompue par la police portuaire. D’après Thomas Sommer-Houdeville, membre du comité de coordination de la campagne française, les autorités ont prétexté que les papiers attestant du changement de propriétaire du bateau n’étaient pas complètement en règle. Le livreur, qui devait revenir dans l’après-midi, ne s’est finalement pas montré.
Résultat : une certaine paranoïa s’installe dans les rangs des militants, inquiétude alimentée par les nouvelles venues d’Irlande dans la journée. Le "Saoirse" (liberté, en gaélique) a été "victime d’un sabotage (...) dans le port turc de Gocek, où il mouillait", selon un communiqué du comité organisateur basé à Dublin, qui met clairement en cause les services israéliens. D’après des photographies diffusées sur Internet, c’est l’arbre de transmission qui a été endommagé. Une avarie "très similaire" à celle qui a touchée en début de semaine le "Juliano", navire gréco-suédo-norvégien actuellement en réparation dans une marina du Pirée.
Côté américain, le bateau "The Audacity of Hope" (l’audace d’espérer) a reçu officiellement hier l’interdiction de quitter le port où il est amarré. Des journalistes ont été conviés dans la journée pour témoigner du parfait état du navire. Drapeaux, banderoles et fanfare... L’opération de communication était si rondement menée qu’elle pourrait laisser présager un départ imminent malgré l’opposition des autorités maritimes.
Accusé de céder aux pressions conjuguées de Washington et Tel-Aviv, le gouvernement grec est sévèrement montré du doigt par certains militants. Des actions doivent être organisées vendredi dans "plusieurs lieux touristiques et politiques", sans qu’on en sache plus pour le moment.
Malgré ces déconvenues en cascade, les organisateurs veulent rester optimistes. "Quels que soient les obstacles, nous partirons", promet Claude Léostic, vice-présidente de l’Association France-palestine Solidarité (AFPS) et membre du comité de coordination de la campagne française. Signe de bon augure : le second bateau français, le "Dignité-Al Karama", qui avait quitté L’Île Rousse samedi est arrivé sans encombre jeudi après-midi à Athènes avec ses six passagers.