L’utérus de la femme palestinienne est le seul utérus que je connaisse qui soit si inhumainement décrit comme " une bombe explosive dormante ".
Ceci et d’autres descriptions similaires ont été appliquées aux Palestiniennes de Gaza et Cisjordanie ainsi qu’aux Palestiniennes ayant la citoyenneté israélienne.
L’ "horloge de naissance fait tic tac ", avertissent régulièrement des leaders israéliens et leurs conseillers. Cette obsession constitue un élément unique dans le débat concernant l’avenir des deux nations et la perspective de paix sur la Terre Sainte. Pour les Palestiniens, comme pour d’autres cultures, la maternité est un problème sensible.
C’est une chose très personnelle, elle se discute uniquement en cercles familiaux restreints. Dans les démocraties, parler de pureté raciale, ethnique ou religieuse ou de préférence démographique est considéré comme un concept raciste qui endommage les structures de toute société civilisée.
Par conséquent, tenter d’influencer le processus de croissance naturelle d’une population, apparaît être un instinct génocidaire, un appel pour un nettoyage ethnique. En effet, c’est peut être le souhait qui se cache derrière le comportement des forces d’occupation lorsque elles refusent aux femmes en couches l’accès aux soins médicaux, leur tirant souvent dessus alors qu’elle essaient d’atteindre l’hôpital le plus proche. Cela peut aussi expliquer pourquoi des snipers israéliens visent autant de nos enfants à la tête et aux organes vitaux avec l’intention délibérée de tuer.
De l’idéologie à la mise en oeuvre.
Finalement, les planificateurs et décisionnaires israéliens se sont déplacés de l’étape idéologique à celle de la mise en pratique. Aujourd’hui, les lois et stratégies élaborées pour combattre l’augmentation naturelle de la population palestinienne, semblent conçues pour faciliter la transformation de ces concepts et désirs en des actions concrètes ayant pour but " de désamorcer la bombe démographique ". De telles stratégies sont même plus vicieuses que la violence quotidienne que nous endurons et si insidieuses et subtiles qu’elles ne font pas la une des médias internationaux.
La Palestine n’est ni la Chine, ni le Bangladesh. Les 3,3 millions de personnes qui continuent à y vivre, composent 40% de la nation palestinienne. Les Palestiniens avaient un des taux de fécondité les plus élevés du monde. Actuellement, ce taux est tombé à 7 enfants à Gaza et à 4,7 en Cisjordanie. Le double ou le triple de celui des Israéliens. Des études statistiques israéliennes suggèrent que si cette tendance se poursuit dans la prochaine décennie sans " aucune gestion ", les Palestiniens pourraient dépasser la population juive dans le pays.
Depuis des années, des ONGs ont travaillé, au nom du droit des femmes, afin de promouvoir le planning familial en Palestine. Des nombreux problèmes liés à la santé reproductive et ceux liés en général à la santé des femmes qu’elles ont abordé, leur seule réalisation significative a été de diminuer le taux de fécondité. Malgré leurs efforts, un succès minime, si l’on peut le définir ainsi, a été accompli en combattant les cas élevés et en hausse de mortalité maternelle, de cancers maternels, d’anémie et de mauvaise santé générale féminine, de complications post natales ou de tout autre problème récurrent.
Et ces tactiques " pour gérer le problème de croissance des Palestiniens " ne se sont pas arrêtées là. La Cour Suprême a entériné des lois discriminatoires concernant la résidence officielle, la citoyenneté et le mariage pour les non-Juifs. Par exemple, pour les habitants palestiniens de Jérusalem, vivre en dehors de la cité met en péril leur résidence officielle, nie leurs droits élémentaires à l’assurance santé et sécurité sociale et en dernier lieu leur droit d’entrer à Jérusalem. Une autre mesure récente stipule que des Palestiniens de citoyenneté israéliennes ne peuvent passer leur citoyenneté à leurs enfants et épouse. En outre, les Palestiniens vivant en Israël " proprement dite " qui se marient à des Palestiniens de Cisjordanie et Gaza courent le risque de ne pas pouvoir faire venir leur famille auprès d’eux.
Par contraste, les Juifs israéliens peuvent habiter où bon leur semble, aussi longtemps qu’ils veulent et conserver leur citoyenneté ; Ils peuvent passer leur citoyenneté israélienne à leur épouse non juive ou étrangère et le dernier venu aura davantage de droits et d’ouvertures dans le pays où il débarque que la propre population autochtone, les Palestiniens.
Sous le prétexte de leur donner un état et leur permettre un quelconque niveau d’autodétermination, l’agenda israélien inclut la création de ghettos qui consistent en de petites zones géographiques surpeuplées et isolées entre elles. [1]
Ces bantoustans contribuent à la strangulation de l’économie et des possibilités de recherches d’emplois jusqu’au point où le Palestinien moyen aura le choix entre : partir " volontairement " ou mourir de faim dans son propre pays sous occupation illégale. Jusque ici, beaucoup ont opté pour la dernière solution, qui conduit naturellement à un épuisement des ressources encore plus important, à augmenter la compétition et les conflits d’intérêts et à saper la ténacité légendaire des Palestiniens.
- Ecolières devant leur école fermée
Depuis le début de la seconde intifada, le déclin du notre niveau de vie a été rapide et profond. Il est directement lié à la violence et à l’obstruction de déplacement que nous subissons au quotidien, y compris mort et blessure touchant famille et amis, endommagement de nos biens, frustration, humiliation et pauvreté que nous endurons à travers les bouclages étouffants, les couvre feux et le confinement. Ces conditions vont empirer dans les trois ou quatre années à venir.à cause du mur monstrueux qu’Israël est en passe de terminer. Officiellement, la population juive actuelle dans le pays s’élève à environ 6,2 millions.
Elle n’inclut pas les étrangers qui obtiennent la nationalité et vivent en dehors - ceux qui sont disposés à habiter ici durant les périodes de facilité et qui partent pour des climats plus cléments durant les périodes difficiles. Sur les 55 années passées, Israël a refusé à nos réfugiés, leur droit au retour, alors que les immigrants juifs sont accueillis à bras ouverts.
Fondamentalement, sans flot d’immigrants, la population juive en Palestine Occupée serait seulement de (260 000 ? ou une simple petite portion de ce qu’elle représente aujourd’hui).
Pendant que les " pacifistes israéliens " se sentent contraints de céder de la terre et d’isoler les Palestiniens pour éviter la " menace " démographique, des colons des Territoires Occupés ont appelé les politiques gouvernementales à encourager les naissances juives, promouvoir les conversions religieuses et stimuler l’immigration juive.
Ils insistent sur le fait qu’Israël ne doit pas perdre son influence sur cette terre et puisse entretenir le rêve du Grand Israël allant du Jourdain à la Méditerranée. Ils parlent ouvertement d’expulsion forcée des Arabes en Jordanie et au Sinaï s’ils essayent de résister. Que pouvons nous faire face au déferlement d’une volonté de transfert librement émise à l’intérieur de la société juive israélienne et face aux plans continus qui nous étouffent.
Bien sûr, nous sommes résolus à rester dans ce qu’ils perçoivent comme étant leur patrie exclusive. Pour résister et contrecarrer les stratégies génocidaires d’Israël, la communauté palestinienne de l’intérieur et de la diaspora devraient prendre acte des défis à relever et agir pour éveiller la conscience internationale quant aux intentions israéliennes et à ses pratiques criminelles actuelles.
Nous devons faire campagne pour obtenir de l’aide afin de satisfaire aux besoins de première nécessité de notre peuple, rehausser notre indépendance économique et la croissance naturelle de notre population.
Je ne dis pas que les Palestiniens doivent avoir des douzaines d’enfants mais nous devons connaître nos droits en matière de reproduction et avoir conscience de toutes les composantes des soins de santé reproductive, y compris la liberté de choix et l’éducation nécessaire pour assumer ces choix.
Ce n’est ni une croissance naturelle, ni un développement naturel que nous devons combattre mais la pauvreté, la maladie, l’ignorance, l’oppression, le sexisme et le racisme.
Ce qui signifie, prêter une attention particulière aux orphelins palestiniens et aux enfants de prisonniers dont le nombre augmente constamment lorsque la violence israélienne fauche sans discontinuer nos pères et nos mères. Ces enfants sont nos enfants et nous devons trouver les réseaux appropriés pour les mettre en relation avec des parents adoptifs d’ici ou de la Diaspora qui peuvent financer leur éducation, leur fournir des moyens de subsistances et tenter de reconstruire un lien affectif avec eux à travers le temps et la distance. Ce genre de projet peut aussi contribuer à mobiliser l’engagement national des Palestiniens de la Diaspora et améliorer les qualités morales de notre peuple - lesquelles peuvent être aussi importantes que notre nombre.
La peur pathologique d’Israël
En réfléchissant à la peur d’Israël de notre simple existence, j’ai compris que sa pathologie réside dans sa revendication de démocratie tout autant que dans son exclusivisme juif. Si il n’y avait pas ce dernier point, notre présence ne serait pas perçue comme menaçante.
- Enfant palestinien
Une démocratie, en théorie, est censée être un système qui protège les droits élémentaires des minorités contre la tyrannie d’une majorité écrasante. Cependant, dans le cas d’Israël, la démocratie est manipulée dans le but de maintenir le pouvoir et les privilèges de la majorité juive et non pour protéger leur identité culturelle, héritage et pratique religieuse qui pourraient être également préservés et mis en valeur dans une société plurielle et multiethnique où la liberté de culte, d’expression et d’association sont garanties pour tous.
La " démocratie " israélienne a été utilisée comme un stratagème pour gagner l’adhésion de la communauté internationale. Elle est toujours évoquée pour consolider une position juive dominante et préserver sa suprématie- la raison sous-jacente et l’outil employé pour atteindre l’objectif de notre expulsion.
Aujourd’hui, Israël prend avantage de l’ignorance et l’apathie internationale.
Alors qu’il exécute ses plans en toute quiétude, il proclame au monde que notre présence est une menace face à laquelle il a le droit de se défendre.
De ce fait, les israéliens propagent leur propre vision ethno -nationaliste au monde. Pendant que dans le même temps, en Europe, les personnes dotées d’une mentalité similaire, sont étiquetées comme " néo-nazis " et " anti-sémites ". Durant les années d’apartheid, le docteur Wouter Basson, un célèbre spécialiste sud africain, de la guerre chimique et biologique, fit des plans pour empoisonner l’eau alimentant les townships afin de freiner le taux de natalité de la population noire. Aujourd’hui, je retiens mon souffle d’effroi, en pensant à ce que les Israéliens sont capables de faire sous couvert " de mesures d’équilibre démographique " alors que le point de rupture est proche dans mon pays natal