Des pressions orchestrées par des éléments extérieurs à la commune, ont amené des interventions qui ont conduit le préfet de Seine St Denis, par un courrier en date du 15 juin au maire de Pierrefitte, à demander à ce dernier d’annuler la décision du Conseil municipal aux motifs suivants :
- Cette nomination « constitue un vœu politique et prend position dans un conflit étranger, en faveur de l’une des parties en cause, en violation de la loi. »
- « elle porte désignation au rang de citoyen d’honneur d’une personne qui par son action, et par les condamnations dont elle a fait l’objet, donne lieu à controverse et à de vives polémiques locales, susceptibles de susciter des troubles à l’ordre public... »
Enfin le préfet estime, « compte tenu du nombre de protestations véhémentes » reçues, que la commune a « commis une erreur manifeste d’appréciation », et demande au maire de « procéder au retrait de la délibération du 24 mai 2007 ».
Par ce courrier, le préfet, représentant de l’Etat, dans le but de garantir la légalité des actes municipaux et de veiller au maintien de l’ordre public, cède en fait à l’intervention d’un groupe de pression qui relaie une politique d’un Etat étranger de nombreuses fois condamnée par le droit international et les instances internationales.
En effet, le conseil municipal de Pierrefitte veut honorer par sa décision un homme dont l’engagement et l’action justifient pleinement la nomination qu’il lui a décernée.
Marwan Barghouti, résistant palestinien, notamment dirigeant de la première Intifada non violente, secrétaire général du Fatah en Cisjordanie, est un élu du peuple palestinien, membre du Conseil législatif, le parlement palestinien issu des accords d’Oslo. Il est l’un des dirigeants palestiniens les plus respectés par le peuple palestinien pour son engagement, sa générosité, son honnêteté politique, intellectuelle, personnelle. Il a par ailleurs toujours prôné la résolution politique du conflit israélo-palestinien sur la base du droit international et a condamné les attentats en Israël.
Il est à l’initiative de ce que l’on a appelé le « document des prisonniers » qui appelle son peuple à l’unité nationale comme à la négociation avec Israël. Dès son élection au Conseil législatif palestinien, il s’était rendu à la Knesset pour promouvoir un groupe d’amitié parlementaire israélo-palestinien. De même était-il président d’un groupe parlementaire d’amitié franco-palestinien.
A l’instar de Nelson Mandela auquel il a souvent été comparé, il jouit d’une réelle autorité politique et morale auprès des Palestiniens.
Malgré cela - et probablement en raison de cela - il a été enlevé en avril 2002 par l’armée israélienne, à Ramallah en territoire palestinien, au mépris des accords signés à Oslo par cet Etat et en violation de la quatrième Convention de Genève.
Le procès dont il a été l’objet est une parodie de justice puisque Marwan Barghouti, pour des raisons juridiquement fondées, ne reconnaît pas à Israël le droit de le juger et qu’il refuse en conséquence de se défendre des accusations portées contre lui. C’est à l’issue de ce procès illégal qu’il a été condamné à cinq fois la peine de prison à vie sur la base d’accusations inconsistantes.
Les organisations internationales de défense des droits humains qualifient sa détention d’illégale au regard des normes les plus communément admises du droit.
Ainsi, ce n’est pas la décision de la municipalité de Pierrefitte, en honorant cet homme, qui « prend position dans un conflit étranger », mais c’est la mise en cause de cette décision qui prend partie dans un conflit en s’alignant sur la position d’un pays qui agit illégalement.
Cette prise de position politique est renforcée par le deuxième argument de la demande préfectorale qui semble valider « les condamnations dont il a fait l’objet » alors que ces condamnations sont issues d’un procès illégal au regard de toutes les normes juridiques admises. En pratique l’interprétation préfectorale de la délibération municipale de Pierrefitte, en suivant des allégations mensongères, cautionne une décision de justice israélienne illégitime à l’encontre d’un élu légitime du parlement palestinien, élu dont la plupart des analystes informés reconnaissent l’importance pour la résolution du conflit.
C’est cette instrumentalisation politique d’un acte municipal qui pourrait bien être, par contre, de nature à susciter des troubles à l’ordre public. La municipalité de Pierrefitte, en maintenant sa décision, refuserait d’entrer dans cette logique.
L’Association France Palestine Solidarité tient à saluer la municipalité de Pierrefitte pour sa décision malgré les pressions. Elle souhaite que d’autres municipalités suivent cet exemple en rendant hommage au résistant et à l’homme de dialogue et de paix qu’est Marwan Barghouti.
Elle demande au Préfet de Seine Saint-Denis de respecter le principe de libre administration des communes, de ne pas prendre parti en faveur d’un Etat plusieurs fois condamné par l’Onu et la Cour de justice internationale et de réexaminer, en conséquence, son interprétation de la décision municipale de Pierrefitte d’honorer un homme, décision qui ne représente aucun danger pour l’ordre public, sauf à être instrumentalisée par des groupes fauteurs de troubles.