Pour justifier les mesures israéliennes adoptées en représailles du vote pour la Palestine de l’Assemblée générale des Nations unies, le 29 novembre, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, s’est réfugié dimanche 2 décembre derrière la figure tutélaire de Yitzhak Rabin. Une caution travailliste susceptible de rallier tout le monde derrière le gouvernement que M. Nétanyahou avait pourtant combattu avec virulence après la signature des accords d’Oslo, en 1993, et jusqu’à la veille de son assassinat, en 1995 :
"The response to the attack on Zionism and the State of Israel must reinforce and underscore the implementation of the settlement plan in all areas in which the Government decides... regarding settlement."
L’ancien premier ministre avait prononcé ces mots à la suite du vote fameux d’une résolution (3379) de l’Assemblée générale des Nations unies selon laquelle le sionisme était "une forme de racisme". Dresser un parallèle entre ce texte et celui voté le 29 novembre est cependant un peu hasardeux. En premier lieu si on se réfère aux votes. Soutenue par le bloc arabe et le bloc soviétique, la résolution de 1975 (adoptée par 72 voix contre 35, avec 32 abstentions) avait été combattue par la quasi totalité des pays d’Europe de l’Ouest, qui avaient tous voté contre (à l’exception de Chypre), tout comme les Etats-Unis. Nulle unanimité, trente-sept ans plus tard, puisque les pays européens se sont partagés entre vote pour et abstention, à l’exception de la République tchèque. Rappelons que cette résolution a été annulée par un vote massif (résolution 4686, votée par 111 voix contre 25 et 13 abstentions) en 1991 par la même Assemblée générale.
Pour ce qui relève de la colonisation, il convient aussi de rappeler quelques données. En 1975, seules 17 colonies israéliennes avaient été érigées en Cisjordanie et à Gaza, alors qu’il en existe plus de 120 aujourd’hui. La population israélienne à l’est de la Ligne verte était estimé à plus de 10 000 personnes en 1972 – contre plus de 500 000 en 2011 – et ne menaçait donc pas encore le projet national palestinien, comme c’est le cas aujourd’hui.