Ce n’est, au mieux, que le début d’un processus, et nul ne se fait d’illusions sur la possibilité de régler rapidement le plus vieux conflit du Proche-Orient. La réunion internationale, qui s’ouvre vendredi 3 juin à Paris à l’initiative de la diplomatie française, veut créer les « conditions favorables » pour une reprise des discussions directes, aujourd’hui au point mort, entre Israéliens et Palestiniens.
Dans cette première étape, les parties en conflit ne sont pas invitées et c’est toute l’originalité d’une démarche à première vue paradoxale. Elle se veut avant tout pragmatique, tirant les leçons des échecs des dernières tentatives américaines, celle de George Mitchell en 2011, et la dernière en date, celle de John Kerry en 2014.
« Personne n’imagine que l’on peut arriver à une solution du conflit et à la paix à la place des Israéliens et des Palestiniens, mais nous voulons créer un environnement propice à une reprise des négociations », explique un haut diplomate français.
Déclaration commune
L’initiative avait été lancée, peu avant son départ du Quai d’Orsay, par Laurent Fabius. Pierre Vimont, ancien ambassadeur de France à Washington et ex-numéro deux de la diplomatie européenne, a été chargé de mettre sur pied cette réunion qui suscitait, au début, un scepticisme général.
Vingt-huit pays et organisations internationales seront présents au niveau ministériel ou de secrétaire général : les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) – même si le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, sera absent –, les représentants des principaux pays de l’Union européenne (UE) et ceux de nombre de pays de la Ligue arabe, notamment l’Egypte et l’Arabie saoudite. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, sera aussi présent, ainsi que la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.
A l’issue d’une matinée de travail ouverte par le président de la République, François Hollande, les participants devraient rappeler dans une déclaration commune les grands principes d’un règlement du conflit.
« Nous n’allons pas réinventer la roue et il n’y a pas d’autre solution que celle de deux Etats », rappelle-t-on à Paris. Ce texte devrait, pour une bonne part, reprendre l’esprit de l’initiative arabe de 2002 pour une paix globale, prévoyant notamment la reconnaissance d’Israël par tous les pays de la Ligue arabe.
Une intrusion dans la chasse gardée des Etats-Unis
Le plus dur commencera après. Il s’agira de mettre sur pied une conférence internationale à l’automne, avec cette fois les Israéliens et les Palestiniens. « Même si ce processus a peu de chances d’aboutir, notamment à cause du refus de toute concession par la droite et l’extrême droite israélienne au pouvoir, il est encourageant qu’un pays comme la France ne baisse pas les bras », relève l’ancien ministre des affaires étrangères, Hubert Védrine.
Les obstacles demeurent nombreux. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a rappelé au ministre français des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, comme au premier ministre, Manuel Valls, lors de la visite de ce dernier en Israël fin mai, son opposition à une approche multilatérale.
Il lui préfère des négociations directes, dans lesquelles il est en position de force. Mais il affirme désormais son « intérêt » pour l’initiative arabe de 2002. L’autre grande inconnue est le degré d’implication de l’administration Obama et d’une diplomatie américaine pour le moins réservée quant à cette intrusion dans un dossier jusque-là de son seul ressort.
Mais déjà, le grand mérite de l’initiative française est de remettre sur le devant de la scène un dossier passé désormais au second plan dans le grand chaos moyen-oriental.