Photo : Selon la radio de l’armée israélienne, le cabinet israélien décide d’occuper la région syrienne de Jabal Al-Sheikh (Mont Hermon) et d’établir une zone tampon, 8 décembre © Quds News Network
Après la chute de Bachar el-Assad, Israël a empiété sur le territoire de son voisin.
Depuis la fuite spectaculaire d’Al-Assad vers la Russie dimanche, Israël a attaqué la Syrie plus de 400 fois et, malgré les protestations des Nations unies, a lancé une incursion militaire dans la zone tampon qui sépare les deux pays depuis 1974.
Ces agressions ont eu lieu alors que le pays tente de s’affranchir de 53 ans de règne familial dynastique.
Au cours des derniers mois, Israël a attaqué son voisin le Liban et a continué à mener une guerre condamnée comme un génocide contre la population assiégée de Gaza.
Mais pourquoi Israël attaque-t-il maintenant la Syrie ? Voici tout ce qu’il faut savoir.
Pourquoi Israël attaque-t-il la Syrie ?
Depuis des années, Israël justifie ses attaques contre la Syrie en affirmant qu’il élimine des cibles militaires iraniennes. Or, l’Iran a déclaré qu’aucune de ses forces ne se trouvait actuellement en Syrie.
Aujourd’hui, Israël affirme qu’il se concentre sur la destruction des infrastructures militaires syriennes.
Israël affirme qu’il tente d’empêcher les armes de tomber entre les mains des « extrémistes », une définition qu’il a appliquée à une liste tournante d’acteurs, plus récemment Hayat Tahrir al-Sham (HTS), le principal groupe d’opposition syrien qui a mené l’opération de renversement d’Al-Assad.
Qu’est-ce qui a été touché ?
Israël affirme avoir ciblé des installations militaires, notamment des entrepôts d’armes, des dépôts de munitions, des aéroports, des bases navales et des centres de recherche.
Israël a également déployé des unités militaires dans la zone tampon située le long du plateau du Golan, qui sépare la Syrie d’Israël. Cette zone a été officiellement désignée comme zone démilitarisée dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu conclu en 1974 sous l’égide des Nations unies.
Israël occupe environ les deux tiers du plateau du Golan, la zone tampon administrée par les Nations unies s’étendant sur une zone étroite de 400 kilomètres carrés. Le reste est contrôlé par la Syrie.
Les forces de sécurité syriennes ont également signalé l’avancée de chars israéliens depuis le plateau du Golan jusqu’à Qatana, à 10 km en territoire syrien et à proximité de la capitale.
Des sources militaires israéliennes ont démenti une telle incursion.
En plus de la centaine de frappes sur la capitale, Israël a mené des attaques à Al Mayadin dans l’est, à Tartous et Masyaf dans le nord-ouest, au point de passage de Qusayr avec le Liban et à l’aéroport militaire de Khalkhalah dans le sud.
Comment Israël justifie-t-il cette nouvelle attaque contre une nation souveraine ?
Qu’il agit pour sa défense.
Benjamin Netanyahu a déclaré lundi à la presse que l’ancien territoire syrien du plateau du Golan, classé zone démilitarisée depuis 1974, ferait partie d’Israël « pour l’éternité ».
Le ministre israélien des affaires étrangères, Gideon Sa’ar, a défendu les frappes israéliennes depuis dimanche, affirmant que l’intention d’Israël était uniquement de cibler des sites soupçonnés de contenir des armes chimiques et des sites de roquettes à longue portée, afin d’empêcher que des groupes armés opposés aux offensives israéliennes en cours chez ses voisins ne s’en emparent.
Lors d’une conférence de presse à l’intention des médias étrangers, M. Saar a déclaré qu’Israël agissait « par précaution ».
« C’est pourquoi nous avons attaqué des systèmes d’armes stratégiques, comme, par exemple, des armes chimiques restantes, ou des missiles et des roquettes à longue portée, afin qu’ils ne tombent pas entre les mains d’extrémistes », a-t-il déclaré.
Qu’attend Israël de la Syrie ?
Ce n’est pas encore clair.
Le gouvernement n’a fait aucune déclaration autre qu’« agir dans l’intérêt de la défense d’Israël » qui pourrait indiquer son intention.
Toutefois, certaines personnalités israéliennes de premier plan ont exprimé leur point de vue sur la suite des événements.
Benny Gantz, chef du parti de l’Unité nationale et opposant de M. Netanyahou, a déclaré à la presse lundi qu’il s’agissait d’une « occasion historique » pour Israël. Il a appelé les décideurs politiques à « développer nos relations avec les Druzes, les Kurdes et d’autres groupes en Syrie », suggérant qu’Israël pourrait être en mesure de développer des relations avec des groupes qui se sont traditionnellement opposés à la coalition de l’opposition armée qui a déposé al-Assad.
Le même jour, le Times of Israel a interviewé un chercheur et ancien membre de l’armée israélienne, qui a poussé la suggestion de M. Gantz encore plus loin, en suggérant que la Syrie pourrait être divisée en une série de cantons, chacun étant libre de coopérer avec des acteurs extérieurs, y compris Israël.
« L’État-nation moderne au Moyen-Orient a échoué », a déclaré l’ancien colonel Anan Wahabi, qui s’est identifié comme un membre de la minorité druze.
Traduction : AFPS