L’Égypte a proposé mardi un plan de 53 milliards de dollars pour la reconstruction de la bande de Gaza sur cinq ans, dont le texte a été vu par Middle East Eye.
Cette proposition est intervenu lors du sommet extraordinaire de la Ligue arabe qui s’est tenu au Caire en réaction à la déclaration du président américain Donald Trump le mois dernier, selon laquelle il a l’intention de s’emparer de Gaza et d’en faire un centre touristique tout en déplaçant sa population palestinienne.
Le plan égyptien rejette le déplacement des Palestiniens et cherche à redévelopper l’enclave sans la dépeupler.
Il prévoit que l’Autorité palestinienne (AP) supervisera la gestion de la reconstruction par l’intermédiaire d’un "comité d’administration de Gaza" pendant les six premiers mois.
Le comité sera composé de technocrates et de membres non partisans, opérant sous l’égide du gouvernement palestinien basé à Ramallah.
Cette mesure vise à faciliter le retour complet de l’Autorité palestinienne à Gaza, selon le plan.
Qui gérera la sécurité à Gaza ?
Selon le plan, l’Égypte et la Jordanie formeront les forces de police palestiniennes en vue de leur déploiement à Gaza.
Le plan précise toutefois que d’autres pays pourraient participer à cet effort à l’avenir, afin d’apporter un soutien politique et financier.

Le plan propose ensuite que le Conseil de sécurité des Nations unies envisage l’idée d’une "présence internationale" en Cisjordanie et dans la bande de Gaza occupées.
Selon le plan, cela pourrait impliquer le déploiement de forces internationales de protection ou de maintien de la paix, dans le cadre du processus de reconstruction.
En ce qui concerne les factions palestiniennes armées telles que le Hamas, le plan qualifie leur existence de "défi majeur" et souligne que leur présence ne sera résolue de manière permanente que si les causes profondes de la résistance armée sont traitées dans le cadre d’un processus politique qui respecte les droits des Palestiniens.
Mesures de construction de la confiance
Le plan repose sur la nécessité d’une solution à deux États et sur le fait qu’il n’y a pas d’alternative à cette solution.
Une trêve à moyen terme devrait être instaurée entre Israël et l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et à Gaza, au cours de laquelle des négociations seraient menées et des mesures de construction de la confiance prédéterminées, y compris la cessation de toutes les actions unilatérales des deux parties.
Israël devrait cesser toute activité de colonisation, d’annexion de terres, de démolition de maisons, de raids militaires dans les villes palestiniennes et de tentatives visant à modifier le statut juridique et historique des lieux saints.
Le plan prévoit la fin de toutes les activités de résistance armée si un accord de paix est conclu pour établir un État palestinien et mettre fin à l’occupation israélienne.
Comment le plan sera-t-il mis en œuvre ?
Tout d’abord, des logements temporaires seront fournis aux personnes déplacées à Gaza pendant le processus de reconstruction, selon l’une des options suivantes :
1) Des zones désignées à l’intérieur de la bande de Gaza, avec sept sites accueillant plus de 1,5 million de personnes. Les Palestiniens déplacés seront logés dans des unités d’habitation temporaires, chacune pouvant accueillir en moyenne six personnes.
– Site 1 : Rafah, avec une capacité d’accueil d’environ 213 000 personnes.
– Site 2 : Khan Younis, d’une capacité d’environ 223 000 personnes.
– Site 3 : Deir al-Balah, avec une capacité d’environ 184 000 personnes.
– Site 4 : la ville de Gaza, avec une capacité d’environ 353 000 personnes.
– Site 5 : Gaza Nord, d’une capacité d’environ 197 000 personnes.
– Site 6 : Gaza City, d’une capacité d’environ 176 000 personnes.
– Site 7 : ville de Gaza, d’une capacité d’environ 176 000 personnes.

Calendrier de mise en œuvre
Phase initiale de rétablissement rapide
Durée de la phase : six mois
Coût estimé : 3 milliards de dollars
Principales activités :
– Enlèvement des décombres de l’axe central (route de Salah al-Din) et d’autres zones de Gaza, les débris étant transportés vers des sites de collecte côtiers.
– Préparation de cet axe en tant que corridor de reconstruction.
– Fourniture de 200 000 logements temporaires préfabriqués pour accueillir 1,2 million de personnes.
– Lancement de la réparation de 60 000 unités de logement partiellement endommagées, dans le but d’héberger 360 000 personnes une fois la restauration achevée au cours de la prochaine phase.

Phases de reconstruction
Phase I :
Durée : 2 ans
Coût estimé : 20 milliards de dollars
Principales activités :
– Achèvement de l’enlèvement des décombres.
– Restauration de 60 000 unités partiellement endommagées.
– Construction de 200 000 nouveaux logements permanents pour accueillir 1,6 million de personnes.
- Réhabilitation de 20 000 acres de terres agricoles.
– Développement des infrastructures essentielles, y compris l’électricité, les télécommunications et les bâtiments de service.
– Mise en place de systèmes d’approvisionnement en eau, de lutte contre les incendies et d’assainissement, avec :
2 usines de dessalement
2 réservoirs d’eau potable et de lutte contre l’incendie
2 réservoirs d’eau d’irrigation
2 stations d’épuration des eaux usées
Phase II :
Durée : 2,5 ans
Coût estimé : 30 milliards de dollars
Activités principales :
– Poursuite du développement des infrastructures et des services.
– Construction de 200 000 unités de logement permanentes supplémentaires pour accueillir 1,2 million de personnes, ce qui porte le nombre total d’unités de logement permanentes à 460 000, soit un nombre suffisant pour 3 millions de résidents.
– Développement d’une zone industrielle de 600 acres.
– Construction de :
un port de pêche
un port maritime commercial
Aéroport international de Gaza
– Mise en œuvre de la première phase de la route côtière (route Al-Rasheed), qui s’étend sur 10 km.
Comment sera-t-il financé ?
Le financement total requis pour le plan de reconstruction est estimé à 53 milliards de dollars, répartis comme suit :
– Phase initiale de rétablissement rapide : 3 milliards de dollars pour le déminage, l’enlèvement des décombres, les logements temporaires et la restauration partielle des bâtiments endommagés.
– Phase I de la reconstruction (jusqu’en 2027) : 20 milliards de dollars pour les infrastructures, les bâtiments de service, les logements permanents et la réhabilitation des terres agricoles.
– Phase II de la reconstruction (jusqu’en 2030) : 30 milliards de dollars pour l’achèvement des infrastructures, la construction de zones industrielles, de ports et d’un aéroport.

Les sources de financement doivent être diversifiées et coordonnées :
– les agences des Nations unies, les institutions financières internationales, les pays donateurs, les fonds d’investissement, les agences de développement et les banques de développement.
– Les investissements directs étrangers des entreprises multinationales.
– Les organisations de la société civile, qui jouent un rôle clé dans la mobilisation des ressources financières pour les efforts de redressement et de reconstruction.
Le plan ajoute que, dans un souci de transparence et d’efficacité, un fonds fiduciaire supervisé au niveau international sera créé pour gérer les engagements financiers et contrôler les dépenses.
Traduction : AFPS