Google est sous le feu des critiques pour avoir exercé des "représailles injustes" à l’encontre d’une employée qui s’opposait à son contrat avec l’armée israélienne. Plus de 500 membres de son personnel se sont ralliés à une collègue qui affirme être poussée à quitter son emploi en raison de son activisme anti-israélien.
Selon le Los Angeles Times, les travailleurs ont signé une pétition accusant la direction de Google de "représailles injustes" à l’encontre d’Ariel Koren, responsable du marketing produit pour l’éducation chez Google.
Koren est l’un des deux employés juifs de Google qui ont joué un rôle clé dans une pétition des travailleurs demandant à l’entreprise d’annuler un contrat conjoint pour construire des centres de données en cloud pour le compte du gouvernement israélien.
Le contrat massif de 1,2 milliard de dollars connu sous le nom de projet Nimbus est l’un des plus grands projets d’infrastructure technologique d’Israël. Le contrat a été signé avec l’armée israélienne en mai dernier à l’issue d’un appel d’offres dans lequel elle a devancé d’autres géants comme Microsoft. Google et Amazon doivent fournir des technologies de services en cloud à Tel Aviv et à ses forces armées.
En octobre, des centaines d’employés anonymes de ces entreprises, qui se décrivaient comme des "employés de conscience issus de divers milieux", ont condamné le programme dans une lettre ouverte adressée au Guardian.
La lettre ouverte affirme que l’accord viole les "valeurs fondamentales" des signataires en favorisant la surveillance des Palestiniens et en encourageant l’expansion des colonies juives. "La technologie que nous construisons doit servir et élever les gens partout dans le monde", déclarent les employés dans la lettre. "Nous sommes moralement obligés de dénoncer les violations de ces valeurs fondamentales".
"Pour moi, en tant qu’employé juif de Google, je ressens un sentiment profond de responsabilité morale intense", aurait déclaré Koren dans le Times of Israël après la publication de la lettre ouverte. "Lorsque vous travaillez dans une entreprise, vous avez le droit de rendre des comptes et d’être responsable de la façon dont votre travail est effectivement utilisé."
Le LA Times a rapporté que peu après que Koren ait aidé à rédiger la lettre parmi les travailleurs de Google et d’Amazon, son patron lui a suggéré de déménager au Brésil ou de perdre son poste. Mme Koren affirme qu’elle a fait l’objet d’une surveillance accrue depuis qu’elle a fait part de ses préoccupations concernant le projet Nimbus. "C’était tellement étrange. Tout cela était complètement fou", a déclaré Mme Koren au LA Times en parlant de son transfert à Sao Paulo.
Bien que Google ait nié ces allégations, Mme Koren a affirmé que la justification de la délocalisation du poste était "clairement conçue" pour l’écarter de l’équipe. Elle a accusé la société d’exercer des représailles à son encontre en raison de son militantisme contre le projet Nimbus.
Mme Koren reste employée par Google. Sa plainte fait l’objet d’une enquête par la commission du travail de San Francisco.
Il a été souligné que le soutien apporté à Mme Koren met en évidence les tensions persistantes entre les employés de Google, qui s’expriment de plus en plus ouvertement, et la direction de l’entreprise, qui s’interroge sur la manière dont la technologie de l’entreprise est utilisée. Il alimente également l’opinion d’une cohorte croissante de Googlers selon laquelle la culture autrefois transparente de l’entreprise cède la place à un environnement étroitement contrôlé qui punit l’activisme des travailleurs.
Traduction : AFPS