Khaled Mechaal, le chef du Hamas en exil à Damas, vient de redire une nouvelle fois la position de son mouvement : il est pour un Etat palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale et l’application du « droit au retour ». Dans le même temps il refuse de reconnaître l’Etat Israël. Il admet aussi que certains points de la Charte du Hamas sont obsolètes.
Si on veut que la question du conflit israélo-palestinien, qui occupe une place nodale dans les relations internationales actuelles avec tout ce qu’il peut y avoir de dangers pour la paix mondiale aujourd’hui, se résolve sur la base du droit international, alors ces déclarations réitérées du Hamas doivent être dûment prises en compte.
Elles doivent surtout être suivies d’effet concret concernant deux dimensions essentielles : le retrait du Hamas de la liste des organisations terroristes et l’engagement résolu de pourparlers avec ce mouvement.
On peut ergoter à l’infini sur les mots car cette dernière déclaration implique une reconnaissance de facto de l’Etat d’Israël. C’est d’ailleurs aujourd’hui du côté du gouvernement israélien actuel que, ni de facto ni de manière formelle, on n’ accepte l’idée d’un Etat palestinien. Il est donc un premier point : la balle diplomatique est aujourd’hui principalement dans le camp israélien.
Pourtant, et la dernière visite à Paris et dans d’autres capitales européennes de Avigdor Lieberman, le ministre israélien des Affaires étrangères, en témoigne : on ne lui pose aucune conditionnalité, on s’émeut peu, encore moins on ne proteste, contre ses propos de campagne électorale marqués encore et toujours d’abjections vis-à-vis des Arabes, des Palestiniens en particulier. Dans ce cas, on fait de la « diplomatie »…. Du côté du Hamas il en va tout autrement, et c’est peu dire.
Et puis remontons dans le temps. Quand en 1993 ont été discutés et signés les Accords d’Oslo, avec une grande médiatisation de la rencontre Arafat-Rabin sur les pelouses de la « Maison Blanche » en présence de Bill Clinton, qui se souvient qu’alors l’OLP avait dans son programme pas moins que le refus de l’existence d’Israël [1]. Ce n’est que plus tard que cet « objectif » a été retiré de la Charte de ce mouvement pourtant déclaré « représentant légitime du peuple palestinien ».
Toute la question, et elle est majeure, est donc d’une autre nature. Elle est directement politique. Oui ou non les puissances occidentales, et avec elles Israël, veulent-elles la paix ?
C’est la seule question aujourd’hui. La seule.
Nous qui militons de longue date pour la paix, nous sommes fondés à poser solennellement ces questions et nous devons être plus déterminés que jamais, par nos propres actes et nos initiatives, à soutenir et à manifester cette double exigence concernant le Hamas. Et en même temps, nous ne pouvons admettre que les « conditionnalités » ne concernent jamais le gouvernement d’Israël. Nous ne pouvons admettre i l’impunité totale et inacceptable dont bénéficie cet Etat avec toutes les conséquences négatives qui en résultent.
Alors que s’est mis en place un « gouvernement de guerre » en Israël, comme le notait justement Bernard Ravenel, Président de l’AFPS, lors du rassemblement de protestation contre la réception à Paris du sinistre Lieberman, le clivage va s’accentuer sur ce point : pour la paix ou pour la guerre.
Nous sommes pour la paix et nous tirerons toutes les conséquences pratiques des temps actuels. Et nous posons et poserons la question à tous, car elle se pose à tous, car ce sont les actes qui disent le vrai : Qui a peur de la paix ?