Après notre jugement pour avoir apposé dans un magasin Champion des autocollants incitant au boycott des produits israéliens, nous avons comparu en appel le 7 octobre 2005 à 16 h. Une trentaine de militants et sympathisants de la cause palestinienne étaient là pour nous soutenir.
Lorsque nous fûmes appelés, après des droits communs ordinaires, le président nous offrit l’occasion d’expliquer pourquoi nous avions souhaité faire appel.
Nous expliquâmes tous deux que nous ne pouvions accepter la qualification de dégradation, même légère correspondant au jugement précédent, car nos professions respectives consistent à éduquer des enfants, et nous veillons à leur apprendre à ne rien dégrader ni détériorer. Être accusés ainsi sous ce terme nous choque donc profondément.
Nous avons rappelé que notre action devait être replacée dans son contexte. Nous étions tous les deux à Marseille en 2002 à l’appel d’une centaine d’organisations appelant au boycottage des produits israéliens pour une action pacifique pouvant contraindre l’occupant à la paix. Nous souhaitons aussi relayer l’appel de 174 organisations palestiniennes et israéliennes qui demandent de tout mettre en ouvre pour obtenir que notre gouvernement suspende les accords privilégiés avec l’État d’Israël tant que ce pays ne respectera pas le droit international, ne se conformera pas à l’arrêt de la Cour Internationale de Justice, et ignorera superbement les résolutions des Nations Unies.
Nos explications ont aussi mentionné :
que nous avions vu sur place les maisons rasées non par un tsunami, mais par la seule volonté du Gouvernement israélien ;
que le boycottage paraissait légal puisque Ariel Sharon l’avait demandé à l’encontre d’Air France après qu’un pilote de ligne ait dit au micro nous atterrissons en Israël/Palestine.
que les militants politiques que nous sommes ne veulent pas être accusés de non assistance à peuple et personnes en danger.
L’avocat général a ensuite pris la parole pour dire :
qu’il ne comprenait pas pourquoi nous étions en correctionnelle,
qu’il avait suivi cette affaire de près et qu’il serait de l’honneur de la justice de reconnaître :
qu’il y avait eu emballement,
que la justice avait été instrumentalisée,
que l’on n’avait pas le droit de sanctionner des militants pour leurs idées.
A la suite de quoi nos avocats ont remercié l’avocat général d’avoir bien compris la situation et nos motivations. Ils ont insisté sur notre historique militant ainsi que sur tous les préjudices que nous avons subis lors de la garde à vue, en les énumérants.
Le Procureur nous a enfin rappelés pour demander si nous n’avions rien à ajouter. Réponse de Sakina : La Palestine a besoin de droit et de justice.
Le verdict sera communiqué le 2 décembre.
Nos avocats pensent que la présence sur place d’un fort soutien pourra être très utile.
Sakina Arnaud et Philippe Destandau.