Court, incisif, féroce même. Tel est le dernier pamphlet que vient de publier Michel Warchawski. L’infatigable militant d’une paix juste entre Israéliens et Palestiniens ne baisse pas les bras. Il constate le désastre actuel, l’accélération de la colonisation, le mur qui ronge un futur État palestinien de plus en plus improbable. Mais il affirme en conclusion qu’il n’y a rien là d’irréversible et cherche dans l’histoire des raisons d’espérer.
Pourtant, tout le livre n’est qu’accumulation de désastres.
Il décrit dès l’introduction ce qu’il appelle la « Reconquista » : entreprise de destruction généralisée des droits acquis par les peuples au XXe siècle, menée par ces mêmes néoconservateurs qui ont « programmé le désastre palestinien » parce que la Palestine reste le lieu emblématique de la lutte anti-impérialiste. Ce désastre-là, explique-t-il, n’est qu’une étape vers celui, prévisible, du projet sioniste lui-même, d’un Israël rongé par sa propre violence et ses peurs. Et pour montrer qu’il n’est pas seul à le dire, il cite le livre à paraître d’Abraham Burg, ancien président de la Knesset et sioniste historique, l’un des hommes les plus respectés d’Israël. Ce livre, Vaincre Hitler, il voulait l’intituler Hitler a vaincu, c’est tout dire. « Israël est devenu une société effrayante », dit Abraham Burg qui vient de se résoudre à quitter son pays. Tout le monde en prend pour son grade avec Warchawski. Il a la dent dure pour les travaillistes, pour « La Paix maintenant », accusée d’être rentrée dans le rang en 2000, après avoir avalé les mensonges et la forfaiture d’Ehud Barak à Camp David. Il n’est pas tendre non plus pour l’OLP et impitoyable pour Mahmoud Abbas, choisi selon lui par Israël et les États-Unis pour sa mollesse et son insignifiance. En revanche, l’auteur ne tarit pas d’éloges à l’égard du Hamas. Il va même jusqu’à absoudre le mouvement islamique de toute responsabilité dans la situation de quasi-guerre civile qui prévaut à Gaza et en Cisjordanie. Un point de vue parfaitement partial, bien dans la manière d’un intellectuel qui continue de cultiver l’art du contre-courant et de jouer les poils à gratter de la gauche israélienne.
F. G.-R.