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Accueil > Informations > Culture > Culture - Littérature et poésie > Quelle paix durable ? Shlomo Sand versus Jean-Pierre Filiu
Culture - Littérature et poésie
jeudi 3 octobre 2024
PAL SOL n°88, par Bernard Devin

Quelle paix durable ? Shlomo Sand versus Jean-Pierre Filiu

Parmi les nombreux livres publiés récemment sur le Proche-Orient, deux retiennent plus particulièrement l’attention. D’une part, le dernier essai de Shlomo Sand, Deux peuples pour un État, d’autre part, l’analyse de Jean-Pierre Filiu Comment la Palestine fut perdue, et pourquoi Israël n’a pas gagné.

Ces deux grands historiens ont choisi, pour aborder le conflit israélo-palestinien, des angles très différents tout en étant complémentaires. Leurs conclusions sur les conditions d’une paix durable sont cependant diamétralement opposées. Pour Shlomo Sand, un État binational est la seule perspective crédible, alors que pour Jean-Pierre Filiu, l’exacerbation des tensions impose deux États séparés.

Un État ?

Shlomo Sand est l’un des plus illustres «  nouveaux historiens  » israéliens. Il a régulièrement bousculé l’orthodoxie sioniste, en particulier au début des années 2000 avec sa solide démonstration  : Comment le peuple juif fut inventé. Dans son dernier ouvrage, il explore le passé idéologique du sionisme pour identifier tous ceux qui ont rejeté le principe d’un État juif exclusif. Et il avoue qu’il n’imaginait pas à quel point ces prises de position avaient régulièrement irrigué l’histoire d’Israël depuis ses origines. Fort de ce constat, Shlomo Sand prend le contrepied des incantations occidentales sur la solution à deux États  : «  Il n’y a pas d’autre paradigme que de prendre acte de la réalité binationale telle qu’elle est, et d’agir dans ce cadre pour la transformer en une démocratie égalitaire  ». Il évoque comme exemples les luttes civiques des noirs américains ainsi que l’Afrique du Sud post-apartheid et souligne que l’égalité entre tous les citoyens est une attente de nombreux Palestiniens. Pour donner corps à son propos, il compare Haïfa et Jérusalem. À Haïfa, «  par-delà les frottements et les discriminations, [Juifs et Palestiniens] s’acceptent mutuellement et prospèrent grâce à une coopération fructueuse  ». Par contre, à Jérusalem, «  Israël entrave par tous les moyens la citoyenneté des Palestiniens vivant sous annexion  ». Pour le moment, Israël préfère la situation racialiste de Jérusalem au nom de la préservation du «  caractère juif  » de l’État. Mais cet apartheid ne pourra pas durer, affirme-t-il.

Il fonde sa conviction sur le concept de «  Stychie  », qu’il emprunte à Ber Borochov (p 230). La Stychie est un enchaînement d’événements aléatoires, non délibérés et non planifiés. Sand propose, à partir de cette grille, une relecture de l’émigration juive vers la Palestine qui est, selon lui, le fruit d’une succession de circonstances imprévisibles et non maîtrisées. Initialement les Juifs étaient massivement tournés vers l’ouest, mais les USA ont fermé l’immigration en 1924 ; puis à la conférence d’Évian en juillet 1938, les pays occidentaux ont refusé d’augmenter les quotas d’accueil de juifs voulant échapper au nazisme. Cette fermeture à l’ouest a créé les conditions pour que la «  catastrophe nazie  » provoque une immigration contrainte vers Israël, rendant dès lors possible la création d’un État. De même, la colonisation rampante qui n’a pas cessé depuis 1967, et qui bloque physiquement l’institution de deux États, est un processus de stychie qui crée une situation binationale de fait, la démocratie en moins en raison de l’apartheid. «  La coexistence de deux populations de plus en plus imbriquées l’une dans l’autre, sans égalité civique, juridique et politique peut certes se prolonger encore un temps, mais [ce statu quo] finira par s’achever.  »

Shlomo Sand n’est pas pour autant optimiste  : même s’il considère comme inévitable le processus d’intégration croissante, il «  ne voit guère pour le moment de forces politiques qui puissent conduire à un rapprochement  ». Par ailleurs, si ce livre vient tout juste d’être traduit de l’hébreu, il a en fait été écrit pour l’essentiel avant le retour au pouvoir de Netanyahou en 2022 ; le scepticisme de Sand prend dès lors un relief terriblement prémonitoire  : «  Il semble que cette région soit condamnée à traverser quelques catastrophes avant que la raison, l’égalité et la justice trouvent le moyen de s’instaurer […] Si les nationalistes extrémistes occupent de plus en plus les centres de décision […] une telle radicalisation se traduira-t-elle par une destruction massive avec des victimes par dizaines de milliers ?  ». Malgré cela, conclut-il, il faudra «  le moment venu, arracher de son cœur la muraille de haine édifiée comme une forteresse sur un amas de peurs.  »

Deux États ?

Contrairement au livre de Shlomo Sand, l’ouvrage de Jean Pierre Filiu a été bouclé le 3 décembre 2023. Il est donc en prise directe avec les massacres de Gaza. Le titre qu’il a choisi exprime clairement l’absurdité dans laquelle est enkysté le conflit  : une défaite sans vainqueur. Pour argumenter cette «  étude structurelle d’un processus historique  », Filiu a construit une approche thématique avant que d’être chronologique. Il décline ainsi ce qu’il considère comme les trois forces israéliennes face aux trois faiblesses palestiniennes. À travers chacun de ces six axes de lectures, il déroule la chronologie historique en la réexaminant à chaque fois sous une focale différente. Ce faisant, il ouvre des perspectives d’analyse jusqu’ici mésestimées.

Ainsi, il montre que la première force du sionisme est d’avoir été chrétien avant d’être juif ! Car pour les évangélistes anglo-saxons, depuis le milieu du XIXe siècle, seul le retour des Juifs en Israël permettra le retour de Dieu. Théodore Herzl l’a très vite compris  : dès le premier congrès sioniste de 1897, il invite des représentants chrétiens qui voient dans son projet «  l’accomplissement imminent des prophéties  ». J.-P. Filiu démontre comment cette croyance a constitué le socle des positions occidentales, qu’il s’agisse de la déclaration Balfour ou du soutien américain, encore aujourd’hui. Ainsi, Trump recueille 80 % des votes évangélistes blancs contre seulement 25 % du «  vote juif  ». Au point que Netanyahou privilégie un «  sionisme sans les Juifs  », cherchant ses alliés chez les intégristes, même s’ils sont antisémites, plutôt que dans la diaspora qui est de plus en plus critique à l’égard de sa politique. La deuxième force d’Israël c’est sa «  pluralité de combat  »  : quelles que soient les divergences politiques, l’unité se reconstruit en un instant chaque fois que se pose une question existentielle. Constat qui s’est encore vérifié le 7 octobre. La troisième force du sionisme, c’est sa stratégie du fait accompli, associée à l’absence d’explicitation d’un objectif final ; toutes les options restant ouvertes dans le cadre d’une stratégie de grignotages continus. Depuis plus de cinquante ans, la colonisation de la Cisjordanie illustre parfaitement cette «  intelligence du pas à pas  ».

Jean Pierre Filiu énumère ensuite les trois faiblesses des Palestiniens  : tout d’abord, l’illusion de la solidarité arabe. Ainsi, dès 1913, le premier congrès arabe à Paris refuse d’aborder la question de la Palestine, «  afin de ne pas indisposer  » la France, pays d’accueil. Cette duplicité des décideurs ne s’est jamais démentie depuis, comme Filiu le prouve abondamment. Les divisions internes représentent la deuxième faiblesse des Palestiniens. Désastreuses dans les années trente, elles ont été particulièrement sensibles à Jérusalem, où les familles Husseini et Nashashibi se sont longtemps affrontées alors même que l’implantation sioniste se consolidait. Récemment encore, Netanyahou a su utiliser le Hamas contre l’OLP. Enfin le troisième handicap palestinien se fonde sur le «  deux poids, deux mesures  », fruit du profond biais pro-israélien dans le débat public occidental qui est «  convaincu d’adopter une position morale et équilibrée, ce qui rend ce biais d’autant plus implacable, car aveugle de lui-même.  »

Concernant les perspectives, Filiu suggère d’abord de sortir de ce qu’il considère comme une double impasse intellectuelle  : d’une part le mythe d’un État binational, «  option que le sionisme aujourd’hui triomphant a rejeté depuis près d’un siècle  », et d’autre part la croyance en «  une question palestinienne une fois pour toutes enterrée  ». Il affirme ensuite que, même si «  l’invocation rhétorique de la solution à deux États semble bien peu crédible face à l’impuissance à enrayer la course à l’abîme de la destruction méthodique de Gaza […] elle constitue pourtant le seul horizon d’avenir.  »

Est-ce bien la question ?

Cette opposition de perspectives chez les deux historiens signe-t-elle l’impasse dans laquelle le conflit est enferré ? Sans doute. Cependant, Shlomo Sand confirme qu’au-delà de l’apartheid et du racisme, il existe tout un pan de la culture israélienne ouvert au respect de l’autre. Jean-Pierre Filiu quant à lui, éclaire l’impact délétère de l’injustice faite aux Palestiniens sur «  l’ensauvagement du monde actuel  ». Les deux historiens participent d’une réflexion ouverte sur l’impératif d’une solution qui ne pourra aboutir sans une implication internationale résolue. Car, au-delà de leurs conclusions contradictoires, ils alimentent le nécessaire débat sur l’urgence d’une solution. Étant entendu que ce sont les Israéliens et les Palestiniens qui construiront eux-mêmes les réponses en dépassant l’accumulation de haines et de meurtres, comme d’autres pays l’ont fait avant eux. Mais quelle que soit l’option, les deux chercheurs partagent la même certitude  : ils n’y parviendront pas seuls !

Bernard Devin

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