Photo : Les forces de police israéliennes - que l’on voit ici commettre un crime de guerre dans le camp de réfugiés de Shuafat - sont considérées comme un partenaire important par l’UE. Oren Ziv ActiveStills
Les partisans d’Israël, croyez-le ou non, ont raison sur une ou deux choses.
L’affirmation constante selon laquelle leur État bien-aimé chérit l’innovation contient une part de vérité. Quel autre oppresseur considère Facebook et Twitter comme des outils aussi essentiels pour alerter le monde sur sa brutalité ?
Le 8 octobre, les forces de police israéliennes ont effectivement admis qu’elles soumettaient les civils en masse.
Elles ont publié sur Internet des photos de leurs agents participant au bouclage du camp de réfugiés de Shuafat, près de Jérusalem.
Jerusalem district police forces, reinforced by special police units and the Israeli police helicopter, continue to operate in the Shuafat MP area and all over Jerusalem, searching for the terrorist who fled the shooting scene pic.twitter.com/xEeg4tSB8q
— Israel Police (@israelpolice) October 8, 2022
Israël a présenté l’étouffement de Shuafat comme une réponse au meurtre d’un soldat.
Les punitions collectives sont interdites par les Conventions de Genève et d’autres instruments du droit international. Chaque fois qu’il recourt à une punition collective, Israël commet un crime de guerre.
En évitant tout contrôle démocratique, l’Union européenne a construit une alliance officielle avec la police israélienne.
L’UE a même signé un accord sur l’approfondissement des liens avec la police israélienne en septembre - quelques semaines seulement avant que cette force ne se vante implicitement d’avoir commis un crime de guerre dans le camp de Shuafat.
Grâce à cet accord, Israël peut échanger des données personnelles sur les Palestiniens vivant sous occupation avec Europol, l’agence de police de l’UE.
Happy to conclude the negotiations between #Israel, #EU @Europol & @IL_police on the exchange of Personal #Data.
Marking another milestone in strengthening the #cooperation between 🇮🇱 & the #EU in combatting #crime & #terrorism, while safeguarding the right to privacy. 🇪🇺🤝🇮🇱 pic.twitter.com/ybrwBBCTIT
— Ambassador Haim Regev (@HaimRegev) September 14, 2022
L’accord a été conclu assez rapidement selon les normes européennes. Les négociations visant à le sceller ont débuté en novembre 2021.
À peu près au moment où les pourparlers se sont ouverts, Israël a envoyé une délégation de 30 diplomates de haut rang à Bruxelles.
"Coopération encore plus forte"
Parmi les nombreux fonctionnaires qu’ils ont rencontrés figure Laurent Muschel, du département de la migration et des affaires intérieures de la Commission européenne (l’exécutif de l’UE).
Une note d’information préparée pour les discussions de Muschel - obtenue en vertu des règles de la liberté d’information - indique qu’"Israël est un pays partenaire stratégique de l’UE en matière de coopération sécuritaire."
L’accord signé en septembre de cette année fait suite à un "arrangement de travail" de 2018 entre Israël et Europol.
La note d’information destinée à Muschel soutient qu’il devrait y avoir une "coopération encore plus forte" avec Israël.
Elle rappelle qu’Europol aide les autorités nationales des gouvernements de l’UE à identifier les "liens transfrontaliers" avec le crime organisé. La "contribution israélienne dans de tels cas continue d’être de la plus haute importance", ajoute-t-elle.
Depuis l’entrée en vigueur de l’arrangement de 2018, Israël a établi un bureau de liaison au siège d’Europol à La Haye. Ces mesures offrent un "potentiel considérable" pour "promouvoir la contribution opérationnelle", indique la note d’information.
L’arrangement de 2018 donne une liste de crimes sur lesquels Israël et Europol peuvent travailler ensemble. Il s’agit notamment du terrorisme et des crimes de guerre.
Il stipule également que les informations échangées entre les deux parties ne doivent pas être collectées en "violation évidente des droits de l’homme."
Une blague ?
Est-ce l’idée que quelqu’un se fait d’une blague ?
Les forces de police d’Israël - comme nous l’avons déjà noté - commettent activement des crimes de guerre, tout en servant un État qui qualifie de terrorisme toute forme de résistance à sa violence systématique.
Israël a systématiquement recours à la torture contre les Palestiniens dans le cadre de prétendues enquêtes sur le terrorisme, méthodes qui sont officiellement acceptées et appliquées en toute impunité.
Le fait que la police israélienne soit basée à Jérusalem-Est occupée devrait suffire à exclure toute relation avec elle.
Bien qu’elle s’oppose sur le papier à la colonisation de Jérusalem-Est par Israël, l’UE a adopté une force de police qui fait partie intégrante de cette colonisation.
Et que signifie "violation évidente des droits de l’Homme" dans ce contexte ? L’UE souhaite-t-elle sérieusement qu’Israël soit un peu plus subtil dans sa façon d’assujettir les Palestiniens ?
La police israélienne n’est pas le seul corps méprisable à bénéficier d’un massage métaphorique de la part des représentants de l’UE ces derniers temps.
L’ambassade de l’UE à Tel Aviv vient de s’associer - et ce n’est pas la première fois - avec le European Leadership Network, qui est peut-être l’entité au nom le plus trompeur de l’armée de lobbyistes professionnels d’Israël.
L’ambassade et le European Leadership Network ont récemment organisé une conférence pour des "diplomates, fonctionnaires et experts". Parmi les quelques détails publiés au sujet de l’événement, on peut noter qu’il a été question de l’agression de la Russie contre l’Ukraine.
Jointly with @elnetwork_eu's Forum of Strategic Dialogue, we are hosting today 30 experienced diplomats, officials and experts from Europe and Israel to discuss the importance of 🇪🇺-🇮🇱 relations, global and regional challenges, Abraham Accords and the 🇷🇺aggression against 🇺🇦 pic.twitter.com/0Fk57PSstA
— EU in Israel 🇪🇺🇮🇱 (@EUinIsrael) October 27, 2022
Il y a fort à parier que les participants étaient trop polis pour dénoncer l’agression d’Israël contre les Palestiniens. Des personnalités de haut rang du European Leadership Network ont collecté des fonds pour soutenir cette agression.
À un moment donné, le groupe a même compté Michael Herzog, aujourd’hui ambassadeur d’Israël aux États-Unis, parmi ses dirigeants. Il a joué un rôle important dans la planification d’un raid de bombardement sur Gaza en 2002, au cours duquel huit enfants ont été tués.
Ne vous attendez pas à ce que l’UE évite les boucheries d’enfants palestiniens. Après tout, Israël est un "partenaire stratégique".
Traduction : AFPS