La fin de la période de deuil de 40 jours pour le défunt président Yasser Arafat a été marquée par des cérémonies en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza le 21 décembre alors même que les troupes israéliennes préparaient leur deuxième incursion d ‘envergure en une semaine à Khan Younis et que le Premier Ministre britannique Tony Blair arrivait en ville.
A Ramallah au cours d’une cérémonie marquant la fin du deuil, du président défunt.
« Nous sommes déterminés a dit Abbas à une foule de dignitaires locaux et étrangersà établir notre état indépendant avec Jérusalem comme capitale et à trouver une solution juste au problème des réfugiés, qui est le cœur de la cause palestinienne, en application de la résolution 194 des Nations- unies. »
Le message a été repris par plusieurs orateurs à différentes reprises dont le président par intérim, Rawhi Fatouh, le Premier Ministre Ahmed Qorei et Nasser Qidwa, le représentant de l’OLP aux Nations- unies. Se sont aussi exprimés le Mufti de Jérusalem, le sheikh Ikrama Sabri, qui a vivement engagé la direction palestinienne à ne pas négliger les institutions palestiniennes de Jérusalem, et le Patriarche catholique romain, Michel Sabagh, qui a fait son discours au nom des églises catholiques et a déploré de ce qui serait « un triste Noël en Terre Sainte ».
Développant son message plus tard le 21 décembre dans son habituel message de Noël, Sabagh s’est focalisé sur Bethléem, qu’il a décrit comme « une grande prison ». Il a ajouté que « le mur ne protègera pas Israël et ne constituera pas une frontière sûre...le mur augmentera la haine et l’ignorance de l’autre ». Il a félicité la direction palestinienne intérimaire du calme qui prévaut et il a fermement invité Israël à mettre fin aux incursions dans les zones palestiniennes.
Ce message n’a pas été suivi d’effet. Tôt le 22 décembre l’armée israélienne a ré-envahi Khan Younes trois jours seulement après qu’une incursion semblable, de grande envergure, a fait 11 morts et 55 blessés dans le même lieu. Selon les habitants les bulldozers de l’armée israélienne ont déjà démoli un certain nombre de maisons près de la colonie juive de Neve Dekalim et au moins un Palestinien, Mohamad Al Majali, 22 ans, a été tué.
L’armée israélienne dit que l’attaque est une réponse à des tirs de mortiers sur les colonies israéliennes dans la Bande de Gaza, colonies qui doivent être évacuées si le premier Ministre israélien Sharon maintient son plan de désengagement. Le 20 décembre il a reçu le soutien à son plan quand le parti Travailliste israélien a accepté, après de longues négociations, d’entrer dans un gouvernement de coalition avec le Likud de Sharon. Cette coalition est perçue comme indispensable pour obtenir l’aval parlementaire au retrait de Gaza qui doit faire face à des attaques farouches des groupes de colons.
Le 19 décembre le conseil Yesha qui représente les colonies de Cisjordanie et de Gaza à incité ses supporters à se lancer dans la « désobéissance civile non-violente » pour tenter de faire échouer l’évacuation des colonies de gaza. La public doit « refuser massivement le transfert et être prêt à en payer le prix par la prison » a déclaré le président du conseil, Pinhas Wallerstein. Cet appel a amené plusieurs hauts responsables israéliens de la sécurité à se demander s’ils pourront mener à bien les évacuations. Le 20 décembre l’inspecteur général de la police israélienne Moshe Karadi a mis en garde contre des complications si l’opinion publique devait s’opposer à l’évacuation du Gush Katif. [1]
« Ce que chacun de nous pense du désengagement ou de l’évacuation n’a pas d’importance. Ce n’est pas le problème. Le fait qu’un état ou un gouvernement prenne une décision et soit incapable de la mettre en application est dangereux pour notre existence même en tant qu’état d’Israël et pour tout pays démocratique ».
Mais les colons ne sont pas les seuls à s’opposer au plan. Le président de la Banque mondiale James Wolfensohn le 20 décembre a mis en garde que se retirer simplement de Gaza était « insuffisant » s’il n’amène pas aussi l’espoir d’un avenir meilleur aux Palestiniens. Wolfenshon est particulièrement préoccupé par le fait qu’un retrait israélien qui ne permettrait pas à l’économie de se développer, avec tout ce que cela comporte en terme de déplacement de biens et de personnes, portera son propre échec. Il s’oppose aussi à l’intention israélienne de se désengager économiquement.
« Vous savez, les jeunes Palestiniens sont comme les jeunes Israéliens »a dit Wolfensohn à Haaretz,« ils veulent avoir des perspectives, un avenir, et la plupart d’entre eux veulent la paix. Ce qu’il faut donc faire c’est créer en Cisjordanie et à Gaza une atmosphère où ils peuvent espérer la paix ».
La direction palestinienne est aussi opposée au plan de Sharon, parce qu’il ne s’insère pas dans un accord avec l’Autorité Palestinienne ou dans le contexte général de négociations de paix. Cependant, dans une conférence de presse à Amman Mahmoud Abbas a dit aux journalistes que si cela se produit, « il faudra accepter le retrait quel qu’en soit la forme. Quand les Israéliens quittent toute maison ou terre palestinienne, il est de notre devoir de leur dire « adieu ». » Il a réaffirmé que le retrait de Gaza devrait faire partie de la Feuille de Route, mais en tout cas « nous assumerons nos responsabilités » pour les terres évacuées.[...]
Pendant ce temps Sharon a rappelé qu’il avait reçu l’autorisation de l’administration Bush de conserver les grands blocs de colonies en Cisjordanie et un engagement qu’il n’y aura pas de droit au retour pour les Palestiniens.