Ramallah - Ma’an – L’avocate du ministère des Prisonniers Hiba M’salha a rapporté quelques témoignages de prisonnières palestiniennes qu’elle a visité, victimes de tortures, de traitements inhumains et d’humiliations de tous genres dès leur arrestation et pendant leur détention en prison.
Elle a fait part aussi d’une lettre de 13 prisonnières détenues dans la prison israélienne de Hasharon appelant les organismes de droits humains locaux et internationaux à porter secours à la doyenne des prisonnières Lina Ahmed Jarbouni, condamnée à 17 ans et détenue depuis 2002, qui souffre d’œdèmes aux jambes depuis des années et surtout d’une inflammation aigue de la vésicule biliaire pour laquelle elle a été opérée début juin mais sans résultat puisque l’inflammation et les douleurs persistent, ce qui la fait souffrir et l’empêche de dormir.
Lors de cette visite des prisonnières ont déclaré à l’avocate avoir subi des traitements inhumains pendant l’arrestation et l’interrogatoire, elles témoignent :
Dunia Waked 36 ans, de Tulkarem, a été arrêtée le 25/05/2013, a indiqué qu’elle avait été torturée au centre d’interrogatoire de Petah Tikva après son arrestation, isolée dans une petite cellule sale et attachée sur une chaise au dossier courbé, les mains attachées au dos de la chaise.
Waked a raconté que son interrogatoire a duré pendant de longues heures, ce qui l’a amené à déclarer une grève de la faim pendant 6 jours mais les enquêteurs l’ont contrainte par la force à rompre sa grève et à manger, ce qui a l’a fait perdre connaissance. Transférée à l’infirmerie, il a été constaté que son taux de sucre est élevé dans le sang.
Elle a été empêchée de voir un avocat pendant 21 jours.
Tahrir Mansour, 30 ans, de Kafr Qalil dans le district de Naplouse, a été arrêtée le 05/12/2013, a raconté quelle a été arrêtée dans sa maison à une heure du matin et emmenée au camp de Hawara où elle a été humiliée et insultée par des soldats et gardée par des chiens.
Elle a dit que 8 soldats se sont rassemblés autour d’elle en chantant et en se moquant d’elle et en l’humiliant alors qu’elle était menottée.
Ensuite elle a été transférée à la prison d’Ashkelon où elle a subi un interrogatoire très dur pendant 18 jours, assise sur une chaise pieds et mains liés, elle n’a pas été autorisée à dormir, les geôliers se relayaient pour la brusquer et l’empêcher de dormir.
Elle a affirmé que l’un des soldats a tiré fortement sur ces liens et l’a traînée par terre de manière violente lui causant des blessures.
Affaiblie par la fatigue, et les mauvais traitements, la prisonnière Tahrir Mansour est prise d’étouffements, elle finit par s’évanouir, ce qui a conduit à son transfert à la clinique.
Elle a précisé que les enquêteurs ont utilisé contre elle toutes sortes de pressions et de cruautés pour l’affaiblir psychologiquement, ils ont même fait arrêter son frère arbitrairement pour la forcer à se rendre coupable. Elle a expliqué qu’elle a vu son frère menotté dans une des cellules ce qui l’a beaucoup affecté.
Elle a ajouté qu’il lui a été interdit de voir un avocat pendant toute la durée de l’enquête, qui a duré 16 jours.
Nawal Saadi, 54 ans, de Jénine , détenu depuis le 5/11/2012 , a indiqué que l’administration de la Prison de Hasharon l’a à plusieurs reprises fait transférée au camp de Salem à bord d’ « Albosta » pour une soi-disant audiences mais après des heures d’attente attachée et sans pouvoir bouger ils l’a ramènent au point de départ sans voir ni Cour de justice ni juges.
Elle a raconté qu’une fois ils l’ont sortie de prison à six heures du matin et quand elle est arrivée à la Cour de Salem elle a appris qu’il n’y avait pas d’audience. Ils l’ont emmenée ensuite à la prison de Jalama où elle est restée des heures à attendre puis changer de véhicule, repartir, attendre, et ainsi de suite jusqu’à la nuit sans eau ni nourriture et sans aller au toilettes.
Elle a souffert de ses liens serrés sur les mains et les pieds et d’une chaleur à bord de ces véhicules appelée « Albosta » au cours de voyages de la souffrance pour des tribunaux fantômes et d’inspections à nu, humiliantes avant chaque opération de transport.
Traduction : Moncef Chahed, Groupe de Travail Prisonniers