L’annonce par le département d’État américain qu’il est impossible de déterminer de manière concluante quelle arme a tiré la balle qui a tué la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh a mis en évidence une chose que les Palestiniens ont toujours su : chaque fois que les États-Unis doivent trancher entre une position israélienne et une position palestinienne, Israël a toujours un net avantage.
Même la déclaration américaine selon laquelle la balle a probablement été tirée par un soldat israélien est considérée comme une déclaration de pure forme, les Israéliens n’étant pas du tout tenus pour responsables. Cette position est considérée comme la méthode classique des Américains pour gérer le conflit : une acceptation très partielle de la position palestinienne, sans aucun engagement à prendre des mesures qui pourraient changer la politique ou exercer une réelle pression sur Israël - ou, dans le cas d’Abu Akleh, traduire les responsables en justice.
Ces dernières semaines, Washington a fait pression sur l’Autorité palestinienne pour qu’elle lui remette la balle, alors que des membres démocrates du Congrès demandent une enquête sur l’incident. L’idée était de parvenir à un point final, ou du moins à un point médian, qui pourrait faire disparaître la question des gros titres avant la visite du président Joe Biden à Bethléem dans une semaine et demie.
Mais l’annonce a produit le contraire : Même si la journaliste chevronnée Shireen Abu Akleh ne couvrira pas la visite de Biden dans la région, sa présence sera ressentie bien au-delà de celle de tout autre reporter.
Outre l’administration américaine, l’Autorité Palestinienne a également reçu une gifle retentissante lundi. Le président palestinien Mahmoud Abbas et le reste des dirigeants de l’AP considèrent que la position américaine brouille les faits et évite de faire porter la responsabilité à Israël. Mais leur remise de la balle est perçue par les Palestiniens comme une nouvelle capitulation devant les diktats américains et israéliens, et une naïveté de croire que Washington rendrait justice à Shireen et à sa famille.
L’embarras des dirigeants palestiniens a commencé avant même que l’administration ne publie sa déclaration. Samedi, l’annonce par l’unité du porte-parole des Forces de défense israéliennes que les FDI examinaient la balle n’a certainement pas rendu les dirigeants de l’AP sympathiques au peuple. Ces dirigeants, après tout, avaient déclaré à plusieurs reprises qu’il n’y aurait aucune coopération avec Israël sur cette question.
Si les résultats de l’enquête avaient correspondu aux demandes des Palestiniens, les choses auraient été complètement différentes, mais l’annonce des FDI suivie de celle des Américains n’a fait qu’éroder la confiance dans l’AP et ses dirigeants - non seulement parmi le public palestinien, mais aussi parmi les proches d’Abu Akleh. Ils ne voulaient pas que la balle soit remise, insistant sur le fait que seule la Cour pénale internationale de La Haye pourrait enquêter.
Traduction et mise en page : AFPS / DD
Photo : Des personnes allumant des bougies à Bethléem en mai en mémoire de la journaliste Shireen Abu Akleh, qui a été tuée durant un raid israélien.