Peter Hansen, le commissaire-général de l’Unwra [1] dans les territoires palestiniens est persécuté pour avoir dit la vérité :il y a des membres du Hamas qui travaillent à l’Unwra. Le ministère des affaires étrangères canadien est préoccupé et celui d’Israël est contrarié par la « révélation ». 2 jours après la publication de photos aériennes qui montraient théoriquement, d’après Israël, des Palestiniens mettant un missile Qassam dans une ambulance de l’Unwra, les paroles de Hansen pourraient renforcer l’accusation israélienne que « l’Unwra collabore avec les terroristes ».
Mais l’attaque israélienne contre l’Unwra pourrait bien être à double tranchant, si elle entraîne une diminution des dons qui sont la base du budget de l’organisation. Parce que l’Unwra est l’un des plus importants filets de sécurité que la communauté internationale a tendu sous Israël qui, en tant que puissance occupante, a refusé de reconnaître sa responsabilité auprès de la population civile occupée. Pendant les 3 dernières années, l’Unwra a régulièrement apporté une aide alimentaire à environ la moitié de la population palestinienne qui se trouve en état d’ « insécurité alimentaire ». A elle seule l’Unwra apporte une aide alimentaire régulière à 1.5 millions de Palestiniens en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza.
Les études de la Banque Mondiale montrent que la cause directe de l’écroulement de l’économie palestinienne et de l’étendue de la pauvreté des Palestiniens est la politique israélienne de restrictions de mouvement drastiques dans les territoires palestiniens. L’aide alimentaire des Nations-empêche que des maladies se déclarent et que la malnutrition se généralise. Comment l’ambassadeur d’ Israël, qui appelle à démettre Peter Hansen, répondrait-il aux rapports de malnutrition d’une ampleur que l’on connaît en Afrique, voire de famine, dans les territoires qu’Israël contrôle ?
Actuellement, l’Unwra est l’organisme qui se préoccupe le plus de trouver de nouveaux logements pour les milliers de réfugiés que la politique israélienne de destruction de maisons a laissés sans abris dans la Bande de Gaza. Les mêmes jours où les bulldozers de l’armée israélienne jettent les gens hors de chez eux dans le camp de réfugiés de Jabalyia , l’Unwra -et avec elle les familles des victimes- se mobilise pour fournir l’aide initiale sous forme de nourriture, de livres de classe, d’ustensiles de cuisine et de médicaments, tout ce qui a été détruit par les crocs des machines israéliennes.
Après cela elle supervisera et coordonnera la reconstruction des maisons. Comme elle le fait à Jénine, Rafah et Khan Younis, prévenant ainsi l’aggravation de la crise sociale palestinienne et épargnant à Israël de devoir rendre compte, au nom du droit international, des dommages causés à la population sous son occupation..
La société palestinienne musulmane devient de plus en plus religieuse, à mesure que la vie devient de plus en plus dure et que les solutions nationales et laïques ne débouchent pas. Ceci se manifeste dans le soutien grandissant au Hamas en tant que mouvement national-religieux dont les dirigeants ont prouvé- aux yeux de nombreux Palestiniens- qu’ils étaient plus justes et attentifs à la population que ceux du Fatah ou de l’Autorité palestinienne.
Tous les gens qui soutiennent le Hamas ne croient pas à la plate forme politico-messianique du mouvement, d’une « grande Palestine musulmane ». La plupart ne sont pas impliqués dans les activités de la branche militaire du Hamas. De nombreuses enquêtes montrent que le soutien au Hamas à Gaza concerne de 25 à 40% de la population. La plupart de ces personnes sont des enseignants, infirmiers et médecins. Il est donc naturel que certains d’entre eux cherchent et trouvent un emploi dans l’Unwra qui est l’employeur le plus important après l’Autorité palestinienne.
Si le ministre des affaires étrangères canadien veut comprendre le phénomène, il devrait consulter des sociologues et des historiens des régimes coloniaux d’occupation plutôt que de se fier aux rapports superficiels des services de renseignement..
Pour ce qui est de la question sur le missile ou la civière, il faut espérer que l’équipe des Nations-unies qui enquête sur les accusations israéliennes ira au fond de cette affaire pour trouver la vérité. Ils devraient peut-être aussi consulter Zohar Shapira, sergent-major de réserve dans l’unité d’élite Sayeret Matkal.
Il a participé à l’opération « rampart » en avril 2002 et a eu la stupéfaction de découvrir que l’armée israélienne utilisait des ambulances militaires pour transporter incognito des troupes qui allaient arrêter des suspects à Yazid près de Naplouse . Ses supérieurs lui ont dit que c’était la guerre et que les ambulances étaient les véhicules les plus protégés dont ils disposaient. Le Comité des Nations-unies devrait entendre Shapira déplorer la mauvaise utilisation des ambulances -des deux côtés, mais en tant qu’Israélien il est indigné de l’hypocrisie de l’armée et des porte-parole du gouvernement.
Un porte-parole de l’armée a assuré au journaliste de Maariv [2] qui a publié le témoignage de Shapira au mois de juin que, à la suite de quelques plaintes, les procédures avaient été modifiées. D’accord, mais ni Shapira ni les Palestiniens n’ont les drones qui leur permettraient de s’assurer que les nouvelles procédures sont appliquées.
Mais, même s’il était prouvé que c’était bien un missile Qassam, l’Unwra, pas plus que l’armée israélienne, ne devrait être soumise à des accusations dévastatrices.
Seul quelqu’un qui ne veut pas reconnaître le dévouement des employés de l’Unwra pour la société dans laquelle ils vivent, serait prêt à ternir l’organisation entière en l’accusant de « collaboration avec des terroristes ».
Il est évident que ni Hansen ni l’Unwra ne sont les cibles réelles de cette attaque diplomatique israélienne, mais plutôt les Nations-unies et toute autre institution qui ose dépasser les limites autorisées par le département d’état américain aux critiques de la politique israélienne.