Depuis le début de la crise du coronavirus, les colons israéliens redoublent de violence envers les Palestiniens, avec le soutien total de l’état. Les attaques ont augmenté malgré les mesures de restriction, de confinement et de distanciation sociale prises pour contrer la propagation de la maladie.
Pendant les trois premières semaines du mois d’avril, B’Tselem a documenté 23 attaques de colons contre des Palestiniens. Au mois de mars, 23 incidents avaient été répertoriés, dont 11 perpétrés après les premières restrictions de mouvement et de rassemblement pris à la mi-mars. En comparaison, 11 attaques avaient été enregistrées en janvier 2020 et 11 en février de cette même année.
Au cours de ces incidents violents, les colons, certains d’entre eux armés, attaquent physiquement des Palestiniens à l’aide de crosses, de hâches, d’armes électriques, de pierres et de chiens d’attaque qui, dans certains cas, infligent de graves blessures. Les colons s’en prennent aussi aux maisons, incendient des voitures, détruisent les cultures, arrachent les oliviers et volent des stocks de nourriture.
Ces incidents ont lieu en Cisjordanie, autour de plusieurs épicentres :
- la zone autour de l’avant-poste, récemment agrandi, de Havat Ma’on dansles collines du sud de Hébron
- la zone autour de la colonie de Shilo et des avant-postes qui en dépendent, avec les villages de Mughayir, Turmusaya, Qaryut et Qusrah
- et la zone autour de la colonie de Halamish, où un nouvel avant-poste vient d’être installé.
Les colons s’en prennent aussi presque tous les jours aux bergers de la Vallée du Jourdain, autour des colonies de Rimonim et de Kochav Hashahar, et dans les collines du sud de Hébron. Ils s’en prennent aux bêtes dans les champs cultivés presque chaque jour dans cette région. Ce vandalisme routinier n’est pas pris en compte dans les données citées ci-dessus.
Le 13 avril, un incident a largement été répercuté par les médias israéliens : un groupe de colons placés en isolement par les autorités près du lieu de randonnée de Metzoke Dragot, au nord de la Mer Morte, a attaqué des Palestiniens venus camper et incendié leurs voitures.
Pourtant, ce n’était qu’un des huit attaques physiques qui ont eu lieu dans les premières semaines d’avril. Ce qui s’est passé le 16 avril est partciulièrement sérieux : les frères Issa et Musa Qatash du camp de al-Jalazun ont été attaqués par des colons alors qu’ils se promenaient sur le terrain de leur famille. Ils ont été battus si sévèrement qu’ils ont dû recevoir des soins médicaux. Issa Qatash a été le plus longuement battu, ce qui lui a valu la fracture d’un os de la jambe et de deux dents. Les colons ont également craché sur Qatash, ce qui l’a obligé à s’isoler dans un établissement de l’Autorité palestinienne par crainte d’une infection au coronavirus, l’éloignant de sa famille pendant plusieurs jours après l’événement traumatisant. Il a été libéré le 22 avril et s’isole maintenant chez lui.