Silwan est la ville la plus rattachée au mur historique de Jérusalem et la garnison sud de la mosquée Al-Aqsa, ses terres s’étendaient jusqu’à la zone de « Khan Al-Ahmar » entre les villes de Jérusalem et Jéricho. Cette zone s’appelait autrefois « Khan Al-Salawneh » avant la confiscation de la plupart de ses terres par l’occupation. La ville est désormais limitée à 12 quartiers d’une superficie de 5 640 dunums.
Selon Fakhri Abu Diab, membre du Comité de défense des terres de Silwan, 59 000 habitants de Jérusalem vivent à Silwan, en plus des 2 800 colons implantés par les forces d’occupation dans 78 avant-postes de la ville.
La menace de déplacement forcé concerne environ 7 500 personnes vivant dans 6 quartiers de Silwan, qui sont menacées soit de démolition de leurs maisons sous prétexte de construire sans permis, soit de leur expulsion au profit des associations de colonisation israéliennes.
Abu Diab dit que les équipes de la municipalité d’occupation à Jérusalem ont jusqu’à présent délivré 6 817 ordres de démolition de maisons dans 6 quartiers de Silwan.
Voici les quartiers les plus en vue menacés de déplacements massifs :
Quartier de Wadi Hilweh
C’est le quartier adjacent au mur sud de la vieille ville et à la mosquée Al-Aqsa. Il s’étend sur une superficie de 750 dunums et compte une population de 5 000 habitants.
De nombreuses maisons sont menacées par les fouilles israéliennes en contrebas de ce quartier, pour cette raison, Abu Diab dit que 128 maisons sont menacées d’effondrement, en plus de 5 maisons qui sont menacées de saisie en vertu de la loi sur la propriété des absents, et 11 autres qui ont reçu des ordres de démolition sous prétexte que leurs propriétaires n’ont pas obtenu de permis de construire, tandis que 42 avant-postes de colonies ont été implantés dans le quartier jusqu’à présent.
Quartier Al Bustan
Il s’étend sur une superficie de 70 dunums, et abrite 1 550 habitants de Jérusalem, répartis sur 109 maisons, dont 10 ont été démolies à ce jour.
Actuellement, la menace de démolition - sous prétexte de construction sans permis, concerne 97 logements, dont 17 relèvent de la loi israélienne « Kaminitz ». Ainsi, il y a quelques jours, l’occupation a donné aux propriétaires de 13 d’entre eux un délai de 3 semaines pour les auto-démolir.
Ces maisons en particulier ne peuvent pas recourir aux tribunaux pour arrêter ou reporter le processus de démolition, et le délai pour leurs propriétaires expire dimanche (27 juin).
La Knesset israélienne a promulgué la loi Kaminitz en 2017, dans le but de lutter contre l’expansion urbaine palestinienne sous prétexte de construire sans permis.
L’occupation cherche à accélérer le processus de démolition des maisons du quartier d’Al-Bustan pour établir un « parc national » appelé « Jardin du roi » pour commémorer l’endroit qui était, selon la version israélienne, « un jardin pour le roi David ».
Quartier de Batn Al-Hawa
Il fait partie du quartier central, un des quartiers de Silwan.L’association de colonisation Ateret Cohanim revendique la propriété de 5 dunams et 200 mètres carrés. Les résidents ici ont reçu des ordres d’expulsion pour 86 maisons, dans lesquelles vivent 726 Jérusalémites.
La pénétration des colonies a commencé dans le quartier en 2004 avec deux avant-postes de colonies, puis s’est intensifiée en 2014 pour atteindre 6 avant-postes dans lesquels vivent 23 familles de colons.
Ateret Cohanim affirme que la propriété des maisons du quartier appartient à des Juifs d’origine yéménite avant 1948. En 2018, le "Yemeni Jewry Heritage Center" y a été ouvert, affirmant qu’une synagogue leur appartenant s’y trouvait et porte le nom de "Beit Al-Aasal".
Quartier de Wadi Al Rababah
Il est située à l’ouest de la ville de Silwan, et la vallée occupe une superficie d’environ 210 dunams, dans laquelle 800 Jérusalémites vivent dans des conditions difficiles, en raison du harcèlement des différentes forces d’occupation qui cherchent à les expulser. La menace de déplacement forcé menace ici 405 Jérusalémites qui attendent un sort sinistre si leurs maisons sont démolies.
Quartier de Wadi Yasoul
Il s’étend sur une superficie de 310 dunums et est habité par 1 050 habitants de Jérusalem. Des décisions ont été rendues pour y démolir 84 maisons sous prétexte de constructions sans permis. Environ 600 personnes vivent dans ces maisons.
Quartier Ain Al-Loza
Il couvre une superficie de 870 dunums, et est habité par 3 400 personnes. Les propriétaires de 283 maisons ont reçu l’ordre de les démolir sous prétexte de ne pas avoir de permis non plus. Le reste des ordres de démolition est distribué à d’autres quartiers de Silwan, et ces menaces affectent également 3 mosquées.
Projets en cours et d’autres en attente
Le chercheur en affaires des colonies, Ahmed Sub Laban, a déclaré que la ville de Silwan est ciblée par les colonies à travers des projets mis en œuvre par le gouvernement directement ou par le biais d’associations de colonisation, dirigées par "Elad" et "Ateret Cohanim".
Il a ajouté que la ville est ciblée par 10 projets de colonisation, dont certains ont été mis en œuvre et d’autres attendent l’approbation des départements israéliens de planification et de construction.
Le plus important des projets de "tourisme de peuplement" est ce qu’on appelle la "Cité de David", un projet qu’Israël est fier de recevoir chaque année environ un million de touristes étrangers et israéliens.
Ce projet a été construit à Wadi Hilweh, au sud d’Al-Aqsa, et l’occupation tente de l’agrandir en construisant un parking "Givati", qui se compose de 6 étages et comprend également un centre commercial.
Ce bâtiment sera adjacent au mur historique de la vieille ville et sa hauteur sera égale à la hauteur du mur, ce qui contredit les mêmes cadres organisationnels et de construction israéliens qui interdisent la construction de bâtiments adjacents aux murs historiques de hauteur comparable ou supérieure et qui le rend invisible à la vue.
Un autre projet controversé, à travers lequel Israël cherche à relier l’ouest de Jérusalem avec son est, est le "métro aérien" qui transportera les touristes entre les deux parties de la ville et affectera principalement les quartiers de Wadi Al-Hilweh et Wadi Al-Rababa à Silwan.
Quant au projet de colonisation du « pont aérien », qu’Israël prétend être une attraction touristique, mesurera 240 mètres de long et 30 mètres de haut, et partira du quartier d’Al-Thawri, traversera les terres de Wadi Al-Rababa et atteindra la zone de Waqf Al-Dajani au sud-ouest de la mosquée Al-Aqsa.
Les projets de peuplement ne sont pas mis en œuvre à la surface de la terre, mais s’étendent plutôt à son intérieur, selon le chercheur Sub Laban, qui a évoqué le projet « Tunnel de la Marche des pèlerins », à travers lequel l’occupation vise à connecter la source d’eau dans Silwan à la zone du mur d’Al-Buraq à travers un tunnel actuellement construit sous les maisons des habitants de Jérusalem à Wadi Hilweh.
De temps en temps, des glissements de terrain et des fissures se produisent dans ce quartier en raison des fouilles continues.
En outre, Sub Laban dit que le gouvernement israélien et les associations de colons ne cessent de présenter des projets pour établir des voies aériennes et sur terre, des parcs publics et des restaurants dans les zones de Silwan, dans le but d’encourager le tourisme dans les colonies et de l’amener au cœur des quartiers palestiniens.
« Grâce à ces projets, ils veulent laver le cerveau des touristes par la judaïsation de ce qui est sur terre et sous terre, et réécrire l’histoire par des guides touristiques israéliens », a-t-il déclaré.
Sites archéologiques importants
Afin de découvrir les sites archéologiques les plus importants de Silwan, Al Jazeera Net s’est adressé au guide touristique Bashar Abu Shamsia, qui a déclaré qu’Ain Silwan est l’un des monuments les plus importants de la ville, soulignant la connexion de nombreuses histoires populaires à cet endroit.
Abu Shamsia a évoqué l’importance des palais omeyyades situés à Silwan, qui ont été construits par les Omeyyades il y a plus de 1 300 ans, à côté de la mosquée Al-Aqsa, et ils conservent toujours leurs caractéristiques malgré les dommages qu’ils ont subis en raison des facteurs de la nature, les guerres et les tentatives de judaïsation.
Silwan comprend également des tombes historiques de la période grecque qui ont été trouvées « pour la sanctification, la bénédiction et la vie immortelle après la mort », comme on le croyait à cette époque, parmi lesquelles les immenses tombes « Tantour Pharaon », qui sont situées sur la route entre Silwan et Mosquée Al-Aqsa.
Wadi Al-Rababa, selon le guide touristique, n’est pas exempt de vestiges laissés par les civilisations successives, notamment le monastère grec de la pénitence, qui a été créé en 1893 pour commémorer le suicide de "Judas Iscariot", l’un des disciples de Jésus, que la paix soit sur lui, et ici il s’est pendu à un arbre regrettant la reddition du Christ, en préparation de son procès et crucifixion.
Abu Shamsia dit que chaque vallée de Silwan comprenait un moulin à blé à son extrémité, en plus de nombreux monuments cananéens situés dans le projet d’implantation de la "Cité de David".
Traduction : Moncef Chahed